Chapitre 87 :

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- Ça va mieux maintenant que j'ai entendu ta voix. Tu me manquais... Je voulais aussi te prévenir, ton père m'a invité à dîner vendredi...

Je me suis arrêtée brusquement avec stupéfaction.

- Attends, quoi ?! Pourquoi ?

- Je n'ai pas vraiment compris. Je l'ai croisé à une conférence ce matin, il m'a dit que ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas vus et d'un seul coup il m'a invité à dîner...

Je soufflais, je n'étais pas surprise mais je n'étais pas certaine qu'il s'agisse d'une bonne idée.

- Je suppose que même si tu avais voulu refuser, tu n'aurais pas pu... soupirai-je.

- Je ne crois pas.

J'ai poussé un nouveau soupir. Mon père ne pouvait s'empêcher d'insister de manière tellement forte que les gens n'avaient jamais vraiment le choix avec lui.

- Tu sais je me disais, ce serait peut-être bien d'en profiter pour lui parler de nous...

Je ne pourrais repousser encore longtemps le moment fatidique

- Je ne sais pas comment il va réagir...

- Ça devrait aller, on ne fait rien de mal et puis tu n'es plus une petite fille...

- Et si ça se passait mal ?

- C'est un risque que je suis prêt à prendre, je ferais n'importe quoi pour être avec toi !

- Je sais mais s'il nous interdisais de nous voir après ça ?

- Ça ira, je parlerai juste à tes parents à la fin du repas, il ne devrait rien arriver de grave !

- On verra je suppose, sinon, tu devrais appeler Rémy !

Je n'avais jamais fait confiance à ma chance, je savais qu'elle était quasi inexistante. Nous étions vendredi soir, Yann devait arriver d'une minute à l'autre. Mon cœur n'avait jamais battu aussi vite de ma vie. Le reste de la famille était beaucoup plus serein. Tout était presque prêt. Je terminais de préparer l'apéritif lorsque la sonnette a retentit. Mon père est allé ouvrir. Je l'ai entendu accueillir notre invité avec joie. Yann est entré dans la cuisine suivi de mon père. Il a salué m'a mère puis s'est approché de moi. Alors que je bredouillais un vague bonjour, il m'a embrassée au coin des lèvres en prétextant me faire la bise. Nous sommes passés dans la salle à manger, Nolan lui a presque sauté dessus. Depuis le tournoi de la fête du sport, il adorait les jumeaux. 

Nous nous sommes installés autour de la table. mon petit ami s'est retrouvé en face de moi, à côté de mon père. J'ai passé la majeure partie du dîner dans le brouillard, j'étais tellement stressée que je ne prêtais pas vraiment attention à ce qui se passait. J'ai senti que Yann tentait de me rassurer en me lançant des regards apaisants mais plus le temps passait plus j'angoissais. Nous sommes arrivés au dessert beaucoup trop vite à mon goût. Ma mère a envoyé Nolan se coucher, Yann m'a alors lancé un regard comme pour me faire signe qu'il allait se lancer. Il s'est levé. J'avais l'impression que mon cœur allait s'arrêter. J'étais prête à me liquéfier sur place. Je me suis lentement levée et suis venue me placer derrière Yann.

- Paul, il faut que vous dise quelque chose... commença-t-il.

- Attends, excuse-moi quelques petites minutes...

Mon père n'avait visiblement rien compris. Il termina de remplir son verre et se tourna vers lui avec un grand sourire. Je doutais qu'il le garde longtemps malheureusement.

- Je t'écoute... lâcha-t-il avec gentillesse.

J'ai soudain senti la peur m'envahir, j'avais le pressentiment que les choses allaient très mal tourner et j'aurais voulu stopper Yann mais il était trop tard, celui-ci s'était déjà lancé. Et moi j'étais incapable de bouger, je me souvenais à peine comment respirer.

- Ecoutez Paul, j'ai quelque chose d'important à vous dire...

Il prit une profonde inspiration avant de se jeter à l'eau.

- J'aime votre fille...

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