Chapitre XX

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Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis la signature de l'armistice. L'Allénie paraissait aux yeux des autres nations, comme la première du monde. Vladimir remit de l'ordre dans les hautes sphères du pouvoir, comme l'avait préconisé Cyril, avec tact et passion. Dès son retour, il abolit par décision impériale la peine de mort, ce qui provoqua la colère d'Elizabeth. Une dispute violente entre eux débuta. Elizabeth claqua si fortement la porte du bureau de son père que les murs tremblèrent. Leur relation était devenue presque impossible, tous s'en souciaient, sauf Cyril qui ne pensait qu'a son rôle de futur père qui l'angoissait. Aryna était presque au terme, certains disaient qu'elle accoucherait durant le jour des commémorations du couronnement de Vladimir, qui devait avoir lieu dans une semaine. Des paris étaient pris dans les bars de la ville et du pays. L'économie se portait extrêmement bien depuis la fin de la guerre, l'Allénie respirait, et sa famille impériale aussi. Mais il y avait bien une personne qui ne respirait pas si bien que cela. Lana Ronor s'installait à Rebourg avec Hermann pour le bien de son plan. Le jeune soldat portait les cartons et les menaient dans un minuscule appartement, dans les combles, à quelques mètres de la Basilique Saint-Alexis, lieu choisi pour les commémorations. Lana observa la bâtisse de sa fenêtre. D'ici elle aurait une vue parfaite sur la délégation impériale et sur...Elle ne prononçait plus son nom, même dans ses pensées, elle refusait ce sentiment qui grandissait doucement en elle. Plus il s'éloignait d'elle, plus elle le désirait. Hermann la regardait et sourit. Il avait un problème maintenant. Le brave Hermann basculait du côté des Ronoriens, doucement mais sûrement, il avait abandonné son uniforme, ses manières de soldats, il ne se rasait plus, alors que le protocole l'exigeait dans l'armée. Il avait changé et essayait de gagner la confiance de Lana, en vain. Cette dernière ne savait que penser du soldat. Il était plus humain que Laurel, plus agréable dans la conversation que Markus, plus beau que Cyril, il ne fallait pas se mentir. Mais à part du désir physique et une amitié réelle, elle n'éprouvait rien d'autre :

-Tu veux boire quelque chose ? Demanda-t-il.

-Non merci. Souffla-t-elle. Je veux te demander un service.

-Je t'écoute.

-Trouve-moi un moyen de le voir avant les festivités du couronnement. Dis-lui que je dois à tout prix le voir. Fais ce qu'il faut.

Laurel arriva à son tour avec un carton, il se plaignit de son poids et le lâcha sur le sol poussiéreux. Il ne se priva pas pour boire un grand verre d'eau. Hermann s'éclipsa. Il devait contacter Cyril. Après son départ Laurel et Lana s'entretenaient avec sérieux. Leur plan était presque prêt, manquaient juste quelques précisions :

-Je suis censé lancer la bombe alors ? Demanda Laurel.

-Oui. Dit-elle. Dès que le convoi de l'Empereur passe, tu la lance sur lui, sans oublier d'appuyer sur le bouton.

-Tu me prends pour un idiot ! Plaisanta Laurel. Sans transition, qu'allons-nous faire de ce soldat ?

-Hermann ? Tu me le laisses. Il est digne et bon, il ne fera rien contre moi, sauf s'il en a reçu l'ordre. Oublie-le.

-Je ne l'aime pas.

En réalité Laurel était jaloux de la proximité ente lui et Lana. Il était toujours avec elle, la nuit, le jour, chaque matin, chaque soir. Il était telle son ombre :

-Où est la bombe ? S'enquit Lana.

Laurel pointa du doigt le carton qu'il venait de ramener. Il manquait juste quelques branchements à faire et elle sera parfaite. Laurel fit à déjeuner dans le silence. Lana se coucha, pensant à son père et à Markus. Elle se préparait à changer le monde, à venger son père, à tuer un homme qu'elle ne connaissait que de nom mais qu'elle haïssait. Elle s'endormit sur un matelas à même le sol. Alors qu'elle pensait qu'elle venait à peine de s'assoupir, elle sentit une main sur son bras et ouvrit brusquement les yeux :

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant