▬ Chapitre 83 : Thomas Shelby.

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   25 mai 1926, 20h57.

   Arrow House, Birmingham.

- Tu te souviens du premier jour où on s'est parlés?

   Alma hausse un sourcil en l'entendant poser cette question. Elle semble hésiter pendant un moment, puis finit par hocher la tête tout en repliant une jambe sous elle sur le canapé.

   Tommy a pris place sur un fauteuil à sa droite. Ils sont rentrés au manoir il y a un petit moment déjà, et il lui a donné rendez-vous à 21 heures dans le salon. Entre temps, Alma a eu le temps de troquer ses habits d'équitation pour une robe couleur crème, qui semble avoir été cousue de sorte à ce qu'il soit impossible à dire s'il s'agit d'une chemise de nuit ou une robe qui peut être portée en société. Alma a jeté un léger châle de la même couleur autour de ses épaules.

- Tu m'avais recousu la main, dit-il en passant ses doigts à l'endroit où il avait été blessé par balle. Je n'ai presque pas de cicatrice.

- J'ai toujours eu un don pour la couture. Sois content que ce ne soit pas Karishma qui soit passée par là.

- Pendant que tu me recousais, il y avait une mèche de tes cheveux qui n'arrêtait pas de s'échapper de ton chignon. J'ai failli te la remettre derrière l'oreille, mais étant donné que cela ne faisait que quelques minutes que nous avions fait connaissance, j'ai trouvé que ç'aurait été peu avisé. 

- Effectivement, confirme-t-elle en se tournant un peu plus vers lui. (Elle pose une main contre le dossier du canapé, puis appuie le bas de sa joue sur ses doigts.) C'est donc pour ça que tu m'as donné rendez-vous à 21 heures dans le salon? Pour parler des cheveux que j'avais en 1916?

- Non, admet-il. Je voulais simplement...

   Commencer en te disant que je me souviens de 1916. Que je me souviens de chacune de nos conversations, de chaque fois où je t'ai aperçue travailler au loin, même quand tu ne t'en rendais pas compte.

- ...simplement?

- Simplement remettre les choses en ordre, complète-t-il. J'aurais dû tout te raconter il y a des mois, mais... C'était compliqué.

- Et maintenant, ce n'est plus compliqué?

- C'est différemment compliqué. (Il s'adosse contre le dossier du fauteuil, pose un bras sur chaque accoudoir.) Tu te souviens du jour où je suis mort? Le 18 décembre 1926?

- Ce ne sont pas des choses que l'on oublie facilement. 

- Je ne suis pas mort, ce jour-là. C'aurait probablement été mieux pour tout le monde si cela avait été le cas, mais... (Alma lui lance un regard noir, ce qui le fait sourire. Elle est trop gentille pour son propre bien.) Mais j'ai été sacrément secoué par l'explosion. Je suis resté dans un état comateux pendant près d'une semaine avant de me réveiller dans un autre hôpital, à près de cinquante kilomètres de celui de la brigade.

- Qu'est-ce que tu avais? 

- Ce sont surtout les fumées qui m'ont blessées, pas les flammes. Pendant trois mois, j'ai régulièrement craché du sang et le docteur m'avait même prévenu que ça continuerait jusqu'à la fin de mes jours. Il s'est trompé, heureusement. En février 1917, j'ai été renvoyé au front, près de Soissons cette fois-ci.

- Soissons - tu étais à la bataille du Chemin des Dames, alors?

   Il hoche la tête. Alma soupire. Oui, il y était, sur ce maudit combat qui fut l'un des plus violents de la guerre. Il y est resté jusqu'en octobre de la même année.

Thomas Shelby » Peaky BlindersWhere stories live. Discover now