Chapitre 86 :

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Il récupéra son portable et écrivit un message rapidement, avant de se tourner vers moi.

- Je lui ai dit que je savais qui elle était et je lui ai donné rendez-vous ici, quinze minutes après notre cours...

Il s'est ensuite concentré sur ce qu'il voulait me faire travailler. Je me suis appliquée à écouter ses conseils, les paysages n'étant pas mon point fort. Après avoir terminé, j'ai aidé Rémy à ranger toutes les affaires. Nous sommes sortis de la pièce du club lecture. Il m'a silencieusement fait signe de me cacher derrière un meuble. J'ai compris pourquoi en voyant que Célia était largement en avance et qu'elle se dirigeait vers lui à grands pas. J'étais coincée, je ne pouvais pas sortir sans passer devant elle. Je devais donc attendre, espérant que les étagères et les livres me camouflaient suffisamment. Mais la seule chose qui intéressait la jeune fille c'était notre professeur. Elle s'est presque jetée dans ses bras. Il l'a arrêtée d'un geste et s'est écarté.

- Célia, je ne m'étais donc pas trompé c'était toi...

- Oh ne me faites pas croire que vous n'aviez pas deviné depuis longtemps, je sais qu'on est fait l'un pour l'autre, c'est notre destin !

Il haussa un sourcil, il était loin d'être sur la même longueur d'onde qu'elle visiblement.

- Je ne crois pas qu'il s'agisse de cela, en vérité si je t'ai fait venir c'est pour te dire que...

- Oh je sais ce que vous allez dire, que c'est impossible mais rien n'est impossible quand on s'aime !

Elle s'avança à nouveau vers lui et une fois de plus, il l'évita. J'hésitais, devais-je appeler quelqu'un ? Rémy voulait régler ça seul mais je pouvais peut-être solliciter Yann. Si jamais Célia dérapait totalement et s'en prenait physiquement à lui, il fallait que quelqu'un intervienne.

- Je ne sais pas ce que tu as en tête, ni ce que tu t'imaginais et je suis désolé si tu t'es méprise sur mes intentions mais je ne suis pas amoureux de toi, tu es simplement une de mes étudiantes, je...

- Ne vous défilez pas ! l'interrompit-elle, vous avez juste peur en fait ! Ou alors il y en a une autre c'est ça ?

- Célia, je ne serai jamais amoureux de toi d'accord ?! Je suis désolé mais c'est comme ça, un jour tu trouveras quelqu'un de bien pour toi, j'en suis convaincu. En attendant, tu devrais supprimer mon numéro et arrêter de m'envoyer des messages.

- Je le savais, il y en a une autre ! s'insurgea-t-elle en criant dans la bibliothèque.

Quelques personnes se sont retournées mais ça n'a pas eu l'air de perturber la jeune fille. Rémy poussa ce qui ressemblait à un soupir d'exaspération. Jusqu'à ce que son visage s'éclaire comme s'il avait trouvé une solution. J'espérais pour lui qu'il serait définitivement tranquille après.

- Très bien, oui j'aime une autre personne, et de toute façon tu ne pourrais pas être cette personne parce que... j'aime les hommes...

Elle ouvrit et ferma la bouche en état de choc, puis rouge comme une tomate, elle détala. J'ai poussé un soupir de soulagement et suis sortie de ma cachette. Rémy s'est tourné vers moi avec un large sourire.

- Si seulement j'avais su qu'il fallait que je dise ça pour m'en débarrasser, je l'aurais fait plus tôt !

- C'était radical ! Par contre vu la manière dont elle s'est fait humilier, j'ai bien peur qu'elle ne répande des rumeurs dans toute l'université !

- Même si elle le fait, ça ne m'atteindra pas, je n'ai jamais pris en compte ce que les autres pensaient ou disaient sur moi !

Il m'a fait un clin d'œil et s'est éclipsé avec le sourire. Au moins avait-il réglé son problème seul et sans le moindre souci. C'était loin d'être mon cas. Ça faisait presque sept mois que je repoussais le moment fatidique sans être capable de franchir le cap. Alors que j'étais en chemin vers chez moi, j'ai entendu mon téléphone sonner.

- Oui ?

- Salut mon cœur, ça va ?

- Pour l'instant oui parce que je t'ai au téléphone, on verra si c'est toujours le cas en arrivant à la maison. Et toi ?

- Ça va mieux maintenant que j'ai entendu ta voix. Tu me manquais... Je voulais aussi te prévenir, ton père m'a invité à dîner vendredi...

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