On dit souvent que pour pouvoir remonter la pente, il faut déjà atteindre le fond. Je l'ai atteint il y a longtemps, sans jamais penser pouvoir réussir à remonter cette fichue pente si profonde que je n'en voyais plus le bout. Mais je me trompais. Klaus est mon tremplin, l'aide qui me manquait.
Blottit dans ses bras, sanglotant comme le petit numéro Huit effrayé par le silence que j'étais, je ne peux qu'affirmer ce que j'ai toujours su : Klaus est et a toujours été ce dont j'avais besoin. Mon meilleur ami, mon frère, l'amour de ma vie au sens purement statique. J'ai l'impression d'enfin pouvoir respirer, de ressentir à nouveau mon cœur battre, et ça me fait un bien de fou, putain. Parce que mon grand frère a toujours été le seul à me comprendre, à comprendre mes peurs, ma douleur, ma haine ou même ma tristesse, et sans lui, c'était comme perdre l'utilisation de mon cerveau. J'ai sombré, peut-être même trop profondément pour pouvoir être repêchée mais, je le sais tout aussi bien, Klaus Hargreeves irait tout droit en enfer pour venir me récupérer par le colback.
Cette simple pensée me suffit.
Parce que, oui, j'aurais dû mourir. Mais Ange a eu l'idiotie de se sacrifier pour moi, de m'offrir sa vie, et c'est à peine maintenant, alors que le monde est à nouveau en danger, que je comprends son importance.
Ange ne m'a pas abandonné, il m'a sauvé. Et moi, je dois apprendre à vivre avec, même si ça fait mal, parce qu'il vit en moi. Au plus profond de mon âme, dans chacun de mes souvenirs, dans chaque fibre de mon être.
Je dois vivre pour Ange, pas malgré lui.
Alors, quand je me sépare de mon frère pour observer son visage, les larmes qui m'échappent me semblent moins dures et mon cœur, moins lourd. Il me sourit, passe ses doigts couverts de boue sur mes joues pour en essuyer les cristaux de sels, et j'ai enfin l'impression d'être moi.
— J'espère que ce que tu as trouvé dans cette tombe valait le coup, je le chambre faiblement.
— Oh, ça, ma petite salope, t'en a pas idée !
Un pic se loge dans mon cœur, si profondément que je ne peux retenir la grimace qui m'échappe. Sept ans. Sept années durant lesquelles il ne m'a plus une seule fois appelé ainsi. Et, bordel, jamais je n'aurais pu croire que ça me manquerait autant !
Alors, dans un geste maladroit, Klaus tournoie ses poignets dans les airs et s'éloigne, s'avançant vers un sac rempli à ras bord de jolis petits billets verts. J'écarquille les yeux, surprise, et m'avance d'un pas pour en observant la véracité.
— À ton avis, y'a combien, là dedans ?
— Assez pour toute une vie de débauche.
Et lorsque je relève mes yeux vers lui et que nos regards se croisent, j'en suis certaine, la pente me semble soudain moins dur à remonter. Nous nous sourions, avec presque autant de complicité que d'antan, et je croise mes bras sous ma poitrine pour ponctuer ma phrase.
— Je suppose que je mérites bien un petit bout, pour t'avoir sauvé la vie.
— 70 /20, je n'irais pas plus loin, claque-t-il dans un large sourire.
Je fais mine d'hésiter, fixant l'argent d'un air envieux, avant d'exploser d'un rire franc.
— Vendu.
— Youpi !
Il sautille, aussi heureux qu'un gamin auquel on aurait promis Disneyland, et lorsqu'il manque de glisser sur l'une des cartouches de balles étalées au sol, je ne retiens plus mon rire. Il geint, plus pour la forme que pour de réelles raisons, et son regard se pose alors sur le massacre présenté devant nous.
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
