Un voyage Inattendu (Tome 1)

LIV. Mauvais présage

Les survivants de Lacville avaient enfin fini par atteindre les ruines de Dale. Ils avaient dû faire de nombreuses haltes en cours de route aux vus des personnes fatiguées ou blessées et des personnes âgés qui ne pouvaient avancer à vive allure. Lucy et Gwen étaient, elles aussi, épuisées et le fait qu'une partie des habitants de Lacville les rejetaient, les accablant de la destruction de leur foyers, ne les aidaient pas. Mais heureusement pour elles, Meda, la femme qui avait tenu tête à Alfrid et qui les avait aidés une fois contre les gardes avant la désolation de Smaug, les soutenait, tout comme beaucoup de personnes. Et elles faisaient de leur mieux pour apporter leur aide. Sans rajouter qu'elles se sentaient un peu moins seules lorsqu'elles avaient retrouvé Halaneï, lessivée, fatiguée et préoccupée par la blessure de Yanick à l'épaule, ce dernier voyageant dans une civière, mais toujours avec cette pointe d'optimiste, gardant avec ardeur la cape que lui avait offert Sara, seule chose qui lui restait.

Menés par Bard et ses enfants, ces derniers avançaient dans les rues de Dale recouverts d'une fine couche de neige qui ne cachait pas les dégâts causés par Smaug des décennies plutôt.

Les pierres brûlées étaient ternies et fragiles. Plusieurs bâtisses avaient réussi à résister au feu, tenant toujours debout. Mais les corps de ceux étant tombés sous les flammes du dragon, se trouvaient toujours là. Leurs cadavres sombres paraissaient aussi figés que des statues alors que la végétation était quasi inexistante autour d'eux. Seuls quelques arbres morts recouvraient, de leurs branches sans vie, le peu de demeures encore intactes, sur lesquelles ils s'appuyaient.

- Avancez ! Ordonna Bard alors qu'il poussait les siens à continuer d'avancer, aidant les personnes âgées à franchir les marches d'escaliers menant à un autre niveau. Venez !

Lucy et Gwen avançaient au milieu de ce chaos silencieux et figé, une boule au ventre. Elles avaient un aperçu du carnage de la Première calamité de la Terre du Milieu, il y a des décennies. Et une angoisse sourde les étreignait en imaginant leurs amis à la place de ces morts pétrifiés.

- Messire !

Elles tournèrent la tête d'un même ensemble à la voix criarde d'Alfrid qui avait gravis l'un des murs de rempart, se mettant à courir dans une direction bien précise.

- Messire ! Venez voir !

Bard alla le rejoindre et les filles, se consultant d'un regard, le suivirent au loin. Le Batelier retrouva Alfrid à une tour de garde, portant son regard vers le Nord, la direction que lui montrait ce faux-jeton.

- Regardez ! Les brasiers rouges sont allumés !

Lucy et Gwen, de là où elles se trouvaient, avisèrent, tout comme Bard, deux énormes brasiers se trouvant de chaque côté de la porte d'entrée de la Montagne Solitaire, sur les remparts. Ils brûlaient et laissaient échapper leur fumée grise montant dans le ciel déclinant.

- Ainsi, la Compagnie de Thorin Ecu-de-Chêne a survécus, s'éleva la voix du Batelier.

- Survécus ? Alors il y a une bande de nain là-dedans avec tout cet or !

- Rassure-toi Alfrid. Il y a assez d'or dans la Montagne, lui fit savoir Bard avant de se tourner vers le reste des habitants de Lacville qu'il aperçut depuis la balustrade. Installez-vous pour la nuit ! Trouvez-vous un abri ! Allumez des feux !

Tous les survivants s'étaient arrêtés pour l'écouter et tous lui obéirent, se dispersant dans les rues de Dale. Bard termina par donner son dernier ordre à une certaine personne.

- Alfrid ! Tu es de garde cette nuit !

Bien qu'il grimaça, ce dernier comprit qu'il ne pouvait désobéir et alla se trouver un endroit où il pourrait faire le guet. Tandis que Gwen et Lucy affichaient un sourire soulagé sur leur visage, se tenant la main avec ferveur, à la rassurante nouvelle de leurs amis en vie. Même si elles ne savaient s'ils avaient tous survécus, l'espoir faisait battre leur coeur d'allégresse alors qu'elles rivaient leurs regards sur Erebor.