Chapitre 45

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Je n'ai aucune idée du temps qui s'est écoulé depuis que papa m'a enfermé ici.

Ma peur prend le dessus, je suis incapable de réfléchir correctement. Tout ce que je sais, c'est que j'ai beau frapper, griffer et pleurer, personne ne m'entends... Personne ne m'a jamais entendu.

J'ai peur. Ce silence, cette obscurité, cela me terrifie. J'ai l'impression d'être redevenue cette enfant qui suppliait son papa de lui ouvrir la porte... Sans qu'il ne le fasse jamais.

— Gaby ?

Mes pleurs persistent, brouillant mon audition pour me plonger dans ce silence terrifiant. Recroquevillée sur moi-même, c'est comme si je me retrouvais bloquée, incapable de bouger, de parler, ou d'entendre. Tout est sombre autour de moi, tout est si... Silencieux...

Sortez-moi de là, pitié...

— Bordel, Gaby !

Je suis terrifiée. J'ai peur...

Des bras s'enroulent autour de moi, mais c'est comme si je ne les ressentais pas. Je me sens comme une étrangère dans mon propre corps, incapable de respirer correctement tant mes larmes prennent de l'importance. La panique m'inonde, me submerge, et j'ai l'affreuse sensation de me noyer dans mon propre subconscient.

— Hey... Ecoute moi. Tout va bien... Je suis là...

Le bourdonnement s'atténue, l'obscurité s'estompe lentement. Je papillonne des yeux, prise par l'angoisse qui me déchire les tripes, et mon souffle se coupe douloureusement lorsque je croise ses deux billes verdâtres que je ne pensais plus jamais voir.

— Klaus...? Je réussis à prononcer, la gorge nouée.

Mon grand frère est là, berçant mon corps tremblant et caressant mes cheveux emmêlés. Ses lèvres se pressent contre mon front, sa voix douce me parvient, et mes larmes explosent plus fort encore. Je me jette à son cou, l'enserrant aussi fort que je le peux. Et, lorsqu'il glousse doucement, je reprends peu à peu mes esprits.

— Tu es vivant ! Tu... Tu...

— Eh oui, ma petite salope. Je suis comme l'herpès, je te colle à la peau !

Un gloussement, rauque et déprimant, m'échappe lorsqu'il prononce ces mots, ce surnom que lui seul m'adonne. Je passe mes mains tremblantes sur ses joues, cherchant à m'assurer qu'il s'agisse bien de mon frère, et il me sourit doucement.

— T'es vraiment là, hein ? Je ne rêves pas ?

Je suis pathétique, je le sais bien. Mais Klaus est tout ce que j'ai. Il est mon frère, mon meilleur ami, la seconde partie de mon âme. J'ai besoin de lui si ardemment que, lorsqu'il m'a été enlevé, j'ai cru en mourir... J'ai besoin de mon frère, aussi pathétique soit-il.

Les âmes-sœurs ne sont pas forcément deux amoureux, et Klaus et moi en sont la preuve vivante.

— Non, tu ne rêves pas, me rassure-t-il doucement.

Ses doigts pressent mes joues, essuyant mes larmes, et je ne me rends compte qu'à ce moment-ci d'à quel point je retenais mon souffle. J'inspire profondément, l'esprit en vrac, alors que tout se brise en moi.

— T'avais raison, à propos de papa, soupire-t-il.

D'ordinaire, j'aurais simplement ris en lançant un "je te l'avais dis !" moqueur. Mais là, blottit dans les bras de ce frère que je pensais ne jamais revoir, je me laisse aller, oubliant cette manière que j'ai toujours eu de prendre l'humour comme défense. Là, contre Klaus, je redeviens cette gamine que je n'ai jamais vraiment pu être.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now