Passé
— Numéro Huit ! Concentrez-vous !
J'ai l'impression que ma tête va exploser. J'ai mal partout, mon corps tout entier est une véritable torture. Ma tête, elle, me donne l'impression d'avoir été frappé à plusieurs reprises à l'aide d'une barre de fer. Je suis épuisée, je n'ai plus aucune force, mais cela n'a jamais été suffisant pour papa. Il se moque de notre souffrance, de ce que l'on peut ressentir. Tout ce qui compte, ce sont nos pouvoirs.
— Je n'y arrive pas, je gronde en relevant mon regard sur lui.
L'entraînement que papa me fait subir dure depuis une heure, je dirais. Après m'avoir forcé à matérialiser des dizaines d'objets tous plus gros les uns que les autres, nous sommes passés à la partie la plus difficile de mon entraînement : la modification des objets déjà existants.
Cette tâche me demande un très gros travail mental et le fait d'avoir déjà dû créer plusieurs objets n'arrange rien à mon cas. Mon cerveau tremble, j'ai l'impression qu'il va exploser. J'ai mal et tout ce que je souhaites, c'est de pouvoir m'amuser avec mes frères et sœurs.
— Vous ne faites pas assez d'efforts, c'est différent. Recommencez !
Je sens ma colère gronder en moi. Je suis épuisée, j'ai mal, et je veux tout arrêter. Mais papa ne compte pas me laisser tranquille tant que je ne change pas cette bougie en un couteau identique à ceux que possède Diego. Le fait qu'il soit si précis dans sa demande vient du fait que papa souhaite que je sois capable de modifier n'importe quel détail sur n'importe quel objet. Pout lui, le moindre petit détail peut modifier toute une équation et je dois être capable de tout contrôler.
Tout doit être parfaitement réfléchi et imité, et c'est d'autant plus épuisant.
Un soupir quittant mes lèvres, je réitère l'expérience, tentant d'ignorer ma douleur de plus en plus lancinante. Je fixe la bougie face à moi et tend ma main vers celle-ci pour concentrer mon pouvoir sur elle et seulement sur elle. Je visualise mentalement l'un des couteau de mon frère, tout ses détails, et me force à obtenir l'image dans mon esprit sous tout ses angles. Ainsi, je sens parfaitement les battements de mon cœur frapper contre mes tempes, et ma respiration s'accélère brusquement.
J'ai mal. Je suis fatiguée.
Soudain, une petite étincelle rosée entoure la bougie, et je me laisse tomber contre le parquet froid du salon lorsque le couteau apparaît enfin. Je tente de reprendre une respiration normale, la vue brouillée, tandis que papa s'avance vers le tout nouveau couteau sans tenir compte de mon état. Il l'attrape, l'observe sous toutes ses coutures, puis lève un regard sévère vers moi.
— Bien. Travaillez votre concentration pour la prochaine fois, numéro Huit. Cette tâche vous prend bien trop de temps pour un résultat tout juste satisfaisant. Vous pouvez disposer.
Je ne me sens même pas soulagée par la fin de mon entraînement. Mon regard s'accroche au sien, dur et froid, et je prends sur moi pour me relever et quitter la pièce, essuyant d'un revers de la main les larmes que mes iris ont laissé échapper.
Ce jour-là est sans doute celui où j'ai compris que nous ne comptions pas pour lui. Que nous n'avons jamais comptés.
Ce jour-là est probablement celui où j'ai commencé à détester mon père. À l'âge six ans...
De nos jours
Mon regard accroché sur cette maudite bougie qui me rappelle celle de mon enfance, je me perds dans mes songes, extérieure à la présence de mes frères et sœurs dans la même pièce. Tout les six réunis. Bordel, ça fait vraiment bizarre... Aucun de nous ne parle, dans un premier temps, et je laisse échapper un bâillement ennuyé. Nous n'avons jamais été très doués pour les contacts humains, c'est le cas de le dire.
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
