Chapitre 9

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— Putain, je grogne en laissant mon crâne tomber contre mon volant.

Ça fait des heures que je roule sans interruption à la recherche de Klaus. Rien. C'est comme s'il avait complètement disparu des radars. Je suis morte de trouille, putain. Je n'ai aucune idée d'où il peut être, ni même de s'il va bien. Je me sens coupable, parce que j'aurais dû me douter de quelque chose, et j'ai l'impression d'être de nouveau enfermée dans mon isoloir, seule dans le silence, à attendre que ma punition passe.

Soudain, me faisant sursauter, du bruit vient titiller mon oreille. Je relève la tête, surprise, et penche mon regard un peu plus loin. J'écarquille alors les yeux en reconnaissant de suite la silhouette de mon frère, semblant fracasser quelque chose contre un banc. Mes doigts tremblent et je me détache rapidement pour foncer vers lui. 

— Klaus, je crie, rassurée de le trouver en vie.

Sans même me remarquer, Klaus jette ce qu'il tenait dans ses mains et s'écroule contre le sol, pleurnichant comme il le faisait lorsque nous étions enfants. L'espèce de valise explose et je me recule rapidement pour éviter le feu ardent. Mon cœur s'arrache de ma poitrine, et je m'avance vers lui avec douceur, de peur de le brusquer. Ses mains sont couvertes de sang et son visage, de terre.

— Klaus..., je murmure en m'agenouillant à ses côtés.

Il pleure, comme s'il ne m'entendait pas, et je l'aide doucement à se lever. Je fronce les sourcils, mon regard soudainement attiré par l'un de ses tatouages sur son bras. Il ne l'avait pas, avant.

— Allez, viens, je lui souffle gentiment. On rentre à l'académie. Je t'ai cherché partout, tu sais.

Il hoche faiblement la tête, comme absent, et se laisse faire. Je l'aide à s'installer dans le siège passager de ma voiture, perturbée par la douleur qu'il semble ressentir, et vient m'installer sur le siège conducteur. Ses pleurs sont différents de ceux qu'il avait lorsqu'on était gamins. Là, il n'a pas l'air terrifié mais à cran, comme si la douleur mentale était trop grande. 

Lorsque j'arrive à l'académie, je le conduis sans un mot jusque la salle de bain et y fait couler l'eau. Il ne parle pas, comme s'il n'était pas vraiment là, et je me tourne vers lui pour lui offrir un sourire que j'espère être doux.

— Faut que tu te laves, Klaus, tu pues la merde.

— Tu vas rester là ? Me demande-t-il dans une voix brisée.

— Quand on a vu une bite, on les a toutes vues, mec, je lance dans une tentative d'humour. 

Il laisse un sourire lui échapper, fade et sans saveur, et se déshabille doucement. De nouvelles plaquettes militaires viennent décorer son torse, et je fronce les sourcils. Il s'est visiblement passé quelque chose. Quelque chose d'autre qu'un 'simple' kidnapping. 

Doucement, je l'aide à entrer dans la baignoire et éteins l'eau. Un gant à la main, je commence à enlever tout le sang qui macule ses mains et tourne un regard interrogateur vers lui.

— Tu comptes me dire ce qu'il s'est passé ? Je demande.

— Ecoute, Gabriella, souffle-t-il avec douleur. Je sais bien que c'est ton truc, de t'accrocher aux problèmes des autres pour oublier les tiens, mais je ne suis pas d'humeur, là. Alors si tu pourrais simplement te taire et me laisser tranquille, ça serait génial. Tu veux ?

J'écarquille les yeux et un pic douloureux vient se loger dans ma poitrine. Je me recule, comme brûlée, et tente de figer une expression neutre à mon visage pour ne rien en montrer. Klaus, lui, fixe un point invisible devant lui, sans même se rendre compte d'à quel point ses mots me font mal.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Donde viven las historias. Descúbrelo ahora