Chapitre 2 :

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J'ai terminé la soirée à cet endroit-là, de peur de recroiser le regard de l'homme d'en face.

Quelques jours plus tard, c'était la rentrée. Rien de notable ne s'est produit, j'ai seulement passé trois heures, les fesses vissées sur une chaise à écouter un professeur qui nous expliquait l'importance des études supérieures. Inutile de vous raconter, vous ne voudriez plus lire la suite tellement ce serait ennuyeux. 

Le lendemain, je devais assister à mes premiers cours. Le matin, rien de spécial non plus, pas plus que la première heure de l'après-midi. Ce qui devrait plus vous intéresser, c'est à la deuxième et dernière heure. J'avais cours d'art, je l'avais choisi comme cursus. C'était un cours pratique pas comme ceux d'histoire de l'art. J'attendais donc avec Quentin devant la salle et il me racontait qu'il allait jouer un match de sélection régionale en handball. Prise par son histoire, je n'avais pas remarqué que les autres élèves entraient en classe. Je me suis donc précipitée pour les imiter. J'ai à peine jeté un coup d'œil au professeur qui effaçait le tableau et me suis immédiatement dirigée vers le second rang du côté de la fenêtre. Je me suis assise à côté du mur et Quentin est venu s'installer à ma droite. J'ai commencé à sortir mes affaires la tête plongée dans mon sac, quand une voix grave a retentit.

- Mademoiselle, s'il vous plaît, j'aimerai que vous sortiez vos affaires plus tard, je veux commencer les présentations...

J'ai hoché la tête puis l'ai relevé vers le professeur, je suis restée sans voix. Son visage a affiché un certain trouble mais certainement pas autant que le mien. C'était l'homme d'en face, celui que j'avais vu sur le toit d'en face quand j'étais à la fête d'Alice. Il est très vite passé outre, dû à son statut de professeur je suppose, il n'avait pas l'air mal à l'aise. Ou alors il ne se souvenait pas de moi et s'était demandé pourquoi je l'avais fixé de la sorte. J'aurais aimé que les surprises s'arrêtent là mais apparemment le sort en avait décidé autrement. On a frappé à la porte, le professeur a invité la personne à entrer. Il s'agissait d'un garçon, aux cheveux noirs et yeux verts, qui me semblait étrangement familier. Il a donné un morceau de papier au professeur et lui a expliqué quelque chose à voix basse. Il a hoché la tête et lui a indiqué d'aller s'asseoir. Encore plus étrangement, le jeune garçon est venu s'asseoir à la place restée libre à côté de Quentin.

- Bien, je vais commencer par me présenter, je suis M. Hart, votre professeur d'art pour l'année à venir. Qui veut commencer par se présenter ?

Nous nous sommes présentés chacun notre tour. Moi je l'ai fait sans regarder M. Hart, mais un point de craie sur le tableau, à gauche de sa tête. Heureusement, il n'a pas fait de véritable cours, il nous a demandé de remplir une feuille de présentation sur nous et nos goûts artistiques. Comme d'habitude, à la fin du cours, j'ai terminé de ranger mes affaires en dernier. J'ai rendu ma feuille à M. Hart en veillant à ne pas toucher sa main et bredouillé un vague au revoir avant de sortir. J'ai rejoint Quentin devant l'université, il était en train de discuter avec le nouvel étudiant. Ils se sont tournés vers moi en m'apercevant.

- Nina c'est ça ?

- Euh oui...

J'étais surprise qu'il se souvienne de mon nom que je n'avais donné qu'au moment où M. Hart nous avait demandé de nous présenter.

- Moi c'est Clément Massenet, tu te souviens de moi ?

Maintenant qu'il le disait, oui je m'en souvenais. Il avait été dans mon école en maternelle et primaire mais il avait tellement changé que je ne l'avais pas reconnu.

- Oui, oui bien sûr !

Je précise que ce n'est pas un mensonge étant donné que je me souviens de lui à présent, parce qu'il m'a donné son nom certes mais je me souviens de lui quand même.

Clément et Quentin prenaient la même route que moi pour rentrer, ou presque. J'avais l'impression que le premier n'avait jamais cessé d'être mon ami, il me parlait de tout et de rien. Arrivés à la hauteur de la rue de Quentin, celui-ci nous dit au revoir et nous laissa. La rue où habitait Clément était juste un peu au-dessus mais il décida de me raccompagner jusque chez moi. Oui, je sais ce que vous pensez, ne le pensez plus !

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