Chapitre 25 : Compris Miller ?

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Point de vue Izira

Quelques bonnes minutes se sont écoulées, la cloche avait sonné, on entendait toujours le ''ploc''de la goutte d'eau contre la céramique du lavabo et le bruit assourdissant de la ventilation mais je me sentais bien. Je ne sais pas si j'étais dans les bras de la bonne personne mais je me sentais mieux, tellement mieux. Nous étions toujours assis par terre sur le carrelage froid de notre cabine mais en même temps j'avais bien chaud. Ma tête reposée sur son épaule bien humide de mes récentes larmes tombées dessus et mes bras s'accrochaient fermement à sa taille comme si je ne voulais pas que ma source de chaleur et de réconfort s'en aille. Ses bras enveloppés mon corps tout entier dans une douce étreinte et mon cœur en était apaisé. Rien que ses bras réussissait à effacer toute la tristesse, la colère et la rancœur accumulés depuis plusieurs heures. En une seule étreinte. Il m'énervait autant que j'avais besoin de lui, mais ça je ne lui dirai jamais c'était au dessus de mes forces. Mon égo est blessé, je ne peux pas lui dire, de toute façon il ne me croirait pas. S'il était en face de moi je n'aurai jamais le cran de lui dire la vérité, ses yeux qui me fixaient me perturbaient tellement que mes mots resteraient coincés dans ma gorge sans vouloir sortir. J'aurai l'air bête à ce moment là, lui en face de moi et juste le silence, celui que nous avons toujours gardé encore une fois entre nous. Nous empêchant de dire la vérité à l'autre.

Je profitais seulement de ce silence qui en ce moment était pour moi si apaisant que nous n'avions pas besoin de mot. Juste ce silence. Je ne savais pas depuis combien de temps nous étions là mais notre cours était déjà commencé depuis un bon bout de temps, ça j'en étais sûre. Mais bizarrement je m'en fichais totalement et c'était bien la dernière de mes priorités. Ce n'était pas mon genre pourtant de sécher les cours. Comme quoi l'individu présent à mes côtés avait vraiment une mauvaise influence sur moi. Je dirai que c'était de sa faute.

Peu de temps après je commençais à me sentir oppressée dans cette cabine qui me paraissait maintenant minuscule, j'avais besoin d'espace et d'air surtout. Alors me défaisant de l'étreinte de mon âme-sœur et m'éloignant de ses bras je me suis relevée. Il me regarda sans rien dire et je tendis la main dans sa direction pour qu'il me donne la sienne. Puis main dans la main nous sommes sortis dans les couloirs déserts du lycée. Aucun bruit n'était audible hormis peut-être la voix d'un professeur faisant cours ou une classe trop bruyante. Je tirais doucement sur sa main en avançant et il me suivait sans rien dire.

Plusieurs portes et un escalier plus tard nous étions sur le toit à l'air libre, enfin. J'ai lâché sa main et me suis rapprochée du muret pour regarder un peu mieux la ville qui s'étendait devant nous à perte de vue. Je respirais enfin, je n'en pouvais plus. Avec mes expirations j'avais comme l'impression que le poids sur mes épaules s'envolait loin, très loin. En espérant qu'il ne revienne jamais.

Je laissais mes pensées dériver, partir, revenir puis dériver de nouveau. Rien n'était clair dans ma tête, tout se mélangeait, tout se bousculait et je ne pensais pas vraiment à une seule chose mais plusieurs qui s'entremêlaient. Comment j'allais bien pouvoir parler de ça à Chloée et Solène ? Et Taehyung ? Taehyung... Je l'avais totalement oublié le pauvre... Je m'en voulais tellement à propos de lui, ça me comprimait la poitrine, une horrible sensation. Je pris mon visage entre mes mains pour essayer de me remettre les idées en place mais cela ne fonctionnait pas vraiment. Je gardais mon visage caché en espérant que le temps autour de moi allait s'arrêter et que mes problèmes s'en iront avec lui. Ce serait si bien. Malheureusement j'ouvris les yeux et rien n'avait vraiment changé. Alors je souris avec un air nostalgique sur le visage. Je regardais le toit des immeubles autour de moi et une énième larme perla au coin de mon œil droit avant de rouler sur ma joue. Cette seule larme me fit du bien, étrange. Mais ce qui me fit encore plus de bien malgré moi ce fut les deux bras de mon âme-sœur qui se sont enroulés autour de ma taille dans mon dos. La chaleur de son torse m'apaisait et je me sentais mieux.

La position fœtale avec un oreiller tout doux entre nos bras bien enroulé dans notre couette quand nous ne sommes pas très bien et définitivement la meilleure des solutions. C'est celle que j'ai décidé d'adopter dans mon lit une fois rentrée chez moi. Je n'avais la force de rien faire et le vibreur de mon téléphone qui ne cessait de s'allumer ne me motivait pas davantage à sortir la tête de sous mes draps.

Soudain j'entendis la porte de ma chambre s'ouvrir mais rien ne me fit lever le petit doigt en dehors de mon actuelle zone de confort. Je sentis ma couette s'affaisser à côté de mes jambes puis une voix parvint jusqu'à mes oreilles.

Jungkook : Tu vas te laisser mourir comme ça maintenant ?

Ma voix était étouffée à cause de ma couverture alors je fis exprès de parler plus fort pour qu'il puisse bien entendre ce que j'avais à lui dire :

Izira : Exactement ! Comme ça je t'emmènerai avec moi dans mon trépas !

J'entendis par la suite son rire qui ma parut franc pour une fois.

Jungkook : Cela ne sert à rien de vouloir mourir pour quasiment rien. J'ai vu avec les gars, de mon côté, ils ne diront rien.

Je repris sans sortir la tête de sous la couette. Il devait entendre une voix à moitié étouffée sous la couche de couvertures.

Izira : Comme si les personnes que tu fréquentais étaient fiables.

Jungkook : Crois-le ou non, ce n'est pas mon problème, je les connais bien.

Je soupirais sous mes draps et mon expiration me revint en pleine face à cause de ma zone de respiration assez restreinte dans mon lit.

Jungkook : Maintenant à toi de voir de ton côté, je n'ai pas envie que tout le lycée soit au courant dès demain matin. Si tu veux bien, ça m'arrangerait de finir mon année scolaire tranquillement.

Il se leva de mon lit et ses pas s'éloignèrent probablement en direction de la porte. Je mis ma tête dans mon oreiller car ce qu'il venait de me demander n'allait pas être une mince affaire. J'allais vraiment mûrir. Comment est-ce que j'allais bien pouvoir gérer ça ? Mes amis sont des personnes de confiance ce n'est pas le problème mais comment j'allais pouvoir leur expliquer que je leur avais menti durant toutes ses années ? Paix à mon cerveau j'allais lui faire de sacrés nœuds pour réfléchir à tout cela.

Depuis l'encadrement de ma porte j'entendis alors sa voix, comme pour m'achever un peu plus :

Jungkook : Compris Miller ?

J'ai donc crié bien fort dans mon oreiller pour lui répondre et qu'il l'entende de là où il était :

Izira : Oui !

Mon insupportable âme-sœurWhere stories live. Discover now