Chapitre X

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Au Palais Duncan Elizabeth s'était enfermée dans sa chambre avec son fils. Cyril frappa doucement et entra sans attendre d'y être invité. Elizabeth avait la tête baissée vers le couffin où bougeaient une paire de quenottes toute potelées, n'adressant aucun regard à Cyril :

-Ce fut une rude journée. Dit-il afin de débuter la conversation. Comment va Daniel ?

-Mieux que n'importe qui en Allénie. Soupira Elizabeth.

Brusquement elle leva la tête, elle retenait ses larmes, sa voix était faible à cause de la peine :

-Nous sommes perdus. Nous avons tous perdus, Cyril. Notre père, notre mère, nos époux...Il ne nous reste plus rien. Plus rien.

-En effet. Murmura-t-il.

Il s'approcha du landau. N'ayant pas eu le temps de voir beaucoup son neveu, il fut surpris de son allure. C'était un magnifique bébé, avec de grands yeux bruns pénétrants, des cheveux châtains soyeux déjà nombreux sur sa petite tête. Cyril présentait qu'il allait beaucoup ressembler à Salim dans le futur. Il y avait dans son regard comme une présence de son père. Cyril avait l'impression de regarder Salim par le biais des pupilles hypnotisantes de Daniel. Il avait devant lui le futur Empereur et dire qu'il n'était qu'un bébé. Peut-il se douter de la tâche qu'on attendait de lui ? Il sera à jamais poursuivit par son nom de famille, comme une maladie et une bénédiction à la fois.

Après l'embaumement de Salim, Elizabeth se plongea corps et âme dans son travail. Le temps passa. Les jours, semaines, mois. Le problème d'Elizabeth était les Séparatistes. Ils étaient de plus en plus nombreux et influent, la guerre étant toujours d'actualité, les gens s'orientaient vers d'autres idées qu'ils jugeaient plus optimistes. Cela rongeait l'Impératrice. Ses sujets ne devaient pas se détourner d'elle pour entendre des âneries de la bouche de quelconque personne qui se croyait supérieure. Elle prit les devants et convoqua le chef des FPI, un certain Dimitri Corest. Un homme à la forte carrure, très grand, intimidant avec une balafre le long du cou. Elizabeth et lui marchaient dans le jardin. Il faisait très beau :

-Tant qu'ils existent, ils seront un problème. Donc je souhaite expressément qu'ils soient tous exécutés.

-Si vous le souhaitez alors cela sera fait. Dit-il apathique.

-Nous ferons un procès. Un de ceux en grandes pompes. Quelque chose de théâtrale, qui rentrera dans l'histoire.

-Cela sera fait.

-J'adore votre ton d'obéissance certaine. Jubila Elizabeth. Dites-moi quand tout sera prêt. Je veux un seul et grand procès et évidemment à la fin l'histoire se conclut par une exécution collective. Partez ! Et faites ce que je vous dis.

Il fit un salut militaire et disparu par une allée du grand jardin. La plupart des Séparatistes étaient enfermés à Norring dans la ville de Macan. Lionel était inquiet. Il avait des taupes un peu partout et des langues se déliaient devant le despotisme totalitarisme d'Elizabeth. Lionel avait donc eu vent de cette idée de procès. Une mascarade ! La sentence est déjà écrite. Le procès se tenu deux jours après l'ordre d'Elizabeth. Au grand tribunal de Macan avec des milliers de journaliste le procès s'ouvrit. Les juges étaient des partisans de l'Impératrice, les policiers étaient si nombreux qu'on se demandait qui veillait sur l'Allénie en cet instant. La presse saluait cette initiative de débarrasser l'Empire des vermines séparatistes. Evidemment la presse était contrôlée, censurée...Ce discours était tronqué. Lionel était là, assistant au procès en tant que civil, il attirait les regards à cause de son visage défiguré par l'explosion de l'Aska. Il crut hurler de désespoir lorsque le juge condamna à la peine capitale l'ensemble des prisonniers politiques présents à Norring, sans exception. La foule ne dit mot. Personne n'acceptait la situation mais personne ne pouvait la décrier. Le procès durant deux heures. Deux heures de rappelle des méfaits Ronoriens et Séparatistes. Lionel sortit du tribunal en dernier. Les prisonniers étaient emmenés à la forteresse. Vespay rentra chez lui et y trouva Lana attablée avec Hermann devant une tasse de thé. Son ventre était assez imposant, elle devait être à huit mois ou neuf. Laurel débarqua quelques minutes plus tard un plateau de gâteaux secs dans les mains :

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant