Chapitre 36

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— Je vais la tuer.

Mes talons rythment chacun de mes pas et enveniment ma colère. Cela fait dix bonnes minutes que je fais les cents pas dans ma chambre, cherchant à apaiser cette colère qui bouillonne en moi depuis que ma propre sœur a osé user de ses pouvoirs sur moi. Je n'arrive tout simplement pas à l'avaler.

Affalé sur mon lit, son bras enroulé autour de sa nuque comme un accoudoir, Ange m'observe fulminer dans mon coin, sans même cacher ce petit sourire à la fois si charmant et si déroutant. Mais il peut bien faire le fier, je sais qu'il a mal, qu'il souffre. Son frère et sa sœur sont morts, je sais à quel point c'est dur à supporter.

— Tu ne le feras pas, tu le sais autant que moi.

Un soupir abattu m'échappe alors que je me laisse tomber contre le matelas, et surtout contre son corps. Il me rattrape, ses bras tatoués m'enserrant comme un cocon protecteur, et je ferme les yeux quelques secondes pour m'en délecter.

— T'aime beaucoup trop ta famille pour ce que j'en ai vu, tu lui pardonneras.

Ange et moi avons été élevé par le même père, pourtant notre éducation n'a rien à voir. S'il est proche de sa famille à l'extérieur, l'intérieur est aussi brisé qu'un miroir que l'on aurait fracassé contre le sol. Contrairement à nous, qui avons été séparé bien longtemps, mais qui nous sommes rapprochés au bout du compte.

— Ah oui ? Je répond dans un sourire sarcastique, Et tu as vu ça avant ou après avoir plongé ta tête entre mes cuisses ?

Il ricane de bon cœur à mon commentaire, ses bras se resserrant doucement autour de moi alors que ses lèvres embrassent ma tempe dans une douceur presque douloureuse.

— Hé, je n'ai pas vu que ton physique, hein ! Ton intérieur - sans mauvais jeux de mots - est aussi beau que l'extérieur. Et je l'ai vu à la façon dont tu as défendu ton frère, la première fois que l'on s'est vus... Ta famille, c'est ta vie, Gabriella. Tu leur pardonnerais tout.

Je ne réponds pas de suite, parce qu'il dit vrai. Mes frères et sœurs sont tout ce que j'ai, mon âme et mon cœur. Je les aime énormément, peut-être même trop.

— Ouah, je suis impressionnée, Sherlock, je me moque pour cacher mon trouble.

— "Sherlock" ? Bon sang, je savais bien que j'avais un petit air de Benedict Cumberbatch ! 

— Heureusement que non, je pique.

Sérieusement, Benedict Cumberbatch est bien loin dans la liste des acteurs que je peux trouver mignon, ou agréable à l'œil. Cependant, il faut bien avouer que j'ai eu une petite addiction pour son rôle de Sherlock Holmes lors de la sortie de cette série. Cet humour pince-sans-rire, c'est totalement ma came.

— Aïe, tu es vilaine. Mais je parlais de l'intelligence, beauté.

Je glousse à sa remarque et soulève ma main, pinçant son nez pour lui arracher un grognement de douleur.

— Ça, ça me dérangerait moins, tu vois !

Il rit de bon cœur, ses yeux brillants de cette même lueur à chaque fois que je le vois s'esclaffer, alors qu'il repousse gentiment ma main.

— Je ne savais pas que tu aimais les mecs intelligents.

— Je ne les aimes pas, je le contredit. À côté, je me sentirais bien trop bête. J'aime le sarcasme et la confiance en soi, c'est différent.

— Ah, c'est pour ça que tu t'entends si bien avec le con aux couteaux, là.

Mon bras par tout seul, frappant ses côtes peut-être un peu trop fort. Il jure, posant sa main contre celle-ci, et je me redresse d'un bond pour planter mon regard dans le sien.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Où les histoires vivent. Découvrez maintenant