Chapitre 8

146 12 4
                                        


Une fois arrivée dans la chambre miteuse de Diego, Luther installe notre frère sur le matelas, le laissant se reposer de sa gueule de bois. Je pousse un soupir, sentant le manque monter un peu plus en moi, et étire mes muscles afin d'effacer les désagréables picotements que je ressens. Je fixe alors Cinq, endormi sur ce matelas, et fronce les sourcils tout en me remémorant ses mots sur l'apocalypse.

— C'est marrant, lance alors Diego en s'approchant de nous. Si on ne savait pas qu'il était aussi chiant, on pourrait presque le trouver adorable quand il dort.

Je souris, amusée par sa remarque, et tourne mon regard à la recherche d'un petit remontant. Je suis sobre depuis trop longtemps à mon goût, et mes pensées prennent trop de place. Je ne supporte plus cette sensation, celle de brûler à l'intérieur.

— T'inquiète pas, répond Luther. Il va bien finir par dessaouler et redevenir le jeune homme le plus agréable du monde.

— Oh, que j'ai hâte, j'ironise en m'éloignant, toujours à la recherche de mon butin.

— Je dois découvrir quel lien il a avec ces cinglés avant que quelqu'un d'autre ne soient tués.

— Tout ces trucs qu'il a racontait tout à l'heure... Ça voulait dire quoi à ton avis ?

Soudain, coupant Luther dans sa phrase, un bruit métallique se fait entendre, comme celui de quelqu'un approchant de la porte. Des bruits de pas viennent alors se joindre à la symphonie. Sur mes gardes, je me redresse vivement et observe Diego s'emparer de l'un de ses couteaux tout en avançant vers celle-ci. Il ouvre la porte, prêt à jeter son couteau, quand une voix vient soudainement habiller l'ambiance, criant son mécontentement.

— Tu me lances encore une de tes saloperies de couteau et je te promets que je porte plainte !

Un sourire vient s'étaler sur mon visage devant la mine presque déçue de Diego alors qu'il range son couteau, ouvrant davantage sa porte à notre nouveau venu. Je positionne ma main sur ma hanche, amusée, et fixe l'homme sans un mot.

— Qu'est-ce que tu veux, Al ?

— J'suis pas ta secrétaire.

— J'avais remarqué.

Alors que Diego vient s'avancer vers nous, ledit Al le suit, poursuivant son explicatif concernant la raison de sa venue.

— Y'a une fille qui a appelé pour toi. Elle a dit qu'elle avait besoin de ton aide.

— Quelle fille ?

— J'en sais rien, moi. Un lieutenant. Je crois qu'elle a dit qu'elle s'appelait Batch, ou un truc comme ça...

Soudain, les sourcils de mon frère se froncent et son regard se tourne doucement vers Al. Je fronce à mon tour les sourcils, sentant les emmerdes arriver.

— Patch ? 

L'air le plus intéressé au monde collé sur son visage empli de rides, Al hausse les épaules dans une moue je-m'en-foutiste. 

— Elle a besoin de mon aide, marmonne Diego dans un soudain élan de panique. 

— Elle veut que tu l'as retrouve à ce motel pourri sur Calhoun Street, annonce Al en lui tendant un bout de papier chiffonné.

— C'était quand ?

— Y'a une demie-heure, environ.  

Il a un moment, alors. Et si ce lieutenant avait besoin d'aide, énormément de choses ont pu se passer. L'air soudainement affolé de Diego me pousse à croire qu'il pense la même chose que moi tandis qu'il tourne son regard vers moi et Luther.

— Elle a dit qu'elle avait trouvé ton frère.

J'écarquille les yeux à l'entente de ces mots et tourne mon regard vers Cinq, endormi sur le matelas. Une terrible angoisse vient alors s'imposer en moi, et je tourne un regard terrifié à mes frères.

— Je comprends pas, là, souffle Diego avant d'écarquiller les yeux.

— Klaus, soufflons-nous en même temps.

Rapidement, je tire mes clés de ma poche et fonce vers la sortie, rapidement suivi par Diego. 

— Allez-y, je reste là...

Je ne lui laisse pas finir sa phrase et m'engouffre dans le long couloir menant à la sortie. L'inquiétude et la culpabilité me ronge, je n'ai jamais été aussi rapide pour foncer dans ma voiture.

Putain de merde, Klaus...

— Donne-moi l'adresse, j'ordonne avec inquiétude.

Sans un mot, Diego me tend le bout de papier sur lequel est inscrit l'adresse. Je la rentre dans mon GPS aussi vite que je le peux et démarre en trombe, sans même faire chauffer ma voiture, omettant même d'enlever mon frein à main dans un premier temps.

Ces types masqués se sont attaqués à mon frère et, de ce fait, ils viennent de signer leur arrêt de mort. Je pourrais presque remercier Diego de m'avoir empêcher de boire puisque je me retrouve ainsi en pleine possession de mes pouvoirs, et que je compte bien prendre un malin plaisir à les tuer s'ils ont osé ne toucher qu'à un seul de ses cheveux.

Arrivée sur les lieux, je me gare en quatrième vitesse et laisse Diego s'engouffrer dans l'hôtel tandis que j'éteins le moteur. Rapidement, je matérialise un Glock et cours le rejoindre, mes oreilles bourdonnant de par les battements affolés de mon organe vital.

— Klaus ? Je m'écris en arrivant près de la porte.

Alors que nous arrivons vers celle-ci, l'angoisse me prend les tripes lorsque je l'aperçois grande ouverte. Diego s'avance le premier, et j'écarquille les yeux en y découvrant le corps d'une femme, probablement celui de Patch, étalé dans une marre de sang. Les yeux de Diego s'écarquillent, et il fonce vers celle-ci pour tenter de la réanimer, bien qu'il soit trop tard.

— Non, non, non... 

Mon arme enserré dans ma main, je m'engouffre à l'intérieur à la recherche de Klaus et des coupables. Mon sang bouillonne et ma gorge se serre. Je suis terrifiée. Terrifiée à l'idée que mon frère soit dans le même état.

— Klaus, je l'appelle une nouvelle fois.

Mais il n'est pas là, et c'est tout à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Si jamais il était mort, ces types n'auraient pas prit la peine d'emmener son cadavre. Il l'aurait laissé là, avec celui de Patch. Mais je ne sais pas où il peut être, ni même s'il va bien.

Soudain, mon regard capte les lueurs bleues et rouges bien connues de la police, et je serre les dents. J'attrape le bras de mon frère, le forçant à se lever, et mon cœur rate un battement devant les sanglots qu'il lâche.

— Merde, Diego, on doit y aller.

— Pourquoi tu n'as pas attendu, sanglote-t-il en se laissant faire, à l'instar d'une poupée de chiffon.

Rapidement, pressant son bras pour le forcer à se réveiller, je fonce jusque ma voiture. Il s'y enfonce, sans un mot, et je démarre le moteur tout aussi rapidement.

— Je te ramène chez toi, j'énonce aussi calmement que je le peux. Je dois retrouver Klaus.

Il ne répond pas, et je ne lui demande pas de le faire. Je démarre la voiture et allume la radio de celle-ci, étouffant dans ce silence morbide qui me pétrifie. Diego ne parle pas non plus, sachant pertinemment que je crains le silence, et nous nous enfonçant dans la rue. Je ramène Diego devant chez lui, sans même lui adresser un seul mot, et démarre ma voiture une fois qu'il fut parti. Je ne sais pas quoi dire pour le rassurer ou le faire se sentir mieux. Alors je me tais, parce que c'est ce qu'il y a de mieux à faire.

Je n'ai aucune idée d'où peut être Klaus, ni même s'il va bien. Et ça me fait vraiment peur. Parce qu'il est tout ce que j'ai. Mon frère, mon meilleur ami... Bordel, j'aurais dû remarquer son absence bien plus tôt ! Mais j'ai été tellement absorbée par la mort de maman que je n'ai pensé qu'à ma douleur, et maintenant quelqu'un est mort.

Je me sens mal. Horriblement mal. Et j'ai peur. Bien trop pour le supporter, en fait.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now