Chapitre 50 :

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J'aurais vraiment voulu vous dire que ça m'importait peu et que de toute manière ça ne m'avait pas plus. Mais la réalité était pire. Ce baiser, je n'avais jamais ressenti une telle chose par le passé, j'avais eu l'impression d'être transportée en quelques secondes.

Mon cœur battait à se rompre et je ne parvenais pas à le calmer. Je me rappelais alors qu'il n'avait pas fait que m'embrasser. J'ai jeté un coup d'œil à ma poche. La main tremblante, j'ai récupéré la feuille que m'avais laissé Yann plus tôt dans la journée. J'ai tout déplié, constatant qu'il s'agissait d'une lettre qui m'était adressée. L'écriture était assez jolie, soignée et légèrement alambiquée. J'ai pris une profonde inspiration avant d'oser me lancer.

Nina,

Je n'ai pas l'habitude d'écrire aux autres de cette manière. Mais je pense que tu seras plus à l'aise en me lisant. J'ai découvert il y a quelques temps que les muses pouvaient bel et bien exister. Tu m'as inspirée Nina, avant même que tu en aies conscience, avant même que tu ne me connaisses réellement. Peut-être que ce qui m'a attiré chez toi au début c'était ton côté secret, mystérieux, distante. J'avais envie de te connaître, de comprendre comment tu pouvais m'inspirer autant. 

Je ne te l'ai pas dit mais j'ai repoussé mon départ pour Paris pour pouvoir te donner quelques cours de plus. J'ai demandé à Baptiste de me remplacer pour suivre un minimum ton parcours. Ce qui n'était pas mon idée la plus brillante, je te l'accorde. Ce n'était juste ni pour toi, ni pour lui. Mais je dois avouer que cela me rassurait. J'aurais du t'avertir dès le début que nous étions deux. N'en veut pas à mon frère, il avait beaucoup de choses à gérer, notre nièce notamment. Quoiqu'il en soit, j'aurais du le laisser en dehors de tout cela.

Je suis soulagé d'avoir pu mettre les choses au clair avec toi une fois revenu de Paris. Je suis aussi rassuré que tu n'aies pas mal pris tout ce qui s'est passé. Pour tout t'avouer, même si tu t'en es peut-être doutée, tu n'es pas seulement une muse pour moi, j'ai des sentiments pour toi. Des sentiments que je ne pouvais plus garder pour moi. Je sais que la situation n'est pas simple. Je sais que tu as beaucoup en tête, que tu as des doutes, des questions... Tu as vécu des choses difficiles et je sais que cette année s'est avérée compliquée pour toi. Tu encaisses tout sans jamais te plaindre, je crois que tu ne te rends pas compte de la force que cela nécessite. Mais je sais que tu as besoin, comme tout le monde, une fois de temps de tout évacuer, de mettre des mots sur ce qui se passe.

Exprimer ce que je ressens n'a jamais été vraiment problématique pour moi, je le fais très souvent à travers l'art, mais je sais que ce n'est pas aussi facile pour toi. Alors s'il le faut j'attendrai.

Je passe par le parc du centre-ville tous les après-midi, j'aime bien m'asseoir sous le saule et dessiner. Si jamais tu souhaites discuter, tu sauras où me trouver. Et si jamais tu préfères passer par l'écrit, il y a un moment que je n'ai pas reçu de lettre. Un peu de courrier ne me ferait pas de mal.

Sincèrement,

Yann Alexis Hart

Je suis restée sans voix un long moment, j'ai serré entre mes doigts le morceau de papier, les yeux écarquillés. Je ne savais que penser, je ne savais que faire. Aller le retrouver un après-midi au parc ? Je ne pouvais pas le faire, c'était insensé, complètement fou et impossible.

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