Un an plus tard
Un an. C'est si long, et à la fois si court. Tout et rien peut se produire, d'autant plus lorsque vous atterrissait dans une époque qui n'est pas la vôtre. Je n'ai rien contre les années 60, certes, mais à choisir, j'aurais préféré être abandonné dans les années 80, où les esprits étaient déjà moins étriqués et les musiques, carrément cool.
Durant cette année, je n'ai pas retrouvé un seul signe de ma famille, et ce n'était pas faute d'avoir cherché. J'étais seule, sans Klaus, sans Cinq, et même sans Ezra. Alors j'ai dû m'intégrer, apprendre à vivre dans une époque qui n'était pas la mienne...
— Eh, Gabriella, ramène ton cul, putain. Ton client attend depuis des plombes et s'il ne paye pas, ça sera retiré de ton salaire !
Un soupir quitte la barrière de mes lèvres et je roule des yeux. J'applique une couche carmin sur mes lèvres, ignorant les grognements de mon patron, et referme mes lèvres entre elles pour étaler le produit.
Je n'ai pas de réelles compétences. J'étais mannequin pour de la lingerie fine, et je ne peux malheureusement pas faire mieux ici, à Dallas. Alors je me produis. C'est humiliant, redondant et tout ce qui suit, mais ça me paye mon vieux taudis, et j'ai au moins la possibilité de m'éclater sans être trop juger. Les filles comme moi, en 1963, on préfère tout simplement les ignorer.
Je me lève alors de ma chaise, remontant l'ourlet de ma minijupe pour faire plaisir à ce salopard qui me sert de patron, et avance jusque cette salle rouge, celle où l'amusement et l'humiliation a lieu.
— Eh, je te cause putain.
Violemment, il attrape mon bras et me plaque contre le mur. Indifférente à son caractère trop sanguin, je relève un regard faussement perdue et affiche une moue sur mes lèvres. Ses muscles se tendent, ses pupilles se dilatent, et je glousse comme une adolescente.
— J'en peux vraiment plus de ton caractère de merde, tu sais. Si tu n'avais pas un si joli cul, je peux t'assurer que ça ferait longtemps qu'une balle t'aurait perforé le crâne.
— Hm, oui, je sais. Mais tes clients aiment trop mon "joli cul" pour ça, pas vrai ? C'est moi qui ramène l'argent, ici, alors dégage tes sales pattes ou je te les coupe pour m'en faire un collier. Capisci ?
Ses narines se dilatent et il grogne, retenant à grande peine sa rage. Il me lâche enfin, passant sa main sur sa barbe de trois jours pour se canaliser, et lâche un soupir à se fendre l'âme en deux.
Je déteste ma vie ici. J'avais réussi à m'en sortir, en 2019. J'avais trouvé quelqu'un qui m'aimait, j'avais arrêté l'alcool, je m'étais même rapprochée de mes frères et sœurs. Mais le bonheur ne m'est apparemment pas permis, et j'ai été abandonné dans ce merdier. Seulement, et sauf quelques occasions, je suis parvenue à me calmer sur mon addiction. C'est dur, très dur même mais, lorsque je suis sur le point de craquer, les félicitations de Klaus me reviennent, et je m'efforce à me contrôler. S'il est encore en vie, alors il m'en voudrait de relâcher prise si facilement. Je ne peux pas le décevoir.
— Fais gaffe, me prévient mon patron en attrapant un cigare entre ses doigts, le client d'aujourd'hui t'a spécifiquement réclamé. Il me parait vraiment jeune, mais je sais bien que tu es capable de tout pour un petit billet, ma jolie. Alors assure-toi seulement qu'il ne nous causera aucun problème.
Je hausse les épaules, familière à ce genre de situation. J'ai l'habitude de ces ados en crises qui donnent un faux âge pour pouvoir tirer leur crampe avec une prostituée, et je sais les gérer. La plupart de temps, une pipe leur suffit avant qu'ils partent, le sourire aux lèvres.
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
Fiksi PenggemarÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
