Chapitre 54 :

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- Ça c'est notre héritage, à mon frère, ma sœur et moi...

- Votre héritage ?

- C'est aussi le lieu qui m'a permis de devenir ce que je suis, la maison de mes parents !

- La maison de...

- Ne t'inquiète pas, je ne vais pas faire les présentations ! Ils nous ont quittés lorsque Baptiste et moi avions quinze ans...

J'ai senti sa main se contracter légèrement dans la mienne. Je l'ai lentement caressée avec mon pouce. C'était la première fois qu'il me paraissait légèrement tendu.

- Je voulais juste te montrer d'où je viens et l'endroit où j'ai grandi. Je voulais te montrer qui je suis, parce que je tiens à toi.

- Donc, la maison est à vous trois ?

- Oui, on n'a jamais eu le courage de la revendre. On y revient de temps à autre, tout nettoyer et se remémorer les bons souvenirs...

- Et qu'est-ce qui est arrivé... Je... non, désolée...

Il a lâché ma main pour me prendre par l'épaule et m'attirer vers lui.

- Ça va, c'était il y a presque neuf ans maintenant. Ils ont eu un accident de voiture, ils ont été fauchés par un conducteur de quatre-quatre qui a fait une crise cardiaque au volant. Ce n'était même pas de sa faute, juste un manque de chance pour tout le monde !

- C'est horrible, je...

Il a posé un doigt sur mes lèvres et embrassé le front pendant un certain temps avant de s'écarter et afficher un petit sourire.

- Je ne voulais pas que tu aies pitié de moi, je crois qu'on ferait mieux de retrouver une ambiance plus joyeuse !

Nous sommes retournés à la voiture et il m'a emmenée chez lui. Son appartement se trouvait non loin de chez moi. Il était assez spacieux et situé au rez-de-chaussée. La baie vitrée donnait sur un petit jardin et laissait pénétrer la lumière. Des toiles plus ou moins terminées étaient entreposées sur des chevalets ou contre des meubles. Du matériel de dessin, peinture et encre était disposé sur un guéridon à hauteur de hanche juste à côté des toiles. Autrement dit, j'adorais déjà cet endroit. Yann m'a invitée à m'asseoir dans le canapé. Il est venu s'installer à côté de moi. Il semblait assez décontracté comme à son habitude. J'ai jeté un coup d'œil aux toiles. J'ai repéré des photos, de son frère et lui, de sa sœur, sa nièce et un couple qui devait être ses parents. Il y avait une photo de chien aussi. Il a suivi mon regard et esquissé un petit sourire.

- Ce n'est pas mon chien, la photo était déjà dans le cadre, Apolline la trouvait jolie alors elle m'a demandé de la laisser, je n'ai pas d'animaux, enfin plus... J'ai eu un poisson rouge une fois, il s'appelait, attention, ne te moque pas, Fromage !

- Fromage ?!

Je n'ai pu m'empêcher de sourire tellement c'était étrange pour un poisson.

- Il faut savoir que j'étais très petit et que je ne faisais pas la différence entre la mauvaise odeur de certains poissons et celle de certains fromages !

- Moi j'ai eu un hamster, il s'appelait Bidouille parce que je trouvais ça rigolo...

- Bidouille et Fromage, ils auraient fait la paire !

J'ai vraiment souri cette fois, lui aussi et j'ai senti ma peau se réchauffer.

- Tant qu'on est au souvenir d'enfance ridicules quand j'avais 3 ans, j'ai coupé une partie de mon tee-shirt parce que ma mère avait dit qu'il était encore un peu trop grand...

Là par contre, j'ai éclaté de rire. Rien qu'à l'idée d'imaginer le petit garçon de 3 ans montrer fièrement à sa mère qu'il avait réglé le problème de taille.

- Eh ! On avait dit qu'on ne rigolerait pas ! a-t-il protesté.

- Je n'ai jamais dit ça ! ai-je répliqué.

Pour se venger, il a lancé un coussin au hasard dans ma direction. J'ai riposté et notre discussion s'est terminée en bataille de polochon. J'ai fini par me retrouver à ramper au sol pour récupérer un coussin. Au moment où je me retournais, je l'ai vu penché juste au-dessus de moi.

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