Chapitre 16

145 8 10
                                        


Quand Klaus et moi arrivons au Super Star, mon esprit est en compote et une horrible migraine vient taper contre mes tempes : j'ai l'impression qu'un marteau piqueur vient d'élire domicile dans mon crâne. J'ai beau tout rassembler, tentée de recoller les morceaux, tout bloquent. Je n'arrive pas à me faire à l'idée que ma vie a été un véritable mensonge tout du long et que ma propre sœur, celle que je haïssais pour être si normale, se retrouve être la plus puissante d'entre nous ainsi que l'assassin de Pogo et maman. Elle causera la fin du monde d'ici ce soir si nous ne réagissons pas rapidement, et je n'arrive pas à me faire à l'idée que c'est elle que nous tentons d'arrêter depuis le retour de Cinq dans nos vies.

Mes larmes ont cessé de couler, mais je ressens encore cet arrière-goût acre qu'elles ont laissé. Je déteste pleurer. Plus qu'une preuve de faiblesse, c'est un véritable tue-l'amour : on se retrouve avec les yeux gonflés, le nez qui coule et le visage bouffi. En somme, mon apparence d'aujourd'hui se rapproche bien plus à celle d'une débauchée qu'à celle que je tente de laisser faire croire tous les jours, et je déteste encore plus cela. 

— Je vais nous chercher un truc à boire, me prévient Klaus en arrivant. Une bière ?

— Un soda, je rectifie. J'essaie d'arrêter. 

Il écarquille les yeux, stupéfait, et me lance un "félicitation" qui me console un tantinet. Ses horribles chaussures de bowling enfilées, il s'avance jusqu'au bar pour nous prendre deux soda à la cerise, et je m'avance jusque l'une des tables dans un soupir.

— Euh, excusez-moi, me souffle alors une voix.

Je me tourne vers celle-ci, l'esprit dans le brouillard, et fixe la caissière d'un air nonchalant, attendant la raison de son apostrophe. Dans un sourire rigide, elle me pointe du doigt les Miu Miu que je portes aux pieds et relève ses iris vers les miens.

— Vous devez porter les baskets du bowling...

Je lorgne ces affreuses baskets dans une grimace et soupire, loin d'être d'humeur à crier au scandale. J'annonce ma pointure dans un vibrato acide et les enfile dans une grimace dégoûtée, sous le regard hilare de mon frère. Je soulève mon majeur, ne souhaitant aucun commentaire là dessus, et rejoins la table où Klaus s'est installé, tout près des pistes. Nos frères et Allison arrivent alors et, une fois tout le monde réunis, nous nous posons sur la question "comment empêcher l'apocalypse".

Assise sur l'un de ces sièges tout simplement dégoûtant, je tente d'abaisser ma minijupe au maximum pour protéger mes fesses. Les parties défilent sous mes yeux, et j'écoute la voix stressée de Luther d'un air absent.

— Ça ne me fait pas plaisir de dire ça mais on doit tous se préparer. 

— À faire quoi ? Attaque immédiatement Diego. 

— À faire tout ce qu'il faudra pour arrêter Vanya. 

Violemment, Allison lui assène un coup en pleine poitrine, et je le mitraille du regard, furieuse qu'il puisse réagir immédiatement de cette manière. S'il n'avait jamais enfermé Vanya, elle n'aurait peut-être pas détruit l'académie, et Pogo et maman seraient toujours là.

— Oh ! On aura peut-être pas le choix, Allison.

— Non, mais tu t'entends ? Je crache, Vanya est notre sœur, je te rappelle. Il suffit simplement de la calmer, de lui montrer que nous sommes là pour elle. 

— Gaby a raison, y'a toujours des options.

— Tu vis dans un monde de Bisounours, m'assène Cinq.

— Ferme-là, putain.

— Peu importe ce qu'on décide, il faut qu'on retrouve Vanya rapidement, énonce Luther en se relevant. Elle pourrait être n'importe où.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Où les histoires vivent. Découvrez maintenant