Chapitre 7

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Affalée dans mon lit, le corps emmitouflée sous mes couettes, je fixe un point imaginaire, les yeux douloureux par les larmes que j'ai laissé couler une bonne partie de la nuit. À chaque fois que je les ferme,  je revois le corps de maman s'écrouler sur lui-même comme une poupée désarticulée. Je n'arrive pas à me faire à l'idée, encore moins à celle de mentir droit dans les yeux de mes frères et sœurs, en mimant ne rien savoir de cela. Diego et moi avions débranchés notre mère, et ça me fait si mal que j'ai l'impression que je vais en mourir. J'ai l'impression d'être de nouveau enfermée dans mon isoloir, dans le silence et loin de tout, et l'angoisse monte d'un cran alors.

Je ferme les yeux, mais l'image me revient encore, et je sers les poings pour me calmer. J'ai besoin de boire. De boire beaucoup, parce que je ne suis pas sûr de tenir. Alors je me lève, les jambes tremblotantes, et m'avance en traînant des pieds jusqu'au salon. Mais, alors que je m'avance pour quitter ma chambre, une silhouette bien connu me barre la porte et je grogne, mécontente.

— Qu'est-ce que tu me veux, Diego ? Je grommelle, de mauvais poil.

— T'empêcher de te bourrer la gueule.

Je fronce les sourcils, irritée et en manque, et tente d'avancer de force. Le bout de mes doigts tremblent, et je sens que la crise d'angoisse à venir si je ne m'anesthésie pas tout de suite.

— Je peux savoir en quoi ça te regarde ?

Encore une fois, il me barre la route, enroulant ses mains autour de mes épaules pour me pousser dans ma chambre. Les sourcils froncés, Diego referme la porte derrière lui et me secoue, comme pour me réveiller d'un mauvais rêve.

— Putain, Gabriella, c'est pas le moment de tout faire foirer ! Les types d'hier en avaient après Cinq, on doit le retrouver et régler ça.

— Ça sera sans moi.

— Maman est morte, Gabriella ! 

Je sursaute, pas encore habituée à cette affirmation qui me bouffe de l'intérieur, et serre les dents d'un air rageur.

— Ferme-là, Diego...

— Et c'est notre faute ! Poursuit-il sans lâcher mes épaules, Mais ce n'est pas une raison pour te laisser aller et te déchirer la gueule comme tu le faisais gamine quand tu avais peur ! 

Mon poing vole tout seul. Je tremble, trop fort sûrement, et mon coup explose contre sa mâchoire. Surprit, Diego titube de quelques centimètres et porte sa main à sa lèvre, fendue.

— Ferme-là, putain ! T'es qui pour me dire quoi faire ? 

Les sourcils froncés, mon frère m'envoie à son tour un coup de poing en plein visage qui m'arrache un grognement. Cependant, je ne peux qu'affirmer que cela a le don de me remettre les idées en place. Diego a raison et Cinq est sûrement en danger. Les types masqués en avaient assez contre lui pour tenter de tous nous tuer, et nous ne pouvons pas laisser passer cela. La 'Umbrella Academy' n'existe plus, mais nous n'en sommes pas moins une famille et nous devons nous serrer les coudes.

— Merci, je grogne en essuyant le filet de sang qui s'échappe de ma bouche.

J'avance d'un pas, ignorant ses iris sombres accrochés aux miens, et m'arrête devant le seuil de ma porte.

— Je te rejoins, je vais prendre un bain.

— Ne prends pas tout ton temps, ça presse.

Je hoche la tête sans réellement répondre et pars en direction de la salle de bain. 

Une fois prête et l'esprit un peu moins embrumée, je me fis à la voix portante de numéro Deux pour le rejoindre dans la chambre de Cinq. Un soupir quitte mes lèvres lorsque je le découvre, tout près de Luther, à deux doigts d'en venir aux mains. L'air dépité et réprobateur de Pogo m'avançant dans cette idée, je me laisse tomber contre l'entrebâillement de ma porte et les observe avec ce petit air fier qui fait de moi ce que je suis et tout à la fois ce que je ne suis pas.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now