Chapitre 66 : Voyage en train

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Point de vue Izira

Nous avions repris nos valises dans la bagagerie de l'hôtel avant de nous diriger tous ensemble vers la gare. Nos billets compostés, nous sommes montés dans notre train avant de nous installer dans nos sièges. Je me suis mise à côté de la fenêtre et Jungkook s'installa sur le siège à ma gauche. J'essayais de regarder le paysage par la fenêtre mais à part les trains illuminés par les néons de la gare, je ne voyais rien, tout était noir. Après quelques minutes le train se mit en marche, direction chez nous.

J'étais exténuée, l'air de la mer m'avait énormément fatigué et je n'arrivais même plus à garder les yeux ouverts. La luminosité des lumières du train diminuait peu à peu afin de laisser les passagers dormir. Ce qui me tirait encore plus dans le monde des songes. Ne pouvant plus rester éveillée j'ai laissé ma tête s'appuyer contre la vitre froide et dure de la fenêtre. Et comme venait de le qualifier ces deux adjectifs, c'était froid et dur, donc définitivement inconfortable.

Mes sourcils se sont froncés d'eux-mêmes malgré mes yeux clos comme pour manifister mon mécontentement. Puis je sentis comme des doigts passer dans mes cheveux et une main attraper délicatement mon crâne pour le reposer sur quelque chose de nettement plus confortable. Mes yeux se sont à moitié ouverts et je vis seulement le cou de mon âme-sœur. Ma tête reposait contre son épaule, ses doigts avaient trouvé refuge entre mes mèches les caressant délicatement. Mon souffle venait se répercuter contre sa peau le faisant frissonner. Je pouvais respirer son parfum masculin et je me sentais bien.

L'obscurité avait pris place dans le vagon, ayant maintenant remplacé la lumière pour nous laisser dormir. Tous les passagers dormaient, à l'exception de nous deux. Cette scène avait quelque chose d'irréel et pourtant je me sentais bien, j'étais happée par cette atmosphère qui respirait la sérénité et le calme. Malgré cela, je ne dormais toujours pas. Les conditions étaient pourtant propices à sombrer dans le monde de Morphée mais quelque chose me maintenait éveillée.

J'ai relevé les yeux vers le visage du garçon qui me tenait dans ses bras protecteurs et son regard se perdit automatiquement dans le mien. Il parut d'abord étonné de voir que je ne dormais pas mais ses yeux me fixaient simplement, comme s'ils allaient scruter mes moindres faits et gestes.

Ce geste-là, je crois que j'en avais besoin.

Mes paumes sont venues prendre son beau visage délicatement en coupe. J'avais peur d'abîmer cette œuvre d'art qui se tenait juste en face de moi, sans bouger, et qui me regardait comme si c'était moi l'œuvre d'art. Mais je restais statique, je n'arrivais pas à bouger. Pourtant cette scène s'était déjà produite il y a quelques jours, mais peut-être que l'influence de l'alcool m'avait aidé. Malheureusement, maintenant j'étais hésitante. Certes la dernière fois, il ne m'avait pas repoussé mais lui aussi était un peu éméché. Et à cet instant précis, dans ce vagon plongé dans le noir, lui aussi était parfaitement lucide.

J'avais peur.

Il devait ressentir mes émotions puisqu'un beau sourire se dessina sur ses lèvres et ses mains remontèrent vers son visage pour caresser mes mains qui tenaient toujours ses joues. Puis il approcha son visage du mien et déposa dans une infinie douceur ses lèvres sur mon front. Des milliers de frissons ont alors parcouru mon corps et mes yeux se sont fermés d'eux-mêmes. Quand il s'éloigna, cette divine sensation fut aussitôt coupée et malgré moi je voulais de nouveau sentir ce torrent d'émotions et de sensations déferler dans mes veines.

Dès que mes yeux se sont rouverts j'ai retrouvé son regard et ma peur s'envola. J'ai rapproché son visage du mien avant de plaquer mes lèvres contre les siennes. Cette sensation qui m'avait tant manqué refit alors surface pour prendre mon être tout entier. Je me sentais complète, comme une moitié enfin retrouvée après tant d'années. Je voulais cet idiot avec moi, pour le meilleur et pour le pire, je devenais addicte à sa personne comme une drogue. Plus j'en prenais et plus j'en avais besoin, j'étais attirée par sa personne et une fois que j'étais avec lui je ne pouvais plus me résoudre à m'en détacher.

Il était ma moitié, mon âme-sœur, mon repère, mon cœur et toute ma vie. Mon âme tout simplement. Et après y avoir goûté je ne pourrai plus jamais reculer. J'allais devoir passer le restant de mes jours avec lui. C'est ce que mes parents m'avaient dit après ce fichu rendrez-vous chez le médecin en compagnie de ce garçon il y a onze ans. À l'époque je n'avais pas tout compris, mais j'avais aussitôt refusé. Je ne le connaissais pas et je le détestais. Mais maintenant après quelques années passées avec lui, certains hauts et certains bas, cette situation ne me parrassait plus insupportable à vivre.

Ses pouces carassaient tendrement mes poignets qui tenait toujours son visage et je commençais à le lâcher doucement. Je me sentais complètement à l'ouest, simplement avec le touché de ses lèvres sur les miennes j'étais partie à mille lieux d'ici. Mais bien sûr, même très loin il était toujours à mes côtés. Ce fut à son tour de prendre mon visage entre ses larges paumes. Ses mains étaient chaudes et cette sensation sur mes joues était plus qu'agréable. Il pressait plus fortement ses croissants de chair sur les miennes et je sentais mon cœur fondre dans ma poitrine.

Ma respiration était erratique, mon cœur battait à tout rompre et mon cerveau n'arrivait même plus à aligner deux pensées correctes. Ce baiser était pour l'instant ma seule préoccupation. Ses lèvres mouvaient contre les miennes presque trop parfaitement ce qui me fit d'autant plus perdre la tête. Je ne savais même pas comment nous avions fait pour nous détester durant ces dernières années. À cet instant précis c'était impossible pour moi d'haïr cette personne, même si je l'avais fait pendant très longtemps. Quoique il avait bien jouer le jeu aussi.

C'était assez contradictoire de côtoyer le paradis avec un démon.

Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés comme ça mais j'ai fini par le repousser délicatement par manque de souffle. Ses paupières se sont rouvertes et ses yeux noirs étaient comme voilés de désir. Ses joues étaient rosées, ses lèvres rouges et humides de notre échange et sa poitrine s'abaissait et se relevait au rythme de sa respiration rapide. Qu'est ce qu'il était beau comme ça. Il me fit un sourire digne de celui d'un ange ce qui m'acheva un peu plus. Je n'ai même pas réussi à contrôler mes lèvres qui se sont à leur tour étirer pour lui dévoiler mes dents blanches.

Après ça je ne pouvais que bien dormir.

Délicatement il me reprit dans ses bras et je suis venue naturellement me blottir contre son épaule. Mes yeux se sont alors refermés et ma respiration se fit plus lente et régulière. J'étais bien, j'avais ma source de chaleur qui me rassurait et ce parfum délicieusement enivrant qui emplissait mes narines. Morphée m'attirait peu à peu dans ses bras mais cette fois-ci j'avais l'impression de m'y rendre avec mon âme-sœur. Et avant de passer dans le doux monde des songes j'entendis une dernière fois la voix de ce dernière me dire dans un murmure :

Jungkook : Je t'aime.

Et je me suis endormie...

Mon insupportable âme-sœurOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz