Chapitre 40

94 5 17
                                        

Ce n'est que lorsque le mégot de ma cigarette commence à me brûler les doigts que je pense à la jeter contre les feuilles mortes sous mes pieds. Mon cerveau fulmine, repassant en boucle l'altercation entre Viktor et Allison. Bordel, comment tout a pu si vite partir en couille ? Si vite et si fort...

Je peux comprendre les deux points de vus, aussi fus-je énervée contre ces deux-là, un poil plus contre Allison, je me dois bien de l'avouer. Car oui, aussi lourde soit la souffrance de ma sœur, elle n'a pas à nous en tenir autant rigueur, en usant de ses pouvoirs sur nous et en lançant tant d'horreurs à notre frère. Mais Allison a toujours été comme ça : si elle souffre, le monde entier doit avoir mal avec elle. Ce n'est pas comme ça que ça marche, tant pis si cela blesse l'ego surdimensionné de numéro Trois.

— Ça va aller ? Me demande la voix tendre d'Ange à mes côtés, T'as l'air à deux doigts de l'homicide, là.

J'en sursaute presque, tirée par mes songes trop intenses. Il m'observe, son joli sourire remplacé par un air inquiet que je déteste voir sur son visage. Je n'ai jamais aimé que l'on s'inquiète pour moi et ce n'est pas prêt de changer.

— Oui, je le rassure d'un timbre aussi doux qu'il m'est possible d'offrir. J'ai simplement hâte que cette histoire de Kugel se termine.

— Bordel, moi aussi ! Quand ça sera terminé, nous pourrons parler de sujets plus sensibles, toi et moi...

Son éternel sourire de retour, Ange enroule son bras autour de mes hanches pour m'attirer contre lui. Aussitôt, ma colère s'estompe, et je ne peux quitter ses beaux yeux sombres du regard. Son souffle frappe contre ma peau, ses yeux vont des miens à mes lèvres, et je suis à deux doigts de les prendre une nouvelle fois lorsque ma voix s'élève entre nous.

— Quel genre de sujet ?

— Des trucs bateaux que font les couples. Le mariage, les enfants...

Je me fige légèrement dans ses bras, surprise qu'il puisse aborder un tel sujet. Si tout est différent avec lui, je ne me sens pas prête à me marier, encore moins à être maman ! L'un dans l'autre, je ne suis pas assez préparée psychologiquement pour m'offrir à tant de choses. Je détruirais tout dans la minute.

Le mariage est trop intime pour moi. Quant à avoir des enfants... Bordel, je serais sans doute la pire des mères possibles !

— Pas maintenant, hein ! Me rassure-t-il instantanément, Bon Dieu, je suis trop jeune et beau pour ce genre de conneries ! Mais je ne compte pas me séparer de toi et, si tu penses la même chose, alors il nous faudra bien nous mettre d'accord sur ce genre de sujet...

C'est à ce moment là que je me rends compte que j'avais cessé de respirer. J'expire bruyamment, plongeant mon regard dans le sien, et pose ma main contre son torse pour le repousser avec tendresse, non sans lui sourire pour attendrir davantage mon geste.

— Tu as raison, il faudra qu'on en parle. Si l'on arrête la fin du monde, c'est des sujets que l'on devra prendre en compte.

Mais pas tout de suite, je ne le supporterais pas.

Soudain, attirant mon regard, la silhouette de Luther se rapproche de nous. Il sourit, toujours aussi gêné de me voir si proche de quelqu'un, et nous nous décalons rapidement.

— C'est l'heure ? Demande alors le noiraud.

— Oui mais...

Son regard va de moi aux feuilles mortes, comme s'il hésitait, et je fronce les sourcils, perplexe.

— Mais ?

— J'ai un service à te demander...

J'hausse un sourcil, d'autant plus intriguée par sa demande. Il joue avec ses doigts, baissant le regard comme un enfant que l'on vient de gronder, et je ne peux retenir le ricanement moqueur qui m'échappe. Ange me lance un regard, tout aussi intrigué et, rien ne venant, je m'exclame :

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now