Chapitre 24 : Réconfort

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Point de vue Izira

La joue brûlante je courrais dans les couloirs de mon lycée jusqu'aux toilettes. Là bas je me suis enfermée dans une cabine, le dos contre le mur, la respiration haletante et les larmes roulant sur mes joues de plus en plus nombreuses. Je n'avais même pas suivi ce qu'il venait de se passer, tout se mélanger dans ma tête et je n'y comprenais plus rien. Plusieurs personnes dont mes meilleurs amis avaient vu nos blessures similaires alors que Taehyung ne m'avait même pas touchée. Tout ce temps où nous avions caché notre lien avait été réduit à néant aujourd'hui. Tout ça à cause de cet abruti de Jeon qui adore provoquer les gens autour de lui pour son grand plaisir. Mes trois amis allaient savoir que je leur avais menti, comment vont-ils me regarder après cela ? Est-ce qu'ils resteraient mes amis déjà ? Ils ne vont plus me faire confiance et très probablement me détester. Tout ça à cause de lui.

Soudain j'entendis des pas approcher et une porte s'ouvrir. Sans le vouloir ma respiration s'est bloquée dans ma poitrine.

Chloée : Izira, c'est nous.

Chloée et Solène venaient d'entrer dans les toilettes et toquaient à la porte de la cabine où je m'étais réfugiée comme une lâche.

Solène : Ouvre s'il te plaît.

Ma voix restait étranglée dans ma gorge, je n'arrivais même pas à prononcer un mot.

Chloée : On aimerait comprendre ce qu'il vient de se passer.

Solène : Explique nous je t'en prie.

Les larmes coulaient de plus en plus sur mes joues, silencieuses. Cela me faisait si mal de voir que ce mensonge que j'avais construit depuis tant d'années, en faisant croire que je ne connaissais pas du tout Jungkook, soit révélé. Et qu'en plus elles voulaient des explication sans aucune once de méchanceté ou de reproche dans leurs voix. Juste m'écouter raconter toute cette folle histoire leur aurait suffi. Comment pouvaient-elles être aussi gentilles avec moi après ce que je leur avais fait ? Je ne méritais pas du tout leur clémence à mon égard. Tant de gentillesse en elles, ça me tuait. Entendant que je ne répondais pas l'une des deux a continué.

Chloée : Tu nous raconteras quand tu seras prête, ne t'en fais pas.

Solène : On t'écoutera le moment venu, promis.

Un seul mot osa enfin passer la barrière de mes lèvres, un seul mot pour décrire à quel point j'étais reconnaissante envers elles.

Izira : Merci.

Ma voix était étranglée par les sanglots mais je pouvais tout de même distinguer leurs sourires bienveillants à travers la porte qui nous séparait. Puis j'entendis de nouveau le bruit de leurs pas résonner sur le carrelage, une porte s'ouvrir et se fermer. Le silence régnait en maître dans la pièce où je me retrouvais, seule, avec mes sombres pensées. Les larmes étaient moins nombreuses mais quelques unes coulaient encore de temps à autre. Quand je repensais à certaines scènes qui me brisait le cœur. Je me reposais et me consolais avec le silence de la pièce, seul le bruit de mes reniflements étaient audibles de temps à autre, ainsi que le bruit d'un robinet qui était entrain de fuir. Le ''ploc'' des goûtes d'eau tombait de manière régulière sur le lavabo en céramique et le bruit de l'hélice de l'air conditionné me rappelait que le monde tournait encore alors que tout semblait s'être arrêté autour de moi. Comme si quelqu'un avait appuyé sur le bouton stop de ce film un peu nul qui résumait mon existence.

Malgré moi quelqu'un partageait le rôle principal dans ce film, pourtant il faisait paraître que lui était au dessus de tout ça, que pour lui sa vie continuait de tourner à une vitesse fulgurante que lui-même n'arrivait pas à suivre. Surtout moi, j'étais trop lente pour comprendre ce qu'il se passait pour nous deux et ce que nos mensonges impliquaient maintenant qu'ils avaient été découverts.

Soudain un bruit me fit relever la tête enfuie entre mes bras croisés, le bruit d'une porte qui s'ouvrait. Peut être une personne qui se rendait tout simplement aux toilettes. Je retins alors ma respiration, comme une enfant qui espérait que le grand méchant loup ne la trouve pas. Désespérant. Les pas s'approchaient de ma cabine puis je vis la poignée bouger dans un mouvement assez brusque. Comme si la personne de l'autre côté de cette fine porte essayait de l'ouvrir. Puis j'entendis un soupir.

Rien qu'avec son soupir je savais qui se trouvait derrière la porte. Finalement ce n'était pas très éloigné du grand méchant loup. J'aurais aimé voir n'importe qui d'autre sauf lui. Surtout après ce qu'il venait de faire. La poignée remua de nouveau puis sa voix arriva jusqu'à mes oreilles comme agacée.

Jungkook : Izira ouvre.

Plutôt crever. Ma tête s'enfouit d'elle-même entre mes bras et je serrais encore plus mes genoux contre moi. Comme si ce cocon fait avec mes propres membres allait me protéger de tout et surtout de l'affrontement que j'allais devoir avoir avec la personne qui était présente en ce moment même dans les toilettes des filles. Sans le vouloir les larmes recommencèrent à couler, de nouveau, silencieusement. Ses poings s'abattirent violemment sur ma porte me faisant sursauter et pleurer de plus belle.

Jungkook : Izira !

Soudain je réussis à rassembler le peu d'énergie qui me restait pour lui dire à peine un mot.

Izira : Dégage.

Il n'y avait aucune conviction ou détermination dans ma voix juste la supplication qu'il s'en aille pour de bon et me laisse enfin seule. D'un seul coup il arrêta de marteler le pauvre pan de bois et soupira de nouveau. Je pensais qu'il s'était résigné et qu'il allait s'en aller mais à mon grand étonnement il resta dans la pièce. J'entendis une porte s'ouvrir et le mur adjacent de la cabine à côté de la mienne bougea. Par dessus je vis une main s'y appuyer et une tête passer. Je le détestait. Il prit appuie sur les murs et escalada avec souplesse et agilité le pan de bois qui séparait la cabine d'à côté de la mienne. Avant de retomber habilement sur ses pieds, de mon côté du muret. Debout devant moi et comme j'étais encore assise par terre il me regardait de haut. Mais contrairement à ce à quoi je m'attendais il n'y avait pas de haine ou de colère dans ses yeux. Juste un regard neutre.

Et d'un seul coup il s'assit par terre à mes côtés et me prit dans ses bras me laissant déverser toutes mes larmes sur son épaule.


Mon insupportable âme-sœurWhere stories live. Discover now