Chapitre 3

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Cinq et moi avons toujours eu une dynamique que l'on peut définir comme compliquée. Nous ne nous entendions pas, petits. Mon frère était l'archétype parfait de notre père : fier, arrogant, et jugeur. Moi, j'étais, et je suis toujours, du genre à tout prendre à la rigolade et à aimer défier l'autorité. Cinq me prenait de haut et, en échange, je prenais chacune de ses actions sous le ton de l'humour. Le revoir ici après seize ans, identique à celui qu'il était avant, me replonge dans cette époque. J'ai l'impression d'avoir treize ans de nouveau et d'attendre le moment parfait pour me disputer avec lui. C'est étrange.

Un soupir quitte la barrière de mes lèvres alors que j'observe le petit numéro Cinq se préparer un sandwich. Il s'active comme si tout cela était d'un normal, et je ne peux m'empêcher de le trouver pareil mais à la fois changé.

— On est quel jour ? Demande-t-il, La date exacte, je veux dire.

— On est le 24, lui répond Vanya.

— Quel mois ?

— Mars.

— D'accord...

— Bon, t'as l'intention de parler de ce qu'il vient de se passer ? S'impatiente Luther.

— Tu m'enlèves les mots de la bouche, je lance en tirant sur ma clope.

Sans un mot, Cinq commence à préparer son sandwich, sans même nous adresser un regard. La rage commence doucement à mordre mes tripes, et je me laisse le droit de modifier ses tartines en un journal, me basant sur l'édition de ce matin afin de garder chaque détail. Les sourcils de mon frère se froncent, son regard se tourne vers le mien, et je souris avec défi.

— Très drôle.

Dans un sourire narquois, je surélève mon majeur et souris plus fort pour l'énerver. Mais il ne semble pas réagir, et attrape tout simplement deux nouveaux morceaux de pain. Soudain, Luther se lève de sa chaise, les sourcils si froncés que cela masque ses yeux.

— Ça va faire dix-sept ans, Cinq. 

— Ça fait bien plus longtemps que ça, en fait, réplique-t-il.

Sans s'intéresser à nous, il effectue un saut pour réapparaître derrière Luther et attraper quelques confiseries.

— Ça m'avait pas manqué.

— T'étais où ?

— Dans le futur, répond-t-il en sautant une nouvelle fois pour réapparaître près de ses tartines. C'est la grosse merde, d'ailleurs.

— Je l'avais dis, lance Klaus.

— J'aurais dû écouter notre paternel. Clairement, le saut dans l'espace c'est une chose. Dans le temps, c'est un coup de poker.

Son regard se dirige alors vers Klaus, et je fronce les sourcils en le regardant finir sa préparation.

— Sympa, ta robe.

— Oh, danke.

— Attends, lance alors Vanya en tendant sa main comme pour se faire entendre, comment t'as fais pour revenir ?

— J'ai fini par projeter ma conscience dans une version ultérieure de moi-même, commence-t-il à expliquer. Suspendue dans un état quantique qui existe à tous les instants possibles.

— Ça veut rien dire, commente Diego, les sourcils froncés.

— C'est que t'es pas assez malin.

Vexé dans son ego, Diego se lève virulement, près à en finir au main. Je souris, rêvant de voir ce petit morveux se prendre une correction, mais Luther place son bras en travers pour le retenir, brisant mon petit espoir en quelques secondes.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now