▬ Chapitre 42 : Alma.

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   Pendant ce temps-là...

   Résidence Mosley, Smethwick House, Smethwick.

- Alma, ne traîne pas comme ça. (En la voyant avancer lentement à travers les herbes hautes, Oswald Mosley s'impatiente.) Dépêche-toi, je n'ai pas la journée devant moi.

- Je fais ce que je peux, idiot, marmonne-t-elle en tentant de rassembler les pans de sa robe au-dessus de ses genoux pour pouvoir avancer. 

   La foule serait unanimement d'accord pour affirmer que le port de jupons lors d'une sortie de chasse devient un concept quelque peu archaïque, d'autant plus lorsque les participants se déplacent à pied et non à cheval. Mais lorsqu'il l'a vue descendre en pantalon ce matin, Ossie a fait mine d'être face à la chose la plus scandaleuse sur laquelle il lui ait jamais été donné de poser le regard et Alma n'a pas eu envie de discuter. Une robe cela a donc été, un modèle vert foncé conçu pour les sports de plein air que leur mère portait à la fin du siècle dernier. 

   Ce qu'Alma trouve tout aussi archaïque que la robe qu'elle est forcée de porter, c'est ce stupide concept de parties de chasse. Oswald peut acheter n'importe quelle viande de n'importe quel animal, aussi exotique soit-elle, mais non, cela ne lui suffit pas : tous les samedis, il faut qu'il prenne son fusil et aille tuer quelques volatiles sur ses terres. A chaque fois, il est convaincu de revenir avec un cerf ou au moins un chevreuil dont il pourra exposer les bois dans le salon, et à chaque fois, il ne ramène rien de plus qu'un ou deux petits faisans. Petits faisans qu'il ne mange même pas ensuite parce que monsieur n'aime pas cela.

- Je ne pense pas que l'on trouvera encore quelque chose aujourd'hui, soupire Alma en enjambant un petit ruisseau en lisière de forêt. Il commence à faire tard, on devrait rentrer.

- Tais-toi. 

   D'accord. 

   La seule raison pour laquelle Alma a accepté de suivre son frère dans ses péripéties de chasse, c'est parce qu'il ne lui aurait pas fichu la paix sinon. Cela ne fait que trois jours qu'elle est à Smethwick et, à chaque fois qu'elle a l'audace de faire quelque chose dans son coin - lire dans sa chambre, faire de la broderie sur la terrasse -, Oswald la harponne à coups de «à quoi cela sert-il que tu viennes en vacances sous mon toit si c'est pour faire bande à part toute la journée? C'est comme ça que tu te comportes à chaque fois que tu es invitée quelque part? Que diraient nos pauvres parents de ton comportement?».

   Alors Alma a cédé. Pour avoir la paix, mais également pour le plaisir de saboter sa partie de chasse - avec le bruit que font ses jupes à chaque pas, tous les animaux à des kilomètres à la ronde sont avertis de la présence d'un humain mal intentionné sur leur territoire.

   Mais là, c'en est trop pour elle. Alma reste plantée sur place à côté du ruisseau, attendant qu'Ossie s'aperçoive qu'il l'a perdue en cours de route et fasse demi-tour.

   Elle attend en croisant les bras et... attend. Le temps qu'il remarque l'absence de sa sœur, Alma aurait eu le temps d'apprendre par cœur les déclinaisons d'une dizaine de noms latins au moins.

- Alma! s'exclame-t-il en réapparaissant des sous-bois, son fusil attaché en travers du dos. Je peux savoir ce que tu crois faire? 

- Ma jambe me fait mal.

   Ce qui n'est pas mentir. Les cinq entailles qui lacéraient sa cuisse ont eu le temps de guérir, mais leur cicatrisation n'est pas encore complètement terminée. L'activité physique lui a été recommandée par le médecin pour que ses muscles restent malgré tout en activité, mais pour aujourd'hui, Alma estime que deux heures sans pause sont plus que les recommandations médicales.

Thomas Shelby » Peaky BlindersDonde viven las historias. Descúbrelo ahora