Chapitre 21

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— Ça a l'air dégueulasse.

Une grimace tirant mes traits, j'observe le repas que se prépare Luther dans la cuisine de Elliott. Nous l'avons trouvé ici hier soir, complètement déchiré avec ce dernier, et j'admets avoir été trop crevée pour lui demander la raison de sa venue, lui qui, d'après Cinq, ne voulait plus rien à voir avec nous. Maintenant posée et requinquée de mes forces, je me doute que cet idiot a dû changer d'avis concernant l'apocalypse. Luther a bien des défauts, mais jamais il ne nous abandonnerait à ce merdier dans lequel nous nous trouvons une nouvelle fois.

— Ça tombe bien, ce n'est pas pour toi.

Je souris, moqueuse, et démarre la machine à café pour y laisser couler le liquide brun. L'odeur me parvient aux narines, et je m'appuie sur le meuble en patientant tranquillement. Face à moi, Diego ne tient plus en place. Il effectue les cents pas, à m'en filer le tournis.

— Bon, il faudrait peut-être qu'on parle d'hier soir. Je sais pas pourquoi mais ils arrêtent pas de nous suivre ! 

— De qui tu parles ? Demande Luther en remuant sa bouillie.

— Des psychopathes hollandais.

— C'est des Suédois, abrutit, claque Cinq avec supériorité. Des soldats payés pour nous éradiquer avant qu'on altère encore plus le cours de l'Histoire. 

— Mais pourquoi maintenant ? Parce qu'il y avait pas le moindre souci pendant trois mois jusqu'à ce que tu débarques.

— Je confirme, appuie Luther. Ça fait un an que je suis là et, avant, personne me faisait chier.

Un sourire amusé aux lèvres, je hausse les épaules et me saisis d'une tasse, attendant la fin de mon café.

— Pareil. Tu es arrivé et, une heure plus tard, Diego avait le bide perforé.

Les yeux du concerné s'écarquillent et il ouvre les bras devant lui, comme pour stipuler silencieusement un "Ah ! Tu vois ?".

— Même si c'était vraiment ma faute, ce qui est tout sauf vrai,  ça change rien au fait qu'on a six jours avant la fin du monde et que le seul contact qu'on a eu avec papa jusqu'ici, c'était devant le consulat. 

— Bah..., lance alors Luther. On en a peut-être eu un autre.

Piqué au vif, j'attrape la cafetière bouillante et me sers un verre, le regard fixé sur la mine coupable de notre numéro Un. Cinq me tend sa tasse silencieusement, les yeux rivés sur notre frère, et je déverse la boisson en entrouvrant la bouche.

— Vas-y, explique.

— Je l'ai déjà vu.

Dans un bref résumé, Luther nous explique alors qu'à son arrivé en 1962, il s'était mit en tête de vouloir voir papa, histoire de le questionner sur tout ses agissements. Notre paternel, fidèle à lui-même, l'a alors humilié devant tout un tas d'invités en affirmant que jamais il n'aurait eu l'idée d'adopter un enfant avec une "apparence si négligée, un tel manque d'hygiène et des proportions simiennes grotesques".

— Ça lui correspond assez bien, je lance en haussant les épaules.

Dans une œillade furtive, Luther déverse son petit déjeuner dans une assiette et vient s'asseoir à table. Là, il débute son repas sous nos yeux, et je cache ma grimace derrière ma tasse. Bon sang, ce truc ressemble à du vomi.

— Pitoyable, crache Diego avec moquerie.

— Bah, au moins, il m'a pas poignardé.

— Si mec, en plein cœur.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon