Chapitre 37 :

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Il a souri légèrement, son regard toujours rivé sur la route. Il a changé de conversation et nous a déposés à la maison.

Quelques minutes plus tard, mon père était rentré, heureusement qu'on était arrivé plus tôt, sinon il aurait été capable d'inviter M. Hart à boire un café ou même pire, à manger. Nous avons reçu un appel, mon père a décroché, il s'est immédiatement isolé dans la cuisine ce que je trouvais très étrange. Il était souvent très démonstratif lors de ses appels téléphoniques, il ne s'embêtait pas à aller dans une autre pièce ou je ne sais quoi. Lorsqu'il est revenu, je n'ai pas réussi à déchiffrer l'expression de son visage. Il a reposé le téléphone sur son socle et est revenu vers moi.

- C'était le commissariat, ils pensent avoir arrêté un de tes agresseur, ils voudraient que tu ailles l'identifier...

- D'accord...

C'est la seule chose que j'ai trouvé à répondre. Mon père a froncé les sourcils.

- Tout va bien ? Ça ne te pose pas de problème ?

- Non, non, ça va...

Nous avons pris la voiture et nous nous sommes rendus au commissariat. C'est le commissaire Lebrun qui nous a accueillis, il m'a a ensuite dirigée vers une pièce assez sombre dans laquelle une énorme vitre permettait de voir la pièce voisine. Je savais que la pièce en question était celle des interrogatoires et que ceux qui s'y trouvaient ne pouvaient pas me voir. Le commissaire m'a encouragée à m'approcher de la vitre.

- Tu peux simplement commencer par me dire si tu le reconnais ou non, nous verrons après s'il est nécessaire d'engager une confrontation....

- D'accord...

Je me suis avancée vers la vitre et j'ai pu observer la pièce d'à côté. Elle était assez petite et comportait uniquement une table et deux chaises. Un jeune homme blond était assis sur l'une des chaises. Il portait un ample gilet gris, un tee-shirt noir et un jogging kaki. J'ai reculé d'un pas, les mains tremblantes. Le commissaire a froncé les sourcils et s'est tourné vers moi.

- Tout va bien ? Tu le reconnais ?

- Je... Oui... c'est... c'était le plus jeune des trois...

- Très bien, je pense qu'on va en rester là pour aujourd'hui, tu peux rentrer chez toi !

J'ai pressé mon père de rentrer à la maison. J'avais l'impression d'avoir du mal à respirer et je sentais ma joue et mon poignet s'échauffer, comme en souvenir de mes blessures. J'ai passé un long moment les yeux grands ouverts incapable de trouver le sommeil ce soir-là. J'ai fini par me coucher avec des yeux explosés, à une heure tardive de la nuit.

Le lendemain, je me rendais à une exposition dans une galerie d'art. J'avais proposé à Quentin de venir avec moi mais il n'était pas disponible, je ne voulais pas me retrouver seule avec Clément et mes autres amis n'étaient pas forcément fans d'art. Je m'y suis donc rendue seule. Je me suis très vite arrêtée devant une toile du même artiste que la toile que j'avais mise en fond d'écran. Celle-ci était aussi réussie que la précédente. Ces toiles me faisaient ressentir tellement d'émotions à la fois, l'artiste était vraiment très doué.

- C'est très beau n'est-ce pas ?

J'ai failli sursauter, je me suis retournée et j'ai alors reconnu le directeur de musée que j'avais vu peu auparavant.

- Oui en effet, c'est magnifique!

- C'est de cet artiste-là que je vous parlais la dernière fois, vous comprenez pourquoi je suis tellement déçu qu'il ne nous propose plus de nouveautés...

- C'est l'artiste dont vous parliez la dernière fois qui a réalisé ça ?!

- Oui, c'est une de ses anciennes toiles...

Il a regardé le tableau d'un œil mélancolique pendant quelques secondes avant de se tourner à nouveau vers moi.

- Peut-être qu'il va passer faire un tour, mais je suis peu optimiste...

Il s'est ensuite éloigné, le visage presque chagriné. Moi je n'ai pas pu bouger. J'ai regardé la signature « Ah », se pouvait-il que l'auteur de ce tableau soit Alexis ? Le fameux Alexis dont tout le monde parlait. Je me demandais quelle pouvait être l'origine de cette signature. J'ai attrapé le catalogue de l'expo, il en était dit très peu sur « Ah », seulement qu'il s'agissait d'un jeune artiste, très talentueux. J'ai essayé d'imaginer pourquoi Alexis avait choisi ce pseudonyme. Avant de finalement me dire qu'il s'agissait probablement de ses initiales accolées qui formaient l'onomatopée « ah ». C'est à ce moment-là que j'ai commencé à établir des liens dans ma tête, ce fameux Alexis devait avoir un lien avec Rémy Vanne et Yann Hart et s'il ressemblait à ce dernier, en plus d'avoir la même initiale de nom de famille. Peut-être étaient-ils apparentés, de la même famille. Des cousins, des frères ou même des jumeaux.

Je vous l'accorde, je m'étais peut-être légèrement emballée à cause d'un simple pseudonyme mais mon cerveau carburait à cent à l'heure. Je crois que les seules œuvres auxquelles j'ai accordé un tant soit peu d'intérêt furent celles signées « Ah ». Une fois que je me suis rendue compte qu'il n'y en avait plus, je suis ressortie.

 Une fois que je me suis rendue compte qu'il n'y en avait plus, je suis ressortie

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