Chapitre 8 :

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Finalement, la soirée fut plutôt bien, j'ai presque réussi à oublier tous mes problèmes.

Le dimanche est passé plutôt rapidement, nous avons été chez ma grand-mère pour un dîner de famille. Le week-end avait été plutôt mouvementé et je n'ai trouvé aucun moment pour appeler Léa et lui raconter tout ce qui m'était arrivé. Ce lundi j'ai essayé de me montrer le plus discrète possible, ce qui était plus facilement réalisable en cours magistral. J'ai fait la même chose le mardi, ainsi que le mercredi matin. Le stress montait de plus en plus à l'idée de mon premier « cours particulier » avec M. Hart. Le moment est finalement arrivé et j'étais morte de trouille. Je devais le retrouver à la bibliothèque. Nous nous étions rejoints dans la petite pièce qu'utilisait le club lecture pour ses séances, mais elle était vide à cette heure-ci. M. Hart m'attendait avec de grandes feuilles blanches, des toiles et une mallette. J'ai préféré éviter de le regarder, de cette manière je ne serais pas distraite.

- Pour aujourd'hui je ne vais pas te demander grand-chose, juste de me montrer ce que tu sais faire, comme ça je pourrais me faire une idée de la manière dont je peux t'apporter mon aide d'accord ?!

- D'accord...

Il a ouvert sa mallette, découvrant toutes une gamme de crayons à dessin, de fusains, de craies, de feutres, de marqueurs, de plumes et encriers ainsi que de pinceaux, peinture et encre.

- Tu peux utiliser tout le matériel que tu veux, fais ce qui te donne envie !

J'ai hoché la tête sans lever les yeux et je me suis mise au travail. Je sentais son regard sur moi, il m'observait. En levant légèrement la tête je me suis rendue compte que ce n'était pas moi qu'il observait mais mes gestes, ce que je faisais. J'ai réalisé plusieurs dessins, la plupart représentant des scènes des romans que j'avais lus, des gens que j'avais croisés dans la rue, des objets du quotidien, ou des paysages. J'ai essayé de montrer tout ce que je savais faire, sans pour autant être convaincue par le résultat. Je n'avais pas eu assez de temps pour tout travailler en détails. Il s'agissait plus de croquis et d'ébauches que de véritables œuvres. Lorsque je lui ai remis mon travail, il m'a remercié, m'a expliqué ce qu'on ferait la semaine suivante puis m'a saluée pour me dire au revoir. Je me suis précipitée vers la sortie, je ne me souvenais même plus de ce qu'il m'avait dit mais j'étais bien contente que ce soit terminé.

Le soir-même, mon père m'a évidemment fait subir un interrogatoire sur mon premier cours particulier, je suis restée assez évasive tout en lui assurant que tout allait très bien. Lorsque le dîner s'est terminé, je suis montée dans ma chambre et me suis étalée de tout mon long dans mon lit, mon cœur battait la chamade. Il fallait que je prenne de la distance par rapport à tout ça et que j'arrête de me faire des idées sur ce prof. Il fallait que je reprenne le contrôle et que j'arrête de dérailler, M. Hart était un prof comme les autres et cela s'arrêtait là.

Les cours du mercredi qui ont suivis se sont déroulées dans une étrange ambiance, un peu comme mécanique, je n'arrivais pas à me comporter normalement alors je cherchais à éviter tout contact visuel avec le prof. Lui, se contentait de montrer certaines œuvres de m'enseigner certaines méthodes d'un ton parfaitement neutre mais enjoué. À l'université, je le trouvais changé peut-être était-ce parce que je me montrais fermée mais je le trouvais moins charismatique, moins enjoué et peut-être moins à l'aise. Il a finit par devenir comme ça même les mercredis et je devais avouer que cela m'arrangeait j'étais plus sereine, moins nerveuse. Mon père était ravi que je sois en progrès grâce à M. Hart. Certes, il ne se trompait pas pour le dessin, en revanche pour ce qui était de mon état mental, ce n'était pas exactement la même chose. Pour compenser, je passais beaucoup de temps avec mes amis : Quentin et Léa, bien sûr, mais aussi Clément, Alice et Manon.

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