Chapitre XIV

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A Lavily, la ville mourrait. La nouvelle du mariage fut à peine connue et commentée. Le carnage des Ronoriens ébranla la population mais personne ne dit mot de peur de représailles de la part des FPI ou autres. Tous savaient que la Régente avait mis en place des cellules de surveillances afin de contrôler la ville et les habitants qui se déclaraient contre le système impérialiste. Lana s'en fichait. Elle regagna sa maison, celle qu'elle venait d'hérité de son père, et se coucha dans son petit lit. Markus, qui lui avait déclaré sa flamme, était mort, son père, son protecteur, son ami, était mort. Sa vie n'avait plus de sens. Elle avait rejeté le seul homme qui tenait encore à elle, pour sa nature, pour ce qu'elle était, sans artifice, sans complexe, avec ses milliers de défaut. Elle aurait fait n'importe quoi pour lui parler et s'excuser. Perdre Cyril était pour elle la pire des choses. Trop tard. Trop tard ! Des coups résonnèrent contre la grande porte d'entrée en bois. Lana se leva et ouvrit à un Hermann essoufflé :

-J'ai cru vous avoir perdu à la gare.

-Si seulement. Chuchota-t-elle. Entre.

Hermann pénétra dans la vieille demeure. Elle sentait le moisie, et la mort. Il plissa le nez de dégoût. Comment Lana pouvait-elle vivre dans un tel endroit si sinistre, malsain ? Il n'osa poser la question lorsqu'elle lui servit un verre d'eau fraîche :

-Il a refusé. Dit Hermann. Je suis désolé.

-Je m'en doutais. Souffla-t-elle.

-L'aimez-vous ? Je veux dire : êtes-vous amoureuse de lui ?

-Que cela changeait-il à la situation ?

-Rien, mais il est bon de savoir vers qui vont nos sentiments. Cela permet de savoir qui nous sommes. Philosopha le soldat. Alors ?

-Tu es bien curieux Hermann. C'est lui qui t'as dit de poser la question ?

-Je pense qu'il est persuadé que vous le détester.

Lana soupira :

-Je ne pense pas être prête à aimer comme il m'aime.

-Etrange. Ria Hermann. Je comprends pourquoi il vous aime. Vous êtes totalement différente des autres femmes.

-Je prends cela comme un compliment. Sourit-elle.

-Vous n'avez pas répondu à ma question ? Savez-vous au moins ce qu'est « aimer » ?

Elle prit un air pensif. Quelle bonne question ? Réfléchissant Lana comprit qu'elle n'avait pas de réponse. Hermann lui en fournit une :

-C'est un sentiment. Mais cela vous le savez déjà. Aimé quelqu'un c'est comprendre que sans lui nous n'existons pas entièrement. Nous ne sommes qu'une moitié d'Homme. Et un jour on rencontre quelqu'un et on se sent entier. Et cela n'arrive qu'une fois avec une personne. Nous pouvons aimer d'autre personne avec force mais personne n'égale notre moitié véritable.

Lana éclata de rire. Hermann rougit violemment :

-Vous êtes un fabuliste de l'amour. Blagua-t-elle.

-C'est la définition de Cyril.

Elle ne rit plus. Evidemment ! Lana se laissa tombée sur une de ses vieilles chaises moches face à Hermann. Elle ne comprenait pas les sentiments de Cyril pour elle. Peut-être était-ce parce qu'elle était inaccessible ? Ou une ennemie ? Certains hommes aiment les défis. Etait-elle un défi ? Elle espérait que non. Tous ces problèmes pour un défi. Soit les hommes sont bêtes, soit elle ne comprenait rien à la nature humaine. Brusquement trois hommes pénétrèrent dans la demeure sans frapper, dont le célèbre Laurel que Charles n'avait jamais aimé. L'autre s'écria :

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieWhere stories live. Discover now