Passé
— Séparément, vos aptitudes n'ont rien à voir l'une l'autre, tonne la voix dure de papa tandis qu'il tourne autour de nous à l'instar d'un requin. Mais, ensemble, elles sont le moyen parfait pour vous d'évoluer. Numéro Deux, préparez-vous.
Les sourcils froncés, les muscles crispés, je fixe Diego sans rien laisser transparaître. Droit face à moi, une table seulement nous séparant et l'un de ses couteaux en main, je l'observe mordiller sa lèvre pour la cinquième fois, comme pour cacher son inquiétude.
Il arrive fréquemment que nous nous entraînons ensemble, lui et moi. Ma capacité à modifier les objets du quotidien et la sienne à contrôler la trajectoire de tout ce qu'il lance sont, d'après notre paternel, le meilleur moyen pour chacun de nous de nous améliorer.
J'inspire, concentrant mes forces aussi fort que je le peux, et la voix de papa tonne alors.
— Genou.
À peine ce mot franchit-il les lèvres de papa que Diego lance son couteau en ma direction. La direction varie, descendant vers mon genou droit, et je lève ma main vers celui-ci pour le modifier en un pétale de rose. Plus l'objet que j'imagine est petit, plus il est simple pour moi de le modifier rapidement. Mais, au vu du regard de mon paternel, mon effort n'est pas à la hauteur. Ça ne l'est jamais, en réalité.
— Visez plus grand, numéro Huit. Je veux que l'objet augmente de taille pour chaque couteau lancé, autrement cela ne servirait à rien ! Tête.
Le corps de Diego se fige à l'entente de cette emplacement. Il hésite, je le vois bien, mais je hoche tout de même la tête pour l'inviter à le faire. Je me sens prête, et plus vite cet entraînement s'achèvera, plus vite je pourrais vaquer à mes habitudes. Autrement dit : boire avec Klaus jusqu'à se que je tombe de fatigue.
Il le lance enfin, la lame arrivant rapidement jusque mon crâne, et je la modifie à la dernière minute en quelque chose de beaucoup plus gros, un sac, en l'occurrence.
— Plus vite, ordonne mon père. Ventre.
Notre entraînement se poursuit de plus en plus vite, et papa me demande pour chacune des fois d'augmenter la taille de ce que je modifie. Je me sens rapidement à bout de force, et lorsque la voix de papa se fait une nouvelle fois entendre, je sens que je risque de tourner de l'œil.
— Bras.
Diego lance le couteau et je lève une main tremblante vers celui-ci. Quelques paillettes rosées l'entourent, comme toujours, mais je n'ai plus assez de 'jus'. L'arme fonce vers moi et s'enfonce dans ma chair, m'arrachant un cri de douleur que je n'arrive pas à retenir. Le silence s'abat quelques douloureuses secondes, et je tire sur le couteau pour le retirer, laissant ce liquide chaud et poisseux dégouliner le long de mon bras.
— Gabriella ! Crie Diego en fonçant vers moi.
— Travaillez davantage, numéro Huit, clame papa avec rigidité. Ce genre d'accident ne devrait pas se produire.
Je n'arrive même pas à parler, trop concentrée à retenir les perles salées qui me brûlent les yeux. La douleur vive m'arrache un grognement tandis que j'appuie sur la plaie, et maman vient rapidement vers moi pour m'amener dans notre salle de soin.
— Numéro Deux, veuillez terminer votre entrainement.
Les sourcils froncés, la mâchoire si serrée que j'en ai mal pour lui, Diego coule un regard inquiet vers moi avant de se tourner vers notre paternel.
— C...Ça va a-aller, Gaby, bégaie-t-il en rejoignant notre paternel.
— Ton frère a raison, me rassure maman en déposant un baiser sur ma tempe. Ce n'est pas très profond, ça ira vite.
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
