Chapitre 89 :

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Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que mon père frappait à nouveau. J'ai tapé du poing contre la porte. Yann a tourné la tête vers moi, je l'ai vu articuler en silence. Avant de grimacer de douleur. C'en était trop. J'ai monté les marches quatre à quatre et me suis précipitée dans ma chambre.

Je n'ai pas pris le temps de réfléchir, j'ai sorti mon portable et composé le numéro en priant silencieusement pour obtenir une réponse rapidement. 

- Nina ?! Qu'est-ce que...

J'ai étouffé un sanglot, il fallait que je me ressaisisse et que je ne perde pas de temps.

- Ça ne va pas !? Que se passe-t-il ?

- C'est... c'est Yann...

Je n'ai pas pu me contenir, j'ai craqué, les larmes inondant mon visage. La voix de l'autre côté du téléphone s'est montrée rassurante.

- Nina, quoi qu'il se passe, je suis là pour t'aider, prends le temps qu'il faut et raconte moi !

Je ne pouvais pas me permettre de prendre mon temps, Yann avait besoin de moi, de nous. Je me suis calmée, j'ai pris une profonde inspiration et je me suis lancée. Je lui ai tout raconté, sans reprendre ma respiration.

- ... il faut l'aider mais je... je suis coincée dans ma chambre et je suis inutile et...

En m'écoutant je l'avais entendu claquer des portes et dévaler des escaliers.

- Rien de tout ça n'est de ta faute, d'accord ?! Je me mets en route immédiatement !

Il était déjà en train de démarrer sa voiture et partir à toute vitesse. 

- Je vais me charger de Yann, fais-moi confiance, je règlerai tout ça, c'est promis. En attendant il faut que tu restes fortes !

Il était resté au téléphone. J'avais redescendu précipitamment les escaliers et m'efforçais de voir ce qui se passait dans la salle à manger.

- Je suis là... indiqua-t-il.

Au même moment, la sonnette de la porte d'entrée retentissait par trois fois, et on entendait tambouriner contre le battant. Ma mère se sentit obligée d'aller ouvrir pour éviter d'alerter tout le voisinage.

- Où est-il ?

- Tu ne peux pas rentrer comme ça chez...

Je l'ai vu passer devant la porte de la cage d'escaliers sans prendre la peine d'écouter ce que disais mes parents.

- Je vais l'emmener à l'hôpital et Nina vient avec moi !

- C'est notre fille !

- Elle est majeure et capable de prendre ses propres décisions. Et vous venez de passer un homme à tabac, ce qui est un crime aux yeux de la loi !

La porte s'est finalement ouverte. J'avais à peine mis un pied au delà que je fus saisie d'un vertige et dus me rattraper au mur. Yann était inconscient, le visage tuméfié, la respiration complètement saccadée. Les larmes coulaient sur mes joues sans que je ne sois capable de prononcer le moindre mot. Le nouveau venu a soulevé Yann et m'a intimer d'avancer jusqu'à sa voiture.  Nous nous sommes mis en route sans plus un mot.

Nous étions à l'hôpital en quelques minutes seulement. Il fut immédiatement pris en charge. tandis que nous attendions dans le hall d'avoir des nouvelles de lui. J'étais terrifiée à l'idée qu'il ait quelque chose de grave. J'étais en colère aussi. Contre mon père évidemment, contre ma mère qui avait laissé faire et contre moi-même. J'avais toujours senti que c'était une mauvaise idée et pourtant, je n'avais pas été capable d'empêcher Yann de parler. Avec du recul, je me rendais compte que j'aurais dû parler seule à mes parents, ils auraient été forcé d'écouter mes explications, à un moment ou à un autre. Si je perdais Yann, je serais au moins autant responsable que mes parents...

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