▬ Chapitre 91 : Alma.

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   27 mai 1926, 13h33.

   Arrow House, Birmingham.

   Depuis leur conversation de la veille, Alma n'a pas revu Tommy. Elle n'a pas vu grand-monde, d'ailleurs : Linda était venue chercher Charlie l'après-midi pour qu'il passe l'après-midi chez eux, à jouer avec son cousin Billy, qui est à peu près aussi âgé que lui. En venant le récupérer, Linda a demandé à Alma si elle souhaitait venir elle aussi pour un thé, mais elle a poliment décliné l'offre.

   Non, Alma avait déjà tout un programme de prévu pour le reste de la journée : retourner se coucher après le repas de midi et ne pas quitter son lit jusqu'au dîner. 

   Même pendant ses journées de travail de quatorze heures à l'hôpital, elle n'a pas l'impression d'avoir jamais été aussi fatiguée qu'aujourd'hui. En moins d'une semaine, il y a eu :

   Oswald, qui a tenté de la tuer. Maximilian, qui a voulu la violer. 

   Tommy, qui...

   Elle ne sait pas quoi faire de Tommy.

   Elle n'arrive pas à le détester, et sait qu'elle ne le pourra probablement jamais. Et elle en a marre de se forcer à essayer - de toute évidence, la haine, comme l'amour, ne peut pas être imposée.

   Si elle ne peut le forcer à l'aimer, alors lui ne peut pas la forcer à le détester. Même si c'est visiblement ce qu'il s'obstine, s'obstine et s'obstine à faire : à chaque fois qu'elle a le sentiment qu'enfin, elle tient quelque chose, qu'enfin, il va la laisser s'approcher, elle se prend un mur.

   Pendant tout l'après-midi, Alma a essayé de déterminer si c'était une trop grande dose de naïveté, ou bien de la stupidité pure et simple qui faisait qu'elle était encore à Arrow House à cet instant. Probablement un peu des deux. 

   Etant donné qu'elle avait passé les trois quarts de la journée à somnoler, elle n'a presque pas dormi de la nuit et le Soleil commençait déjà à se lever lorsqu'elle a fini par rejoindre Morphée. En conséquent, Charlie était en train de manger son repas de midi quand elle est descendue dans la salle à manger, venant à peine de se réveiller.

- Tu t'es bien amusé avec Billy, hier? lui demande-t-elle en le prenant sur ses genoux. (Du mieux qu'il peut - c'est-à-dire pas très bien -, le petit est en train de planter sa cuiller dans sa purée.) Oh, mais qu'est-ce qu'elle m'embête maman avec ses questions... Attends -

   D'une main, elle tient l'assiette sur la table pour ne pas qu'elle s'en aille. A l'autre bout de la table, Frances est occupée à couper une pomme en petits bouts pour le dessert de Charlie.

- Charlie a vu une biche, hier, commente-t-elle. Il y en a une qui est passée dans le jardin, tout près de la maison.

- C'est vrai, Charlie, tu as vu une biche? (La purée l'intéresse plus que les questions des adultes.) Je ne pensais pas qu'elles s'aventuraient aussi près de la civilisation. La dernière fois que j'en ai vu une, c'était... je ne saurais même plus dire.

- Après, je dis biche parce que c'est ce que monsieur Arthur a dit, mais selon moi, ça aurait aussi pu être un chevreuil...

   Alma et Frances continuent de papoter de la différence entre biche et chevreuil le temps que Charlie finisse son repas. En temps normal, c'est à peu près à ce moment qu'il aurait commencé à fatiguer et que Frances l'aurait emmené faire sa sieste, mais pour une raison ou une autre, Charlie avait plutôt l'air d'être capable de courir un marathon qu'autre chose. Alors Alma a dit à Frances qu'elle allait se charger de la situation - sans sa sieste de l'après-midi, le rythme de sommeil de Charlie durement acquis risque de partir aux oubliettes et on ne voudrait pas ça.

Thomas Shelby » Peaky Blindersजहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें