Chapitre XXV

202 19 0
                                    


A Lavily, les Ronoriens avaient une réunion de la plus haute importance. Après la déroute d'Orchida, ils savaient que s'en prendre à la famille impériale de façon directe n'était pas une bonne solution. Il fallait être subtile ou du moins l'être au début avant d'attaquer de front les forces impériales et mettre fin au règne injustifié de Vladimir. Chez Charles Ronor, dans la salle à manger, dix Ronoriens étaient présents prêts à débattre sur ce sujet. Ils criaient presque tous les uns sur les autres lorsque Lana revint chez elle après sa conversation avec Cyril. Son père essayait de calmer les ardeurs de ses partisans en faisant preuve d'une autorité mesurée. En effet il ne devait pas être castrateur mais il devait garder le contrôle de la situation quoi qu'il arrive. L'ambiance était moite, une mauvaise odeur émanait de la salle où se trouvaient les Ronoriens. Il n'y avait pas assez de chaise pour tous, certains restaient debout, d'autres s'asseyaient à même la table. Charles debout face à eux et dos à l'imposante cheminée noircie par le temps disait à un camarade :

-Je ne vois pas comment on peut s'y prendre. Les forces Impériales sont aux aguets à cause de ce Prince.

Un débat, virulent, débuta. Chacun y allant de sa petite idée pour planter un couteau dans le cœur noir de Vladimir :

-Cela suffit ! S'écria Charles. Arrêtez donc de lancer des phrases sanglantes à l'encontre des Moscov, cela ne sert à rien. Il faut réfléchir à un moyen d'agir.

-Cela fait des années que l'on réfléchit ! Hurla un Ronorien. Agissons ! Agissons !

-Alors proposez un plan concret pas des illusions ! Répliqua Ronor.

Plus personne ne dit un mot. Tous se lancèrent des regards interrogateurs :

-Il faut attendre qu'il y ait un conflit extérieur.

Simultanément les Ronoriens se tournèrent vers la personne qui venait de prononcer cette phrase. Lana resta droite, assise sur un bout de table, les jambes battantes. Son père lui demanda de s'expliquer :

-C'est simple, dit-elle, si les forces sont concentrées sur les différents fronts, alors la capitale sera démunie, très peu protégée...

-Certes, mais il faudra attendre tellement longtemps pour une guerre et comment être prêt à temps ? Demanda Charles à l'assemblée.

-Je refuse d'attendre une guerre. Dit Markus, le serveur d'Orchida qui avait fui lui-aussi. Envoyer des Alléniens sur le front, telle de la chair à canon.

-Il faut bien des sacrifices. Tempéra Charles. Des morts un temps, pour une paix durable.

La déclaration de Lana faisait son chemin dans les bouches et oreilles attentives des Ronoriens. Elle était fière d'elle. Attendre un conflit extérieur était la meilleure solution pour avoir le temps de comprendre sa relation avec Cyril. Elle avait besoin de temps afin de savoir ce qu'elle voulait vraiment de sa part. Elle était perplexe. Brusquement son père vociféra à l'assemblée agitée :

-Bon ! On est d'accord il nous faut une taupe ! Pour savoir quand un conflit éclatera. Qui a un ami dans l'armée ou aux différents ministères ?

Personne ne répondit, baissant les yeux, souhaitant éviter la question. Ce fut Markus qui expliqua :

-C'est trop dangereux. Si on connait une personne qui travaille pour le pouvoir, nous ne voulons pas la mettre en danger.

-Mais c'est notre lutte que vous mettez en péril. Dit Charles choqué. Notre lutte.

Encore une fois personne ne dit un mot :

-J'ai une possibilité. Dit Lana à demi-mots. Une personne qui pourrait peut-être nous aider, mais je dois la convaincre. Et pour cela je dois me rendre à Rebourg.

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant