Chapitre 36

37 4 0
                                    

Oui, en fait c'était assez fou comme histoire, j'étais partie très loin. Mais j'étais curieuse de savoir et élaborer des théories me faisait passer le temps. Ça me permettait aussi d'oublier un peu tout ce qui se passait dans ma vie ou ce qui s'était produit et cela me faisait un bien fou.

J'étais loin de me douter que j'obtiendrais des réponses un peu plus tard. J'avais décidé de me rendre dans l'un des musées dans lequel une de mes œuvres était exposée, pour voir ce que ça donnait. Comme ce n'était pas encore une période de vacances scolaire, le musée était peu fréquenté. Il y avait une classe de primaire, quelques retraités avec leurs petits-enfants, trop jeunes pour aller à l'école, et quelques jeunes couples. Je regardais une œuvre moderne que je trouvais très réussie d'un certain George Henri. Avec un nom pareil, j'étais presque certaine qu'il s'agissait d'un pseudonyme. J'étais donc en train d'admirer ce tableau lorsque le directeur du musée m'a vue. Il s'est alors dirigé vers moi avec un grand sourire.

- Nina ! Tu viens voir tes tableaux ?! Certains visiteurs m'ont déjà complimenté à leur sujet !

- Je passais faire un tour comme ça, j'aime bien regarder les autres artistes aussi !

- Tu n'as pas encore été voir tes créations ?

- Non, je viens d'arriver...

- Je peux t'y emmener si tu veux !

J'ai accepté de le suivre jusqu'à la pièce suivante. Il s'est arrêté devant le premier tableau exposé que j'avais réalisé lorsque son téléphone a sonné. Il s'est excusé et s'est éloigné mais pas suffisamment pour que je n'entende pas sa conversation.

- Oui, Alexis ?! Ça faisait longtemps ! Tout va bien ?

Visiblement lui aussi connaissait un Alexis, il semblait d'ailleurs ravi de l'entendre. Mais je ne pouvais pas être certaine qu'il s'agissait de la même personne que celle dont M. Vanne et M. Hart parlaient.

- Oh c'est dommage... oui je comprends...oui, je m'en occupe, tu peux me faire confiance...

Il a raccroché juste après et il est revenu vers moi, l'air assez contrarié. Je n'ai pas eu besoin de lui poser de question, il a commencé à me raconter ses malheurs.

- Un des artistes qui expose ici, ne pourra plus proposer de nouvelles œuvres pendant un petit moment, malheureusement, c'est dommage, les visiteurs aimaient beaucoup ses œuvres ! Et je ne parle pas des collectionneurs !

- Je comprends, il a sûrement un empêchement...

- Oui, il semble avoir eu quelques problèmes, à ce que j'ai compris... C'est vraiment dommage !

Quelques jours plus tard, je me retrouvais nez à nez avec M. Hart à la sortie de l'école de Nolan et Apolline. Je ne vous cache pas que j'étais assez mal à l'aise. Il a affiché un sourire et m'a gentiment saluée. Je lui ai rendu son salut et j'ai attendu mon frère en silence. Avant que la porte ne s'ouvre, un homme s'est dirigé vers lui avec un grand sourire.

- Bonjour, vous êtes bien Alexis...

- Non, ce n'est pas moi, vous devez vous tromper...

Il l'avait interrompu sans même le laisser finir sa phrase, comme s'il était habitué à cette méprise. Il avait l'air un tantinet agacé d'ailleurs ou peut-être gêné.

- Oh ! Je suis désolé, vous devez lui ressembler...

L'homme s'est éloigné, le visage perplexe. Il a poussé un petit soupir. Visiblement, cet Alexis était partout, et il devait sûrement ressembler à Yann Hart. J'ai évité de le regarder jusqu'à ce que la porte s'ouvre et que mon frère sorte en compagnie de Matthias et Apolline, comme à son habitude. J'ai rapidement entraîné mon frère plus loin. M. Hart et Apolline nous ont rattrapés et il a proposé de nous raccompagner, j'allais répondre que c'était très gentil mais que cela nous gênait lorsque mon frère s'est exclamé « Oh ouais, c'est trop bien ! ». En effet, « trop bien !», bon il faut bien que mon frère ait quelques défauts, il ne peut pas être parfait et c'est pour ça que je l'aime mais là... Il aurait peut-être pu m'épargner ça. M. Hart a souri gentiment et nous nous sommes retrouvés à devoir les suivre jusqu'à sa voiture. Evidemment, j'ai dû monter devant à côté de lui, tandis que les deux enfants étaient déjà plongés en pleine conversation à l'arrière. Vous imaginez le malaise. Il semblait que c'était la petite qui avait insisté auprès de son oncle pour nous raccompagner.

- Rémy m'a dit que tes œuvres étaient enfin exposées dans des musées, je suppose que de nombreux collectionneurs seront intéressés...

- Oui, on verra, je n'en suis pas certaine...

- Je comprends, on n'est jamais très confiant lorsqu'on se lance comme ça... répondit-il avec ce qui ressemblait à un sourire nostalgique.

- Je suppose que ça dépend des gens...

- Tu n'as pas tort...

Il a souri légèrement, son regard toujours rivé sur la route. Il a changé de conversation et nous a déposés à la maison.

Art lessonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant