Thomas Shelby » Peaky Blinders

▬ Chapitre 16 : Alma.

   A sa grande surprise, elle s'est endormie assez rapidement hier soir. En revanche, sa paix n'a été que de courte durée : à 6 heures 31 du matin, elle était parfaitement réveillée. Ne sachant pas trop comment se passe l'organisation ici, elle n'a pas voulu sonner pour faire venir une femme de chambre. Si elle avait encore été à la maison, au domaine Mosley, elle aurait sonné sans hésiter ; Betsy était généralement déjà sur pieds à cette heure-ci et qu'elle vienne aider Alma à se préparer à 6 ou 8 heures du matin ne change pas grand-chose à son programme.

   Mais Betsy n'est pas encore ici - elle a eu droit à deux semaines de vacances bien méritées et ne rejoindra Alma à Arrow House qu'en janvier.

   Alma est restée au lit jusqu'à ce que la grande pendule dorée en face de son lit annonce par un petit clic le passage aux 8 heures. Ensuite, elle s'est levée, a fait un tour dans sa salle d'eau privée et en est ressortie avec les cheveux en boucles lâches - le reste de sa coiffure de mariage d'hier - et vêtue d'une robe bleu nuit en tissus épais. C'est une des robes qu'Oswald lui a fait confectionner en quatrième vitesse juste avant le mariage ; des robes qui coûtent probablement plus cher que tous les vêtements qu'elle a possédé au fil de son existence, et dont le seul objectif était de montrer à Thomas Shelby que «vous voyez à quel point je suis riche? Regardez comment je fais habiller ma sœur».

   Si elle avait eu voix au chapitre, Alma n'aurait pas choisi cette robe. La couleur lui va au teint, certes, mais elle est cintrée assez bas - comme le veut la mode en ce moment - et ce n'est pas ce qui lui va au mieux. 

   Malgré la moquette, le parquet craque sous ses pas tandis qu'elle sort de sa chambre. Elle se trouve au premier étage, au bout d'un long couloir qui se termine par un escalier qu'elle emprunte en descendant. 

   La maisonnée a l'air de dormir encore. Alma fait un crochet par la salle à manger en espérant que la table du petit déjeuner y ait déjà été préparée, mais rien ne trône sur la nappe blanche. 

   Ne sachant pas où aller ni quoi faire, elle décide de sortir prendre l'air. Quand elle était en France, elle n'avait pas le luxe de pouvoir faire un tour à l'extérieur dès que... dès que tout devenait de trop à l'hôpital. Depuis la fin de la guerre, Alma a pris pour habitude de savourer cette liberté - même si elle n'est qu'illusion - et faire des promenades est au fil des mois devenu son moyen privilégié pour se remettre les idées en place. Pour pouvoir prétendre, pendant quelques heures, que tout ce qu'elle laisse temporairement derrière elle n'existe plus.

   Et là, elle a besoin de faire comme si Arrow House n'existait pas. Comme si Thomas Shelby ne... ne se trouvait pas à 30 mètres d'elle sans n'en avoir absolument rien à faire.

   Elle trouve son manteau dans un placard dans l'entrée et l'enfile. 

   Dehors, le jour se lève à peine. Elle ouvre la lourde porte d'entrée et au moment où elle la referme derrière elle, se rend compte qu'elle n'a pas de clé. Tant pis.

   Ne sachant pas où aller, elle emprunte le chemin de graviers qui mène à ce qui doit être l'écurie. Une petite partie des écuries, plutôt - de ce qu'elle a entendu, Thomas Shelby possède des dizaines de chevaux de course et elle doute qu'ils arrivent tous à rentrer dans le petit bâtiment. 

   La grande porte en bois coulissante est entrouverte. Alma se faufile à travers. Quelques lampes sont allumées, les palefreniers doivent déjà être en train de s'activer. Les mains dans les poches de son manteau, elle longe les box, s'arrêtant de temps à autres pour lire le nom du cheval inscrit sur la plaque du box ou pour caresser du bout des doigts le nez de certains animaux qui la dévisagent à travers les barreaux comme s'ils s'attendaient à ce qu'elle leur donne à manger. Ce cheval en particulier, un beau hongre alezan, la regarde d'un air on ne peut plus intéressé.