Chapitre XIV

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Le pays tout entier était à feu et à sang. Les paroles de Vespay avaient fait le tour des grandes villes et des hommes envahissaient les places publiques en criant : « Le pouvoir doit tomber ! Le mal doit sombrer ! L'Impérialisme doit mourir ! ». Mais à chaque fois, les forces Impériales ripostaient, et les morts se comptaient par millier. Dans son bureau au palais Duncan, Elizabeth écoutait Dimitri lui raconter en détails les derniers événements. Entre les révoltes et les défaites de l'armée au large de Diavie, et sur le front, Elizabeth sentait qu'elle sombrait, comme son pays. Elle prit une décision radicale, elle abrogea la constitution, elle envoya un communiqué à tous les ministères, et journaux du pays. Elizabeth venait de s'octroyer les pleins pouvoirs. Impérialiste absolu mort lors de la révolution qui avait coûté la vie à son grand-père, venait de renaître. Puis sachant sa famille en danger, elle demanda l'aide de l'Hospodar de Manâm. Soren accepta de recevoir Olga et Daniel le temps que l'Allénie se calme. Ainsi Elizabeth envoyait sa mère et son fils unique dans un autre pays. Leur sécurité était en jeu. De plus Alexane était déjà là-bas. Olga et Daniel devaient prendre le bateau seulement une semaine après l'insurrection formaté de Lionel Vespay. Ce Vespay toujours introuvable. Ce qui rendait Elizabeth terriblement irritable. Elle accompagna sa mère et son fils au port de Rebourg. Port sous haute surveillance. Dimitri portait Daniel dans ses bras. Il le protégerait de son corps si quelqu'un venait à lui tirer dessus. Il était très tôt, le soleil n'était pas encore levé. Pas un bruit ne venait aux oreilles d'Elizabeth. Elle monta dans le bateau et fit ses adieux à Daniel. Son héritier. Un jour il reviendrait sur ses terres et dirigerait en maître absolu sur l'Allénie. Olga s'approcha d'elle :

-Dis à Cyril que je l'aime et que je ne l'abandonnerai jamais

-Je lui transmettrai le message. Souffla Elizabeth. Son procès débute demain.

-Quelle tragédie ! Epargne-le !

Olga pleura. Tout ce qu'elle avait enduré en si peu d'année de vie, la perte de son père, la disparition de sa mère et de son frère, la mort de son mari, l'emprisonnement de son fils, le despotisme de sa fille :

-Tu dois être forte mère ! Ordonna Elizabeth. Pour Daniel et Alexane, tu es une Moscov !

-A quoi sert un nom de famille quand le monde entier le haït ?

-Ces idiots qui veulent me renverser ne sont pas le monde entier, ils sont une minorité !

-Tu penses vraiment que la minorité c'est eux à présent ?

Elizabeth ne répondit pas. Elle descendit du bateau :

-Dimitri !

-Oui, Votre Altesse ?

-Allez avec eux, veillez sur mon fils. Elevez le dans la tradition Allénienne, et surtout parler lui de son père.

-A vos ordres. Je veillerai sur l'héritier. Que Rey vous guide.

Il monta sur le bateau. Elizabeth se nomma elle-même chef des FPI. Elle regarda le navire quitter le port, et étrangement elle ne ressentit aucune douleur. Elle avait hâte de retourner au palais, exercer encore et encore sa fonction.

L'ouverture du procès des deux martyrs fut l'événement de l'année. Il dépassait tout à ce que Cyril avait pu s'attendre à voir. Une foule immense et silencieuse accompagnait le véhicule qui le menait au tribunal Impérial de Macan. Lana était avec lui. Ils étaient face à face, se tenant les mains. Ils ne disaient rien, la peur de l'issu du procès les saisissait. Cyril embrassa les mains de Lana. Elle ne réagit pas. Elle trouvait le calme de la foule étonnant, presque effrayant. C'était comme-si le peuple laissait passer un convoi funèbre. Les FPI escortaient le véhicule. Le tribunal, un des plus vieux bâtiments de Macan, était un ancien palais de notable des siècles de Troubles, siècles durant lesquels personne ne savait qui était le véritable Seigneur en Allénie, qui était, à l'époque, un petit pays. Les vieilles pierres trahissaient ce fait, les vitraux qui servaient de fenêtres aussi. Cyril et Lana furent séparés et emmenés chacun d'un côté de la salle d'audience. Ils furent menottés et durent rester debout. Ils étaient à une distance l'un de l'autre de six mètres, ou plus. Entre eux, une espace carrelé entièrement vide, et une petite estrade avec une rambarde. Et près du mur, face à l'estrade et aux sièges du public, le bureau des juges qui arrivaient un par un. La foule fut autorisée à entrer. Un silence accompagna cette entrée. Le peuple était trop nombreux pour que tous puissent rentrer. Des centaines de personnes durent rester dehors, repoussés par les FPI qui fermèrent les portes. Il y avait des journalistes en nombres de tous les pays. Cyril et Lana ne se quittaient pas des yeux. Pour Cyril, elle était la seule trace d'humanité dans cette salle d'audience. Pour Lana, il était le seul homme capable de la rassurer à cet instant. Le juge prit son marteau et déclara le procès ouvert. Il appela le premier témoin. Laurel arriva, menotté lui-aussi, le visage tuméfié. Il avait été torturé. Torturé afin qu'il témoigne contre Lana et Cyril. On avait menacé sa mère, ses sœurs, et il avait accepté. Le voici accoudé à la rambarde. Il fit ce qu'on attendait de lui :

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOnde as histórias ganham vida. Descobre agora