Un voyage Inattendu (Tome 1)

XIII. Discussion nocturne

Maudit magicien et sa manie d'aller chez les elfes. Voilà qu'il devait rester une semaine et demi ici pour avoir les réponses qu'il leur fallait. Thorin n'arrivait pas à dormir. Il restait allongé, ressassant leur entretien. Des runes lunaires. Pourquoi pas en elfique pendant qu'ils y étaient. Il soupira.Ses pensées dérivèrent vers une personne. Sara. Il sourit. Elle l'étonnait. Il la revoyait danser dans sa robe blanche avec la couronne de fleurs dans ses cheveux, ses yeux qui pétillaient, son doux sourire. Elle était... magnifique.Une douce chaleur se répandit en lui. Mais, par Mahal, qu'est-ce qui lui arrivait ? Lui qui pensait que les trois jeunes femmes risquaient d'être une distraction pour les plus jeunes et naïfs de la Compagnie. Mais non. Voilà que c'était lui, un nain aigri et usé par la vie qui était distrait par l'une d'elles.

Il resta encore un moment sur le lit, essayant de trouver le sommeil mais rien n'y fit. Il décida alors de faire un tour pour s'aérer l'esprit. Après avoir mis ses chaussures et une chemise, il sortit de sa chambre sans bruit. La fraîcheur de la nuit l'assaillit et lui fit un bien fou. Il laissa ses pas le guider. Il traversa des allées, des bosquets, passa devant des fontaines... Il s'éloignait de plus en plus de la bâtisse et il arriva bientôt sur un petit plateau en hauteur avec des arbres et un petit ruisseau qui coulait pour ensuite se jeter dans le vide. Il s'arrêta alors à la lisière du bosquet pour voir au centre de la petite clairière, qui donnait sur un magnifique panorama, une jeune femme de dos, vêtue d'une cape noire. Elle était agenouillée devant un banc de marbre.

- Esprits bienfaisants et âmes des ceilteach
Veuillez nous aider, nous guider, nous conseiller,
Pour que de nos efforts conjugués,
Renaisse une Celtie plus belle
Dans laquelle vivront éternellement les âmes des celtes
Dans un ciel entièrement nôtre
Sous la Divine Lumière d'Ilúvatar !
Awen ! Pria-t-elle avant de rajouter. Père bien-aimé, où que tu sois, continue à veiller sur Maman, Trinian et Tante Meg, même dans l'autre monde..., dit-elle. Je vous aime et ne vis que pour vous...

Il reconnut Sara. Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Il s'approcha doucement d'elle et posa sa main sur son épaule. Celle-ci sursauta avec une telle intensité qu'elle se retrouva assise par terre, faisant tomber quelque chose au passage. Elle releva la tête vers lui et il put lire de l'étonnement dans son regard. Il lui tendit la main et l'aida à se relever. Puis il se pencha et ramassa ce qui était tombé. Il remarqua alors que c'était trois petites figurines de bois représentant une femme, un homme et un jeune homme.

- M...merci, fit-elle en reprenant ce qui lui appartenait avant de faire semblant d'épousseter sa chemise de nuit.

Il y eut un petit silence gênant entre eux. Ils évitaient chacun leur regard, ne sachant trop quoi dire.

- Vous...vous ne dormez pas ? Questionna enfin Sara d'une petite voix.

- Non. Vous non plus à ce que je vois, remarqua-t-il.

- Cauchemar, précisa-t-elle.

Elle s'assit sur le banc en face du paysage qui s'offrait à eux. Sur le côté à droite, ils pouvaient voir la cité elfique baignée de la lumière de la Lune. Face à eux, s'étendait la vallée avec ses nombreuses cascades et à gauche, l'autre partie de la vallée. Thorin la rejoignit enfin. Le banc était petit, ce qui faisait que leurs jambes se frôlaient. Ce contact mit mal à l'aise Sara qui se décala légèrement tout comme Thorin qui ressentait la même chose.

Les minutes passèrent et le silence pesant se réinstalla. Ils fixaient tous deux un point dans le panorama, attendant...quoi d'ailleurs ? Le déluge ? C'est au bout d'une éternité que le nain finit par prendre la parole.

- Je suis désolé.

Elle le regarda, étonnée, attendant de voir la suite.

- Je me suis emporté contre vous, reprit-il en faisant référence à l'épisode des trolls. J'étais en colère contre le magicien et...je vous ai pris pour cible. Il avait la tête baissée. Puis ensuite, vous êtes intervenue avec les trolls alors que je vous avais ordonné de rester au camp. Mais je dois avouer que grâce à vous et au Maître cambrioleur, nous nous en sommes sortis.