Chapitre 94 :

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Je ne pouvais pas sortir. J'aurais peut-être pu fuir mais je n'aurais nulle part où aller et cela ne règlerait pas le problème. Je ne pouvais pas communiquer avec le monde extérieur non plus. Voilà comment j'étais devenue prisonnière de ma propre maison.

Nolan avait clairement reçu l'interdiction de m'adresser la parole. Il ne semblait pas comprendre ce qu'il se passait. Moi, je refusais de parler avec mes parents, de toute manière ils ne m'auraient pas écouter. Je n'avais aucune idée de l'endroit où ils avaient dissimulé mes appareils électroniques. Et je n'osais pas braver l'interdit et risquer de m'aventurer à l'extérieur. Pour être honnête, mon père me faisait peur.

Un mercredi matin, je vis la porte de ma chambre s'ouvrir tout doucement. Je savais qu'il ne pouvait s'agir de mon père. Je l'entendais converser au téléphone à grands cris. Je découvrais avec joie qu'il s'agissait de mon petit frère. Il se rua dans mes bras.

- Nina ! Tu m'as trop manquée ! s'exclama-t-il à voix basse.

- Toi aussi Nolan ! Mais qu'est que tu fais ici ? Papa sera furieux contre toi s'il s'en rend compte !

- Non, il est au téléphone avec Serge, il en a pour au moins une heure avant de raccrocher. Si on parle pas trop fort ça ira !

Je le dévisageais un instant, avant d'esquisser un large sourire.

- Je t'aime trop toi !

- Moi aussi je t'aime ! 

Il marqua un temps de pause avant de reprendre, les sourcils froncés.

- Mais pourquoi papa et maman ne t'aiment plus ?

Je me suis assise en tailleur sur mon lit et Nolan m'a imitée, s'installant en face de moi. J'ai essayé de prêter attention à la conversation de mon père. Il ne semblait pas prêt de raccrocher.

- Tu te souviens de mon petit ami secret ? soufflai-je alors.

- L'espion ? s'enthousiasma-t-il.

- Non, ce n'est pas un espion. En réalité c'est... c'est Yann...

Il afficha une expression dubitative avant de répondre.

- Yann !? Le tonton d'Apolline ?

- Oui, c'est lui...

- Trop cool ! s'exclama-t-il en levant les bras.

Je le regardais en fronçant les sourcils, je savais qu'il l'aimait bien mais pas à ce point-là.

- Eh bien papa et maman ne partagent pas ton avis !

- Ils sont trop nuls ! Moi je l'aime bien Yann, il est toujours gentil, il dessine trop bien, il est trop fort en sport et en plus il est trop marrant !

Ces paroles m'apportaient autant de réconfort que de peine. J'étais sans nouvelles de lui depuis ce qui me semblait être une éternité.

- C'est vrai...

- Mais pourquoi papa et maman sont fâchés ? Ils ne l'aiment pas ? Pourtant ils l'invitent à manger parfois !

Je prenais une profonde inspiration avant de lui expliquer pour calmer mes nerfs.

- Ils ne pensent pas que ce soit une bonne idée qu'il soit mon petit ami. Ils n'ont pas écouté nos explications, ils ne savent pas que c'est Baptiste qui était mon professeur et ils pensent que Yann n'est pas amoureux de moi...

- C'est n'importe quoi ! Moi je le sais que Yann il est amoureux de toi !

J'étais stupéfaite, je me demandais ce qu'il racontait.

- Quoi comment ça ?

- Quand il te regarde ou qu'il parle de toi, il sourit ! Et moi j'ai toujours envie de sourire quand je pense à Apolline ou que je la regarde !

- Si tu le savais pourquoi tu n'as rien dit ?!

- Parce que tu as dit que ton petit copain était espion, je voulais pas que Yann ait des problèmes !

Je pouffais légèrement, je ne lui avais pas dit ça mais je ne lui avais pas démenti non plus.

- Il faut montrer à papa et maman que Yann est gentil et qu'il t'aime !

- C'est gentil Nolan mais on a déjà tout essayé !

- Alors si c'est ça moi je vais faire la grève !

Je ne pus retenir un petit rire cette fois. Il avait croisé les bras d'un air déterminé.

- La grève de quoi ?

- La grève de papa et maman ! répondit-il avec force.


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