Chapitre XXIII

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Comme promis, Hermann et Cyril se levèrent aux aurores et ils allèrent vers le centre social de Charles Ronor. Evidemment Cyril espérait y voir Lana, et Hermann y passer le moins de temps possible. Le principe de ce centre était simple, c'était une distribution de nourriture aux personnes les plus démunis. Ils arrivèrent au moment des livraisons et furent employés à la décharge des cartons de nourriture. Cela dura presque trois heures. Hermann ne disait mot durant ce travail. Au fond il avait honte que sa mère ait forcée le Prince à faire cela avec lui. Il évitait son regard. Le Prince ne devait pas faire ce genre de tâche. Ce qu'Hermann ignorait c'était que Cyril prit un plaisir fou à travailler. Pour la première fois de sa vie, il se sentit utile, il aidait, il se sentait humain. Le travail fait, Hermann décida de partir :

-On en a assez fait.

-Tu plaisante ! S'écria Cyril heureux. C'est fou comme je me sens bien. Je n'avais jamais fait cela de toute ma vie.

-Allons boire un verre. Je connais un endroit très sympathique.

Cyril et Hermann laissèrent les autres bénévoles prendre le relais. L'action de Charles Ronor était admirée par tous. Cyril en prit bonne note. Il manquait cruellement d'association caritative en Allénie. Le bar où aimait aller Hermann était dans une impasse. Il y avait foule devant et dedans. C'était un refuge pour les jeunes de la ville. Certains demandèrent à Hermann qui était son nouvel ami :

-C'est mon supérieur à Rebourg. Se content-t-il de répondre.

Ainsi les autres le traitèrent en conséquence. Le bar était chaleureux, essentiellement composé de tables à quatre places autour d'un grand comptoir carré où opéraient deux serveurs assez jeunes eux-aussi. Hermann chercha une place libre des yeux, il ne regardait qu'à gauche de l'entrée :

-Regarde. Il y a une place là-bas.

Cyril montra du doigt une table dans un renfoncement. Hermann dit :

-C'est le coin des Ronoriens. On ne peut pas s'asseoir là. Tous ceux qui sont à droite de la porte sont des Ronoriens affichés, souvent enfants de Ronoriens.

-Tu en sais des choses sur eux. Constata Cyril.

-Juste des choses pratiques. Rien de très concret, je vis la plus part du temps à Rebourg, je ne sais pas reconnaître un Ronorien si j'en croise un. Je ne suis pas très physionomiste. Tu vois les serveurs, il y en a un pour nous et l'autre pour les Ronoriens. Partout tout est divisé en deux. Il faut le savoir sinon on est mal perçu.

Ils trouvèrent une table où étaient déjà assis quelques amis d'Hermann, tous travaillaient dans une autre ville et rentraient pour voir leurs parents. Ils discutèrent un long moment sur leurs travail et conditions de vies difficiles loin du confort familial. Cyril se lassa de leur discussion et se leva pour prendre un nouveau verre de bière. Il demanda au même serveur à qui Hermann avait précédemment passé commande. Il y avait peu de Ronoriens dans le bar. Patientant au bar, Cyril décida de leur parler, peut-être pouvaient-ils dire où vivait Lana ? Il avança vers eux et ils levèrent les yeux vers lui avec dédain :

-Tu veux quoi ? Dit l'un d'eux avec mépris.

C'était le plus vieux assis à la table, il devait avoir 25 ans environ :

-Je cherche Lana Ronor.

-Et pourquoi ? Demanda –t-il. Tu lui veux quoi ?

-Juste lui parler.

Cyril employa un ton détaché, comme-si il effectuait une conversation normale sur la pluie et le beau temps :

-Qui es-tu?

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieWhere stories live. Discover now