Chapitre 54

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La scène de crime qui s'offre n'a moi n'a rien de classique, de banal ou de reluisant. Je suis une habituée des bains de sang, pour sûr, mais il me faut avouer avoir rarement vu autant de cadavres en si mauvais état en un seul endroit. Ben les a massacré, et si j'aurais pu douter de sa culpabilité, l'énorme tentacule à mes pieds termine d'achever mes questionnements.

C'est Ben qui a tué tous ces gens.

— OK, lâche Allison, les bras croisés, en lorgnant la scène de crime d'un œil jugeur, je veux bien avouer que Ben est un connard, mais pas un tueur en série.

J'hausse les épaules et m'agenouille devant l'un des corps, dont les organes vitaux ressortent à la vue de tous.

— Hm, il a quand même essayé de nous tuer, à l'hôtel.

— Point pour elle, acquiesce Diego.

— Il a transformé tout le monde en viande hachée, commente Lila en attrapant le bras posé non loin de moi. Ces types ont un goût douteux en tatouages.

Lorsque mon regard capte le tatouage encré au niveau du poignet, mon sang se glace douloureusement dans mes veines et je me relève si vite que je manque de glisser sur un intestin. Je m'approche, les sourcils froncés, et mon cœur se serre dans une douloureuse pointe d'appréhension lorsque j'observe ce parapluie à l'envers, situé à l'endroit exacte où je possédais le mien, avant que cette ligne temporelle ne m'efface cette horreur du corps.

Plus on avance et plus tout part en couilles, dans cette histoire.

— On dirait le nôtre, je souffle.

— Aucune personnalité, râle Lila dans un sourire moqueur.

Je retiens à grande peine le mien lorsqu'elle me salue avec le bras, à l'instar d'une gamine mal éduquée. Elle le rejette au sol, haussant les épaules devant mon roulement de paupières, et lorsque son bras s'enroule autour de mes épaules, je suis incapable de retenir mes commissures de s'élever.

— C'est un truc de psychopathe, agrémente Diego.

— C'était peut-être une mission de sauvetage, tente Viktor.

J'hausse un sourcil devant le massacre face à moi. Mais Viktor a toujours été ainsi, à voir le verre à moitié plein là où je le vois à moitié vide. Il cherche la bonté chez les autres et, si j'ai toujours essayée de rester positive, il n'en n'est plus le cas aujourd'hui. J'ai vécu trop d'horreurs pour réussir à trouver le bon quelque part.

« Dans une autre vie »...

— C'est plutôt un massacre commis par deux individus qui deviennent de plus en plus violents, répond papa.

— Oh, et vous vous y connaissez, en massacre, je crache avec dédain.

Le regard de mon paternel se pose sur moi, aussi sévère que d'antan, et lorsque je me sens l'envie de rajouter un énième cadavre à cette liste, la voix de Cinq me parvient comme un signe tragique du destin pour m'en en empêcher. Encore du négatif.

— OK, alors mes hommes me disent que cette ferme appartient aux deux cinglés qui nous sont rentrés dedans à New Grumpson : Gene et Jean Thibedeau.

— Peut-être que Ben les a tués, eux aussi.

— On aurait retrouvé leurs corps, je réfute d'un geste de la tête.

— La scientifique a trouvé des empreintes fraîches menant à la grange, précise Cinq. À mon avis, ils se sont échappés.

— Ils ont pas pu aller bien loin.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now