Chapitre 27 :

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 - Y... Yann !?

- Oui, c'est mon prénom... a-t-il simplement répondu en souriant.

Je n'avais plus que très peu de cours, encore quelques jours et je serai en vacances d'été. Les cours en université se terminaient tôt dans l'année. 

Depuis quelques jours mon père et ma mère ne pensaient qu'à me ménager. Et j'avoue que ça commençait à me peser. Dans l'après-midi, je me suis rendue à mon cours particulier avec Rémy, enfin M. Vanne. Il ne m'a rien dit mais je savais qu'il était au courant, j'étais certaine que mon père lui avait raconté toute l'histoire. Mais M. Vanne était bavard et doué pour changer les idées. Au moins ce cours, m'a permis de poser une parenthèse sur le chaos de ma vie. Il a même réussi à m'arracher un sourire ce que je n'avais pas fait depuis ce jour-là. Mon atterrissage fut brutal, lorsque je suis rentrée chez moi, j'ai surpris une conversation entre mes parents.

- ... disait ça aussi. Je ne sais pas ce qu'on peut faire pour Nina... disait ma mère.

- Ça devrait s'arranger, peut-être qu'on devrait essayer de lui en parler...

- Carole me proposait de l'emmener chez un psy...

- Je ne sais pas, elle ne voudra peut-être pas... J'ai demandé à Yann s'il avait remarqué quelque chose, il m'a dit qu'on devrait lui laisser du temps...

- Du temps ? Mais et si elle ne va pas mieux et que ça devient même pire ? On ne peut pas la laisser comme ça ! Elle doit aller de l'avant...

Apparemment, mes parents avaient parlé du « problème Nina » à tout le monde sans se gêner. Elle devait arrêter de s'éloigner des autres, elle devait consulter un psy, elle devait aller mieux... Mais est-ce qu'on lui avait réellement demandé à elle ce qu'elle voulait ? Non, ça, visiblement, ce n'était pas au programme. Et ben moi je vais vous dire ce qu'elle voulait, simplement qu'on lui foute la paix et qu'on la laisse tranquille. J'ai monté discrètement les marches de l'escalier et suis allée m'enfermer dans ma chambre. J'en avais marre, marre de tout et de tout le monde. Je voulais m'enfuir mais fuir sa propre vie, sa propre existence était impossible. Peut-être que ma mère avait raison, enfin que Carole avait raison, peut-être que je devais voir un psy. Mais je me voyais mal déballer ma vie à un inconnu. En fait, c'était M. Hart, enfin Yann, qui avait raison. J'avais besoin de temps. De temps pour prendre du recul, pour faire le vide, pour respirer et pour aller de l'avant. 

C'est à ce moment-là que j'ai décidé de tenir un journal, ce que j'avais toujours trouvé ridicule auparavant. J'avais besoin non seulement de laisser parler ma créativité artistique pour dire ce que je ressentais mais également de mettre des mots dessus. Ce journal c'est à vous que je l'adresse, oui vous qui vivez peut-être la même chose que moi ou qui vous dites que je suis pitoyable. Vous qui avez une idée de ce que c'est que d'être une personne presque comme tout le monde. Vous qui n'en avez rien à faire de l'histoire personnelle d'une fille comme moi. C'est donc à personne que je m'adresse mais en même temps tout le monde. Je suis Nina Marlet, une fille presque comme tout le monde, aux cheveux châtains et yeux caramel.
Et je hais ma vie !

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