Chapitre 17 :

57 4 0
                                    

J'ai fini par laisser tomber et m'étaler dans mon lit pour regarder un film, pour me détendre comme vous vous en doutez.

J'ai passé le dimanche dans ma chambre à faire plus ou moins les cent pas, avant de trouver refuge dans un livre. Au début de la semaine suivante, Clément s'est comporté de manière tout à fait normale avec moi, il me parlait comme si rien ne s'était passé, ce qui me mettait mal à l'aise. Le mercredi j'ai eu mon cours hebdomadaire avec M. Hart, au début rien de notable ne s'est produit mais au moment où il m'a demandé de m'inspirer de la statue d'Apollon pour produire une œuvre, je me suis soudain sentie très gênée en regardant le résultat. Ma représentation ressemblait trop à quelqu'un de réel, j'espérais que le prof ne l'avait pas remarqué. Je me suis donc empressée de partir au moment où il m'a dit que c'était terminé. Je n'étais absolument pas pressée de le revoir, c'est pourquoi le vendredi en cours je l'ai totalement ignoré. Je pensais être tranquille pour le week-end, malheureusement, je l'ai croisé à l'endroit auquel je ne m'y attendais pas du tout. Le samedi après-midi et samedi soir, la classe de mon frère produisait une pièce de théâtre à la salle des fêtes. Je crois que Nolan jouait un rôle assez secondaire mais il tenait quand même à ce que mes parents, ma grand-mère et moi soyons présents pour toutes les représentations. Dans la salle, au moment où on s'installait, j'ai avec stupéfaction remarqué que le prof d'art se tenait dans la salle, à quelques rangs devant nous, sur la gauche. Heureusement, de l'endroit où il était, il ne pouvait nous voir à moins de se retourner. J'étais assez intriguée de savoir ce qu'il faisait là, il me semblait beaucoup trop jeune pour avoir un enfant de l'âge de mon frère, à moins de l'avoir eu très tôt, où peut-être s'agissait-il de quelqu'un de sa famille, un petit frère, une petite sœur, un cousin ou une cousine. Ou alors il ne connaissait peut-être personne et avait juste entendu parler de la représentation. J'avoue que j'ai plus prêté d'attention à mon prof qu'à la pièce en elle-même. Je tiens quand même à préciser que j'ai regardé quand mon frère était sur scène. Lorsque la représentation s'est terminée, j'ai essayé d'éloigner ma famille du professeur pour ne pas me faire repérer. Mais évidemment, avec ma poisse et l'œil de lynx de mon père pour repérer les profs vous vous doutez que ça ne s'est pas passé comme je l'avais prévu. Mon père m'a attrapée par le bras et tirée vers l'endroit où se trouvait M. Hart, j'avais comme l'impression d'être emmenée à l'abattoir. M. Hart s'est tourné vers nous pile au moment où on arrivait. Son visage est resté plutôt neutre.

- M. Marlet, Nina, je ne pensais pas vous voir ici...

- Je vous en prie, appelez-moi Paul, quelle surprise en effet !

Tu parles d'une surprise, moi j'aurai plutôt appelé ça une catastrophe. Bon, j'exagère peut-être un peu, enfin pas tant que ça. Heureusement pour moi, ma mère est venue me sauver. Elle a salué le prof et m'a demandé de venir aider les parents d'élèves à installer l'apéritif prévu. J'ai vu mon père discuter assez longuement avec M. Hart, tous deux semblaient assez embêtés. Au bout d'une dizaine de minutes, mon père s'est enfin éloigné pour aller retrouver un parent d'élève. J'ai détourné le regard et me suis occupée de remplir les verres en plastique au fur et à mesure que les gens me demandaient à boire. J'ai manqué de renverser la bouteille de jus d'orange quand j'ai entendu une voix grave me demander poliment du jus de fruit. Heureusement j'ai plus ou moins bien réussi à masquer ma surprise et lui ai servi son verre sans en renverser. Il m'a remerciée puis s'est éloigné, sans rien ajouter d'autre. Mon frère est enfin sorti des vestiaires avec un sourire ravi de petite star. Il a bu un grand verre de soda, mangé quelques chips puis insisté pour qu'on se dépêche de partir parce que mon père et ma mère lui avaient promis d'aller au restaurant après sa pièce. Nous sommes donc partis assez vite, ce qui m'arrangeait plutôt bien en fait. Au resto, je me suis enfin détendue. Jusqu'à ce que mon père m'apprenne une nouvelle plus que surprenante.

- Ton professeur d'art m'a appris qu'il partait, c'est bien dommage...

- Ah bon ? Il s'en va ?

Art lessonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant