Chapitre 29 :

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 Je n'étais pas triste, j'avais simplement réalisé que je ne ressentais plus rien quand j'étais avec Clément et il vivait la même chose, on s'était séparé d'un commun accord et nous n'avions de regret ni l'un ni l'autre. Ce baiser d'adieu avait eu un goût de libération.

Le lundi j'ai assisté à une scène pour le moins étrange. Je venais de conduire Nolan à l'école lorsque j'ai aperçu non loin de celle-ci, deux jeunes hommes face à face qui semblaient en désaccord. Je me suis rendu compte qu'il s'agissait de M. Vanne et M. Hart, enfin de Rémy et Yann. Je ne voulais pas me mêler de ce qui ne me regardait pas mais ils étaient sur ma route. D'un autre côté je n'avais pas non plus envie de tomber sur eux. J'ai donc commencé à avancer le plus lentement possible, tête baissée. Le second avait l'air très fatigué comme surmené.

- Tu en fais trop ! lâcha Rémy.

- Je sais, mais il n'y a pas d'autre solution...

- Tu vas finir par en payer le prix ! rétorqua-t-il.

- C'est pour la bonne cause...

- Vous faites vraiment n'importe quoi ! Laissez-moi faire, d'accord, je prends les choses en main !

M. Hart a hoché la tête avant de monter dans sa voiture. Rémy Vanne s'est alors éloigné à pieds. La voiture a démarré et j'ai pu accélérer la cadence. Je ne savais pas trop comment interpréter la conversation que je venais d'entendre. Yann Hart avait-il des soucis de santé ? Était-ce pour cela qu'il avait arrêté les cours à la fac ? Je savais que c'était en partie en rapport avec sa nièce Apolline. Elle avait déménagé chez lui en l'absence de sa mère, à l'étranger pour son travail. Mais peut-être que cela cachait un problème plus grave.

Je n'ai revu ni Yann, ni Rémy jusqu'à mon cours du mercredi avec celui-ci. Il ne m'a pas semblé différent de d'habitude, toujours aussi joyeux, aussi amical.

- Dis-moi Nina, tu crois qu'on pourrait reparler de ces entretiens avec les directeurs de musée ? Je veux dire, je comprends que tu aies eu d'autres préoccupations ces derniers temps, c'est pourquoi j'avais repoussé les rendez-vous mais ce serait vraiment dommage de gâcher un talent tel que le tien !

- Je comprends, je suis désolée d'avoir dû repousser les entretiens mais je serai prête à m'y rendre dès que possible...

- Tu n'as pas à t'excuser, c'est normal. J'organiserai de nouveaux rendez-vous prochainement

- Merci...

- C'est plutôt ton talent que tu devrais remercier, crois-moi, c'est précieux et très rare, je ne connais que très peu d'artistes aussi talentueux et prometteurs...

Il m'a parlé des œuvres qu'il avait sélectionnées pour les présenter dans les différents musées. Je lui ai donné mon accord et je suis rentrée chez moi. J'étais encore en train de penser à la conversation que j'avais surprise entre les deux profs d'art. Il ne s'agissait pas d'une véritable dispute mais l'un avait eu l'air frustré et l'autre abattu. Je ne comprenais pas vraiment ce qu'il se passait et je savais que cela ne me regardait pas. Mais en y pensant je pouvais me sortir un petit peu de mon quotidien.

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