Chapitre 56 :

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Je l'observais quelques secondes avec perplexité, il ressemblait vraiment en tout point à son frère, pourtant j'aurais été capable de les différencier en une fraction de seconde. Je ne parvenais toujours pas à savoir comment.

Ma mère nous a obligés à nous pouponner pour cette soirée, heureusement pas autant que pour le mariage auquel on allait assister le lendemain.
Le lieu de la réception était une gigantesque galerie d'exposition. Elle était pleine à craquer. Un buffet avait été mis à disposition sur la droite. J'ai vite repéré Yann, il se trouvait dans un coin de la salle, en train de discuter avec Rémy et un autre homme. Quand il m'a vu, il m'a lancé un imperceptible clin d'œil. J'ai senti chaque parcelle de mon corps vibrer. Oui, j'étais définitivement folle amoureuse de lui. J'ai passé la soirée à éviter mes anciens profs. Jusqu'à ce que je reçoive un message : « couloir de derrière dans dix minutes. ». J'ai instinctivement esquissé un sourire. Je l'ai cherché du regard dans la salle mais je ne l'ai pas vu. Il devait déjà être sorti. Les dix minutes qui ont suivies ont été les dix plus longues de toute ma vie. J'ai enfin pu quitter la salle en toute discrétion. Le couloir de derrière était désert, à l'exception d'un jeune homme en veste de costume et chemise qui attendait appuyé nonchalamment contre le mur. Je me suis approchée de lui. Il m'a entendue et s'est empressé de me rejoindre et m'enlacer.

- J'ai attendu ça depuis la dernière fois qu'on s'est vus et c'était presque insoutenable de te voir sans pouvoir t'approcher...

- Je sais, mais... Si quelqu'un arrive...

- Personne n'emprunte ce couloir, on a quelques minutes rien que pour nous !

Nous sommes restés ainsi quelques instants dans les bras l'un de l'autre, écoutant nos cœurs battre. Il a lentement pris mes mains dans les siennes, entremêlé ses doigts aux miens. Ses lèvres se sont posées sur les miennes, j'ai pressé les miennes contre elles puis les ai entrouvertes. J'ai repoussé les limites de mon souffle pour faire durer ce baiser le plus longtemps possible. Lorsque nous nous sommes enfin écartés, il m'a serrée contre lui et murmuré à l'oreille.

- Il faut qu'on se revoie bientôt, demain ?

- Demain on a un mariage... ai-je répondu la gorge serrée.

- Je t'enverrai un message alors !

- D'accord.

Il a attrapé mon foulard, et passé le pouce dessus en souriant.

- Je crois que je sais comment je pourrai patienter...

Il tira lentement dessus pour me l'enlever et le porta à son visage. Il inspira longuement, écarta le foulard et expira.

- Tu permets que je te l'emprunte ? Je crains de ne pas supporter ton absence d'ici la prochaine fois qu'on se voit si je n'ai rien...

- Pas de problème mais...

- Tiens !

Il retira son propre foulard et me l'enroula autour du cou.

- J'allais simplement dire que ça risquerait de nous trahir mais merci !

Il sourit et glissa mon foulard dans sa poche de veste, tandis qu'il m'ôtait le sien du cou pour le mettre dans mon sac à main. Il m'a prise par le creux des reins puis de nouveau embrassée avant de s'éloigner. Avant de disparaître par la porte il s'est tourné vers moi « Tu vas me manquer » ai-je lu sur ses lèvres. 

J'ai fait un crochet par les toilettes avant de retourner dans la salle. Je voulais m'assurer que je n'étais pas trop rouge (pour changer) et je voulais également pouvoir profiter d'être seule pour sentir son parfum sur le foulard qu'il m'avait donné. Je suis finalement retournée dans la salle bondée. Ma mère m'a retrouvée, l'air soulagée.

- Nina ! Ça fait une demi-heure que je ne t'avais pas vue, j'ai eu peur !

- Ça va maman, de toute façon, je n'aurai pas pu disparaître !

- Tu es sûre que ça va ? On dirait que tu as de la fièvre !

- J'ai juste un peu chaud...

- De toute façon on ne va pas tarder, sinon on sera crevés pour le mariage de demain !

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