Quelques heures.
C'est à peine le temps qu'il nous reste avant la fin du monde. Mon regard s'accroche à ce décor apocalyptique, aux morceaux de terres volant dans ce ciel orangé et à ce qu'il nous reste d'encore existant et, pourtant, je n'ai pas peur. Après avoir combattu la mort trois fois, j'aurais cru ressentir quelque chose, de la peur ou de la tristesse, mais ce n'est pas le cas. En fait... C'est presque comme si j'étais soulagée. Après tout, je suis heureuse, amoureuse et entourée par ma famille, que pourrais-je demander de plus ? Partir dans ces conditions semblent la meilleure des manières.
Bien sûr, il y a beaucoup de choses que j'aurais aimé faire avant de mourir, comme fonder une famille et avoir un enfant que je chérirais comme on ne m'a jamais aimé, mais... C'est peut-être mieux ainsi. J'aurais été une mère atroce, pour sûr. Trop égoïste, trop instable, pas assez douce.
Mon dos cognant contre le torse imposant d'Ange, je ferme momentanément les yeux pour profiter de son parfum. Ses bras encerclent ma taille, ses doigts se joignent sur mon ventre, et son souffle brûlant caresse délicatement mon cou. Aucun de nous ne parlons, nous nous contentons de fixer le ciel et, pour une fois, ce silence ne m'effraie pas. C'est relaxant, bien loin de la terreur que le silence m'apporte d'ordinaire.
— Ah, vous voilà enfin.
J'ai presque un sursaut en entendant ce timbre de voix. Me sortant brusquement de ma bulle de tranquillité, la voix de Allison me parvient, presque aussi douce qu'elle ne l'était il y a quelques jours, avant notre arrivée ici. D'un seul et même corps, Ange et moi nous tournons vers elle, me laissant le luxe d'observer sa silhouette face à moi. Je fronce immédiatement les sourcils, ma colère me remontant presque aussi vite qu'un ras de marée.
— Qu'est-ce que tu veux ? Je crache.
J'ai essayé de m'excuser, d'enterrer la hache de guerre, et Allison m'a rejeté. Je n'ai jamais été quelqu'un pour qui le "pardon" est quelque chose de facile à dire et le fait que ma propre sœur ait rejeté mon pas vers elle a sacrément touché mon ego. Elle était bien plus coupable que moi, bordel ! Allison avait utilisé son pouvoir sur moi, s'était attaqué à Viktor et s'en était pris à Ange... Un chouette panel à son actif !
— Ecoute..., commence-t-elle d'un timbre hésitant. Je voulais m'excuser. J'ai été une vraie connasse avec toi... Tu mérites autant le bonheur que chacun de nous, Gaby, et je suis contente que Ange puisse te l'apporter.
J'entrouvre la bouche, mais aucun son ne me vient tant ma surprise est grande. Après ce qu'il s'était passé ces derniers jours, j'étais certaine de mourir en étant en guerre avec ma sœur, mais là voilà qui s'excuse d'un seul coup.
Contre moi, la main d'Ange presse doucement mon épaule, comme pour me retenir de foncer dans le tas pour lui arracher la peau du cou, ce que j'aurais bien sûr était tenté de faire si le Kugelblitz ne serait pas là pour se charger de nous dans quelques heures.
— Pourquoi tu t'excuses maintenant ? Je finis par demander.
— T'es ma sœur. Et même si on a eu nos brouilles, je t'aime énormément. Je ne me voyais pas vivre mes derniers instants en étant loin de toi, de vous tous...
Je reste bouche bée quelques instants. C'est totalement inattendu, même venant d'elle, mais j'ai l'impression de retrouver ma Allison, en ce moment, et ça... Rien que ça, c'est suffisant pour faire taire mon ego trop pesant. Nous avons nos différends, et ma sœur m'a bien trop souvent fait sortir de mes gonds. Mais elle est ma grande sœur et, par conséquent, je l'aime plus que tout au monde.
C'est une vraie salope mais, avant toute chose, c'est un membre de ma famille.
Alors je n'hésite pas quand je me décale de la poigne de mon petit ami pour me jeter dans les bras de ma sœur. Elle se crispe, surprise, puis ses bras viennent s'enrouler autour de moi, et je ne peux que me sentir vraiment entière, désormais.
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
