Chapitre 43 :

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- Je ne te donne pas de consigne, tu fais ce que tu veux ! Mais pour une fois, je vais participer à ton travail !

Je l'ai regardé tracer une séparation au milieu de la toile puis reculer d'un pas pour se mettre en retrait. Il attendait probablement que je commence. Je me suis donc saisie de la première chose que je trouvais, de l'encre et un pinceau. J'avais pris les couleurs au hasard, du rose, du orange et du bleu. J'ai fait la première chose qui me passait par la tête, sans réfléchir. C'était assez étrange comme sensation de créer sans avoir la moindre idée de ce que donnerait le résultat. J'ai fait un fond en dégradé de couleurs. Puis j'ai attrapé la peinture blanche et une éponge. J'ai commencé par faire ce qui ressemblait à un nuage. J'ai continué sur ma lancée et esquissé d'autres nuages. Je ne savais pas ce que je dessinais à l'avance, si bien qu'une trace de peinture orangée se transforma en planète, un coup de pinceau rouge se transforma en toge de chérubin, une tâche bleue en dragon... J'avais assemblé plein de choses très différentes sans m'en rendre compte mais étonnamment, cela fonctionnait bien. J'osais finalement, jeter un œil à la partie voisine. J'en eu le souffle coupé. C'était bien plus beau et travaillé que ce que j'avais pu faire. Il y avait un cygne au milieu, il devait avoir vu que je représentais des nuages parce que l'oiseau blanc nageait dans les nuages mais ceux-ci étaient bien plus détaillés, plus réalistes. Le cygne était tourné vers ma partie de la toile, derrière lui je pouvais voir un angelot qui disparaissait derrière la toile et semblait avoir une mine malicieuse. Il avait le doigt posé contre ses lèvres comme s'il souhaitait garder un secret. Des pétales de rose formaient de petites taches sur le blanc cotonneux des nuages, un arc en ciel resplendissant surplombait la scène et tombait en cascade sous les nuages. Alors que j'étais en train de terminer de mettre en couleur un chérubin, j'ai, sans faire exprès, donné un coup de coude à Yann. Mes joues se sont empourprées.

- Pardon ! me suis-je empressée de m'exclamer.

Il a souri avant de me donner un léger coup de coude pour se venger. Voyant que je ne disais rien, il a envoyé un petit peu d'encre sur ma main.

- Eh ! ai-je protesté par principe plus que par colère.

Je me suis permis de lui donner un petit coup de pinceau sur l'avant-bras. C'est là que ça a commencé à dégénérer. On s'est bataillé comme des enfants, pinceau contre pinceau. Mais ça me faisait du bien, ça me faisait rire et me faisait évacuer la pression que j'avais accumulée ces derniers temps. On ne s'est arrêtés de se chamailler qu'au moment où j'ai malencontreusement posé ma main pleine d'encre sur la toile.

- Mince !

J'ai retiré ma main, on pouvait maintenant observer la trace de celle-ci en bord de toile, en bas à droite. Il n'a même pas affiché de tic nerveux, au lieu de cela, il a souri et posé sa main maculée d'encre également juste à côté de l'empreinte de la mienne. Ça ressemblait à une signature à présent.

- Je pense qu'on peut dire que le cours est terminé maintenant ! déclara-t-il

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- Je pense qu'on peut dire que le cours est terminé maintenant ! déclara-t-il.

- Oui...

Je m'étais brusquement rendue compte qu'il était plus proche de moi que je ne le pensais. Je me suis légèrement écartée.

- Tu veux peut-être à boire ? J'ai apporté de l'eau !

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