LXXI. Funéraille

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Le ciel était lourd de sens. Il était gris, neigeux, sale, orageux. Comme la journée qui venait de s'écouler. Les nuages recouvraient le ciel comme si les Valars aimaient abattre l'orage sur Erebor...comme d'habitude depuis plusieurs jours. Il n'y avait plus aucun Nains, Hommes ou Elfes dans les couloirs de la Montagne ni dans les rues de Dale, tout était devenu désert.

Si on pouvait survoler les terres, on passerait au-dessus du champ de bataille complètement vide, devant les ruines de RavenHill, et des plaines couvertes de verglas et de neige, pour finalement arrivé devant le lac, où au loin on pouvait voir Lacville détruite, encore fumante. Voilà où était passé tout le monde. Ils étaient tous en arc de cercle, la Compagnie au premier rang.

Et juste devant eux, à moitié dans l'eau calme du lac, se trouvait une barque. A l'intérieur, se trouvait un corps recouvert d'un drap blanc.

Sara.

Tous gardaient un silence mortuaire, glaçant devant l'embarcation. Ce n'est qu'après quelques minutes que Daïn, à l'avant, hocha doucement de la tête. C'est alors que Bard s'avança suivi de ses enfants, et déposa doucement dans la barque une fleur blanche. Un par un, chaque personne de toutes races le souhaitant déposa une fleur, alors que quelqu'un commençait à jouer de la viole à l'arrière. Certains posaient des papiers pliés en deux à l'intérieur de l'embarcation, tel que Legolas, Beorn et Radagast. Une tradition du peuple des filles voulait que l'on marque une phrase sur un papier à l'adresse des Valars et du défunt.

Puis ce fut au tour des plus proches de la jeune femme, commençant par Tauriel, Glorfindel et les jumeaux d'Elrond. Vint ensuite les nains de la Compagnie, suivis de Gandalf, Estel et Conan. Tous murmurant des paroles d'adieu en déposant leur fleur et leur petit mot, refoulant pour certain les larmes qui menaçaient de couler.

Ensuite, ce fut Bilbon qui ne put s'empêcher d'éclater en sanglot, murmurant des paroles pas très compréhensibles. Lucy, derrière lui avec Gwen, posa sa main sur son épaule en signe de réconfort avant qu'il ne reparte se poster près de Gandalf. Ce fut alors au tour des deux filles. Elles s'approchèrent péniblement, en se tenant la main pour se soutenir l'une et l'autre. Elles s'agenouillèrent, leurs larmes ruisselant sur leurs joues avant de déposer une fleur blanche chacune d'elles avec un petit mot avec pour simple phrase : « S'il te plaît, reviens » pour Lucy et « Tu avais promis » de Gwen. Elle se penchèrent chacune leur tour pour déposer un baiser sur son front avant de murmurer un adieu puis elles se relevèrent laissant la place à Fili et Kili. Les deux frères eurent du mal à ne pas éclater en sanglot et ils déposèrent leur offrande, disant au revoir à leur tante avec difficulté, posant leurs mains là où ils devinaient les siennes.

Enfin Thorin.

Il s'avançait et une fois face à la barque, il s'agenouilla et regarda sa bien-aimé, les larmes coulant sur ses joues. Il la regardait avec un regard indescriptible. Mort. Dépourvu d'âme. Il était mort lui aussi, intérieurement. Ses yeux bleus d'ordinaire si glacial et ombrageux mais tendre et remplis de vie quand il était avec elle, étaient désormais vide. C'était le bon adjectif : vide. Vidés de tout. Il fixait le drap sans vraiment le regarder. Il le fixait, sans vie.

Il pouvait apercevoir tout de même sa silhouette, les formes de son corps sous le tissu. Mais c'était trop dur pour lui. Il ferma les yeux, baissant la tête, sa gorge se serrant à l'extrême. Il finit par déposer une rose blanche, puis un mot. Il avait réfléchi des heures et des heures avant d'avoir décidé de ce qu'il voulait marquer sur ce bout de papier. Ses lèvres se mirent à trembler et il ferma les yeux, pinçant des lèvres pour éviter d'éclater en sanglot. Fili et Kili vinrent le forcer à se relever, l'éloignant d'elle. Il y eut quelques instants de silence et on pouvait constater que la barque était quasiment remplie, montrant à quel point elle avait pu compter et marquer chaque personne présente. Puis des nains, Bofur, Bifur et Nori, s'avancèrent en avant sous l'ordre discret de Daïn. La viole continuait de jouer et ils poussèrent la barque dans l'eau du lac. Celle-ci dériva et s'éloigna de plus en plus, tous patientant pendant quelques minutes.

Un voyage Inattendu (Tome 1)Where stories live. Discover now