Le cliquetis familier de mes talons aiguilles rythme chacun de mes pas tandis que je gravis ce long couloir que j'ai tant de fois parcouru cette dernière année. La musique criarde couvre les gémissements de mes collègues, les néons rouges m'aveuglent, tout inspire à la débauche et au sexe.
Au début, je dois bien avouer que cela me plaisait : c'était cool de se faire vanter et de prendre du bon temps pour éloigner la peur que je ressentais en mon for intérieur. Les années 60 ne sont pas une très bonne époque pour une femme de mon acabit, loin de là. Sérieusement, je n'aurais jamais cru être privée de tant de droit, alors devenir une prostituée, ça aidait à en gagner. Mais il faut bien avouer que je me suis vite lassée, et je déteste être traitée comme un vulgaire objet. Si j'aime le sexe, je n'en suis pas moins une fervente défenseure des droits des femmes et cet endroit-ci ne les respectent en rien. Soyez jolies et fermez-là, voilà ce que l'on me demande. Et si la fin du monde arrive dans six jours, alors que ces enfoirés aillent se faire foutre. Cette après-midi auprès de mon frère et de mes sœurs m'a bien fait comprendre cela.
Si les femmes "droites" n'ont pas le droit à leur liberté, je la gagnerais par la force.
La fumée de ma cigarette m'enveloppe, comme pour m'endormir plus profondément, alors que je passe cette porte que je passerai pour la dernière fois pour sûr. Mes iris s'accrochent à ceux de John, mon patron, et je laisse un sourire vicieux parcourir mes lèvres.
Cet homme me dégoûte. Bon sang que je rêve de lui détruire le visage. Mais, faute de mieux, je me suis toujours retenue. C'est terminée.
— Gabriella, tonne sa voix de ce même timbre supérieure, j'ai bien cru que t'avais passé l'arme à gauche ! Tu penses vraiment que tu peux te barrer et revenir comme ça, putain ?
— Tu gueules beaucoup, tu sais, mais au final, tu ne mords pas beaucoup. Un peu comme ces idiots de Chihuahua.
— Je te demande pardon ?
Mes doigts agrippe mon mégot, le tirant délicatement de ma bouche, et je tapote sur le bâtonnet pour en retirer l'excès de cendres. Mes iris s'emparent des siens, se moquent et l'intimident, et je ricane avec perfidie.
— Ils sont dans l'incapacité de se défendre, et ils le savent. Alors, pour se protéger, ces chiens aboient plus fort, plus souvent.
Sa paupière bat brutalement, signe évident d'un énervement peu retenu, et je poursuis. Cela fait un an que je n'attends qu'une chose : détruire petit à petit cet enfoiré qui se fait de l'argent sur les femmes en difficulté, comme je l'étais. Comme elles le sont toutes.
— Comment oses-tu...
— Shht, je souffle en jetant mon mégot au sol pour l'écraser sous ma semelle.
Suivant mes lèvres, je m'adosse à son bureau et glisse mon doigt sur les siennes, les maintenant closes. Surprit, John écarquille les yeux, et je poursuis ma phrase dans un ton enjôleur que je ne sors que pour énerver les autres.
— John, John, John... Pourquoi s'énerver tout de suite ? Je venais simplement discuter...
Tout en disant cela, mes doigts descendent jusque sa cravate, dont je me saisis d'un coup. Basculé en avant, son corps s'effondre sur son bureau dans un grognement, alors que je tire davantage pour ramener son visage si proche du mien.
— Je me casse, enfoiré.
Ses dents se serrent, sa mâchoire se contracte, et il explose soudainement d'un rire gras. Je fronce les sourcils, bercée par ce son insupportable, et laisse un sourire sadique modifier les traits de mon visage.
BINABASA MO ANG
Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
