Chapitre 93 :

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Je le remerciais à nouveau, le saluais puis quittais la voiture. Je prenais une profonde inspiration avant de me lancer dans l'allée et arriver devant la porte de la maison.

J'avais à peine franchi le seuil que je sentais déjà que la confrontation allait mal se terminer. Mais je ne pouvais pas faire demi tour. Yann s'était montré courageux pour nous deux, c'était à mon tour de le faire.

- Assieds-toi ! somma mon père aussitôt qu'il me vit.

J'obéissais, gardant néanmoins la tête haute et l'expression déterminée.

- Yann n'est pas mon professeur, vous ne pouvez pas...

- Je n'y crois pas, il t'a vraiment retourné le cerveau. Nina, tu ne comprends pas que ces gens sont dangereux ?!

Je n'en revenais pas,  non seulement mon père refusait toujours de m'écouter mais en plus il se permettait de juger sans avoir aucune idée de ce qui se passait.

- Ça n'a rien à voir ! Tu ferais mieux de m'écouter avant d'exposer tes théories délirantes !

- Oh mais je sais de quoi je parle ma grande ! Ces monstres sont partout et nous empoisonnent l'existence. Ils te détraquent à petit feu. D'abord ils gagnent ta confiance puis avec leur position influente, ils t'écrasent et te contrôlent !

- Yann n'est pas un monstre et si tu me laissais cinq...

Ses yeux lancèrent des éclairs. Je me suis efforcée de rester impassible alors qu'il frappait violemment du poing sur la table.

- Tu ne l'approcheras plus jamais !

- Tu ne peux pas décider de ce que je fais !

Il s'approcha dangereusement de moi, l'air menaçant. Je devais faire appel à toute ma volonté pour ne pas craquer.

- Tu es privée de sortie, donnes moi ton téléphone !

- C'est n'importe quoi ! Je vais avoir vingt ans le mois prochain, je suis majeure, tu ne peux pas m'interdire quoi que ce soit !

- Tu vis sous mon toit alors tu obéis à mes règles, tu ne sais pas ce qui est bien pour toi. Nous faisons ça pour ton bien !

C'était faux. Il était juste dégoûté d'avoir perdu le contrôle qu'il exerçait sur moi. J'avais peur et je ne voyais pas comment me sortir de cette situation, il refusait catégoriquement d'écouter ce que j'avais à lui dire.

- Ton portable ! Maintenant !

Il avait crié tellement fort que j'avais sursauté.

- Nina ne m'oblige pas à te le prendre de force !

Je m'écartais vivement de lui, jetais le téléphone sur la table et me précipitais vers l'escalier.

- Tu es abominable ! Je te déteste ! criai-je en montant quatre à quatre.

Je constatais en entrant dans ma chambre que mon ordinateur et ma tablette avaient disparu. Il avait dû les confisquer également. Peut-être pensait-il qu'en me privant de tout moyen de communication, je finirais par oublier Yann. Mais ce ne serait jamais le cas. Je portais une main à mon pendentif et me laissais tomber sur mon lit, le cœur gros. 

Je ne pouvais pas sortir. J'aurais peut-être pu fuir mais je n'aurais nulle part où aller et cela ne règlerait pas le problème. Je ne pouvais pas communiquer avec le monde extérieur non plus. Voilà comment j'étais devenue prisonnière de ma propre maison.

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