XXIX. La Rivière Enchantée

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La forêt était aussi sinistre à l'intérieur qu'elle semblait l'être à l'extérieur. Avec de grands arbres aux branches crochues, si épaisses et si denses qu'aucune lumière ne pouvait les traverser, du bois pourri et des champignons globuleux à leurs racines.

- Le sentier tourne par là.

La voix de Thorin résonna devant eux, suivant le sentier, la Compagnie derrière lui. Gwen soupira, fatiguée. Elle n'avait aucune idée depuis quand ils étaient dans cette forêt. Des minutes, des heures, des jours ? Elle ne savait pas. Le temps semblait s'être figé.

En plus, elle regardait de tous les côtés pour voir s'il n'y avait pas une araignée immense prête à surgir - qu'elle détestait ces bestioles, qu'elles soient petites ou grosses. Elle n'était pas idiote. Elle savait très bien qu'elle était dans la fameuses Forêt Noire dont avait parlé ce loufoque de magicien, Radagast. Encore plus bizarre que ne l'était Gandalf. Et Gandalf était quand même un cas. Il fallait le dire. Des fois, elle se demandait si l'herbe à pipe qu'il fumait ne lui montait pas à la tête. Mais, malgré toutes ses pensées néfastes envers lui, la présence rassurante du magicien lui manquait en ce moment. De plus, étant donné qu'elle s'était disputée avec Sara, la seule qui aurait pu la rassurer et qu'elle ne voulait plus lui parler, elle ne pouvait pas compter sur elle. Puis Lucy restait la plupart du temps avec Fili, et Kili, ça allait de soi. De temps en temps, la benjamine venait la voir. Mais c'était tout.

- Vous allez bien, Guenièvre ?

La jeune femme sursauta et tourna son visage à gauche pour tomber sur Bilbon, lui souriant gentiment.

- Oui, oui, répondit-elle. Tant soit peu qu'on est dans une forêt qui fout les jetons. Et vous ?

- Il fait allé malgré, comme vous l'avez dit, que cette forêt me rend nerveux et mal à l'aise. Vous avez remarqué ? Il n'y a aucun chant d'oiseaux ou de bruit dans les fourrés. Tout semble mort.

- C'est vrai, murmura-t-elle, levant le regard vers les branches dans l'espoir de trouver la présence de quelque chose de vivant.

Mais rien du tout. Aucune présence de volatile ou de rongeur.

Soudain elle entendit quelque chose frapper le sol et elle vit Dwalin à l'avant du groupe, donner des coups avec l'extrémité de sa hache sur le sol pour tenter de chercher le sentier. Puis celle-ci rencontra l'une des dalles cachées par la terre et la boue des environs.

- Par-là !

Suivant le grand guerrier, Thorin repoussa l'une des longues lianes de branches qui pendait d'un des arbres au-dessus d'eux, veillant à ce que Sara et ces neveux le suivaient bien.

Gwen soupira, cette fois d'amertume. Que pouvait bien lui trouver son ancienne amie ? Il était arrogant, froid, grincheux, et elle en passait. Bon, elle devait avouer qu'il n'était pas désagréable à regarder. Puis...c'était elle, aussi, qui avait poussé son amie dans ses bras, non ? Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même.

Elle sortit une nouvelle fois de ses pensées lorsqu'elle sentit les dalles bouger sous ses pieds, risquant de la faire tomber. Mais heureusement qu'il y avait le brave Bilbon qui lui offrit un bras secourable.

***

Les heures passèrent. Ou serait-ce des jours ? La pauvre Lucy n'en savait rien. Mais elle trouvait que le temps s'écoulait lentement, très lentement. Elle marchait inlassablement, comme au ralenti dans cette immense forêt qui paraissait chaque jour un peu plus sombre. Elle se sentait oppressée au niveau de la poitrine, comme si quelque chose voulait la forcer à s'étouffer.

Un voyage Inattendu (Tome 1)Where stories live. Discover now