Chapitre XXII

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 Après quelques heures de repos bien mérité. Salim et Elizabeth allèrent au bal au palais Kronstoff. Des jets de lumière éclairaient le ciel noir de la nuit, la soirée qui se déroulait été visible à des kilomètres à la ronde. Un immense tapis rouge accueillait les centaines d'invités. Des domestiques aux perruques poudrés et aux habits rouges ouvraient les portes en se courbant devant tel ou tel prince, duc, comte, ministre de pays voisin ou lointain. Le Président du Monterre, le roi de Pistane, le ministre des affaires étrangères du Nouveau-Duché, l'empereur de Postalie, le fils du Sultan de Limar, et d'autres. Tous avaient répondus présent pour la simple et bonne raison que l'Allénie était l'un des pays les plus puissants du monde. Même l'empereur du Romaland était là, lui qui fut destiné à épouser Olga il y a plus de vingt-cinq ans. Calvil VIII s'amusait de ce fait maintenant. Il blaguait avec Vladimir sur la façon dont il avait demandé la main d'Olga à Gregor VII. Quel courage pour se jeter devant des chevaux !

-Vous imaginez Prince Salim, que votre beau-père a failli mourir pour épouser celle qu'il aime. Personne ne fait cela de nos jours.

Salim acquiesça sans vraiment écouter. L'orchestre débuta une mélodie propre à la danse. La salle de bal était immense, avec trois lustres accrochés sur un plafond décoré par les plus grands peintres du monde. Les fresques se continuaient sur les murs aux côtés des fenêtres aux poignées en or. Le mur du fond était recouvert par deux grandes toiles représentant deux empereurs de jadis Ivan II et Daniel VI. Le parquet, ciré, reflétaient les lumières des lustres et bougies qui illuminaient la pièce. Des centres de discussions s'étaient formés. Tous n'attendaient qu'une chose que le couple de jeune marié ouvre le bal. Ce qui, selon les horaires stricts des organisateurs, n'allait pas tarder. Salim n'avait pas adressé la parole à sa femme depuis des heures. Ils s'ignoraient presque. Il l'aperçut enfin discutant avec une jeune femme. Il avança vers elle, l'air décidé. Tendant sa main vers elle, il dit :

-Danse avec moi.

Elle sourit et mit sa main dans la sienne. Tous les applaudirent alors qu'ils avancèrent vers le centre de la salle de bal :

-Comme sur le bateau. Chuchota Elizabeth. Tu t'en souviens ? La valse ?

-Comment l'oublier. Répondit-il un sourire narquois aux lèvres. Comment l'oublier.

-Alors valsons mon ami. Ria-t-elle. Valsons.

Il posa sa main sur la hanche d'Elizabeth et ils valsèrent au milieu des invités. Bientôt ils jurent rejoins par Olga et Vladimir, puis d'autres couples. Etrangement, Elizabeth ressentit exactement la même sensation que lors du baiser dans la Basilique. Une chaleur immense, presque étouffante, à la fois agréable et terriblement désagréable. Elle n'osa pas croiser le regard de Salim, alors que celui-ci la fixait sans retenu, peut-être essayait-il de la forcer à la regarder ? Mais que voulait-il d'elle ? Avait-il oublié leur accord ? Celui du bateau ? L'orchestre s'arrêta et suivit une slave d'applaudissement :

-Salim, je peux te parler. Dit Elizabeth.

Il la suivit. Elle allait sur le balcon de la salle de bal. Ils étaient seuls dehors, le froid était quasi inexistant :

-Tout va bien ?

Salim s'approcha d'elle, véritablement inquiet pour elle et pour ce qu'elle avait à dire :

-Arrête d'être comme cela avec moi. As-tu oublié notre accord ?

-Non, je ne l'ai pas oublié. Dit-il. C'est juste que...

Il stoppa sa phrase, se mordit la lève inférieure et baissa les yeux vers le sol :

-Que quoi ? Demanda-t-elle exaspérée.

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieWhere stories live. Discover now